Algérie

1ER SALON NATIONAL DE LA BANDE DESSINÉE À BOUIRA À la découverte du 9e art



1ER SALON NATIONAL DE LA BANDE DESSINÉE À BOUIRA  À la découverte du 9e art
Cette édition qui se déroule jusqu’au 4 avril, inscrite sous le signe de “Dialogues en bulles”, dédiée au caricaturiste Ahmed Haroun, sera ponctuée de diverses activités, notamment des expositions de BD et de mangas ainsi que des projections de films d’animation.

Le coup d’envoi du 1er Salon national de la bande dessinée a été donné hier à la maison de la culture Ali-Zamoum. Cette manifestation artistique et culturelle placée sous le slogan “Dialogue en bulles” est dédiée à l’illustre caricaturiste, dessinateur de presse et dessinateur humoristique Ahmed Haroun, qui a tenu à marquer l’évènement par son humble présence. Ce dernier fut honoré pour son long parcours qui a débuté en 1959, quand il rejoignit l’École supérieure des beaux-arts d’Alger. Ce n’est qu’en 1962 que commença son aventure avec le monde de la presse comme dessinateur pour le compte du quotidien El Moudjahid, où il réalisa plusieurs bandes dessinées ayant comme thèmes “Le baptême du maquis”, “Les frères Barberousse”, “Jugurtha” et “Les mille et une nuits”. En 1967, il collabora avec la maison d’édition Sned pour laquelle il était chargé de concevoir un journal de bande dessinée qui allait être appelé M’Quidech, le personnage culte propre à sa création. Il fut également membre de l’Union nationale des arts plastiques, grâce à laquelle il participa à plusieurs expositions personnelles et collectives, à l’intérieur du pays et à l’étranger. En 1974, le ministre de la Culture d’alors a organisé un concours national de peinture qu’il a remporté haut la main. Il aura de même le 1er prix du 14e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er Novembre 1954. Il fut deux fois primé au festival de la bande dessinée Fibda, et pour laquelle il préside les jurys de cet évènement de niveau international.

Le manga à la sauce algérienne : un régal
Dans le hall de la maison de la culture, une grande exposition de plusieurs œuvres de jeunes talents a été étalée au public et aux amateurs de la bande dessinée. À cet effet, nous avons rencontré Salim Brahimi, directeur des éditions Z-Link, qui ont onze années d’existence (créées en 2007, ces dernières sont considérées comme la première édition algérienne de BD). D’après notre interlocuteur, “à ce jour nous avons accompli 120 articles édités entre Laabstore (revue mensuelle mangas) et d’autres bandes dessinées, en français et en arabe. Nous comptons éditer prochainement également en tamazight”. S’agissant des contraintes professionnelles, Salim, dit Sayan de son nom d’artiste, a tenu à nous avouer que “les difficultés que nous rencontrons sont principalement liées à la chaîne du livre, c’est-à-dire le manque d’un point de vente. Prenez par exemple un père qui désire acheter des livres de bandes dessinées à ses enfants, il lui est difficile de trouver un établissement commercial à cet effet. Il y a aussi très peu d’évènements artistiques de ce genre qui se déroulent, alors qu’il en faut couramment pour atténuer l’autre problème de manque de lecteurs. En tout, la distribution est bancale, et la plupart des bédéistes ne bénéficient pas de formations et dire que nous parlons du 9e art !”.

La BD algérienne dominée par la gent féminine
En tout cas, c’est l’appréciation de Mme Dalila Nedjem, commissaire du Fibda et directrice des éditions Dalimen, présente au salon, qui a tenu à indiquer que “depuis onze ans que le Fibda existe, nous avons remarqué que la dominance dans la proportion d’ouvrages émane des filles plus que des garçons. Peut-être que cette réalité revient à notre mentalité purement algérienne qui fait que les filles ne peuvent s’exprimer oralement eu égard à plusieurs tabous”. Et de renchérir : “Elles le font par contre par leurs travaux éclatants. Nous sommes l’un des rares pays dans le monde arabe, et même dans le monde où la bande dessinée est vraiment investie par les femmes de talent inouï, certaines ont fait partie de tests de travaux menés par une chercheuse américaine. Tout cela ajoute à notre fierté, et nous laisse sortir du lot, faisant ainsi la particularité.” Dans ce cas, qui a dit que nos filles ne peuvent pas ? La preuve, leurs dessins font le tour du monde, selon des professionnels. D’ailleurs, des collections bien de chez nous font le bonheur des férus de la BD, notamment Mangas Comics à Kyoto au Japon, et attisent la curiosité des experts internationaux dans le domaine, et ce n’est pas rien. En somme, l’avenir de la bande dessinée made in DZ est promis à un avenir radieux, malgré les contraintes citées qui sont d’ordre organisationnel, professionnel et technique. Autrement, nous sommes loin de la décennie rouge et noire qui avait cassé cet élan du génie de nos artistes, et qui reprend sa place peu à peu, mais sûrement, afin d’honorer leurs aînés qui ont beaucoup donné pour la profession.

Raconter l’Afrique par l’animation
Pour revenir au Festival national de la bande dessinée qui est à sa première édition, il sera riche en programmes qui se déploieront pendant trois jours consécutifs, et durant lesquels il y aura la projection de documentaires d’animation se rapportant aux histoires pleines de métaphores tirées du passé du continent africain qui regorge de lieux fantastiques et de légendes. Selon les organisateurs, cette première édition vise à promouvoir la culture du 9e art dans toute sa diversité, par le biais des expositions, notamment satiriques, conférences, concours, manifestations artistiques et culturelles, et à valoriser la comédie, les pièces destinées à faire rire, ou le documentaire satirique, en tant que supports adéquats au jeune public. Et il est question surtout de créer des passerelles d’échanges entre les participants et le large public.





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