Algérie

1er novembre 1954-7 octobre 2023 : convergences révolutionnaires



Publié le 01.11.2023 dans le Quotidien Le Soir d’Algérie
Par Mériem Merdaci(*)

Un soixante-neuvième anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance algérienne entaché par les évènements poignants de la Palestine.
Depuis le 7 octobre, nous assistons à une extermination raciale de tout un peuple. La population palestinienne de la bande de Ghaza et par extension de la Cisjordanie vit un véritable apartheid, causé, notamment, par les attaques, les arrestations injustifiées, les liquidations sommaires extra-judiciaires qui n'épargnent aucun Palestinien, des droits de l’Homme bafoués par l’entité sioniste qui s’acharne sur des civils sans défense.
Si les chiffres sont là pour attester à chaque instant du nombre croissant des martyrs, des disparus, des blessés, des sinistrés et des prisonniers depuis le début de la colonisation sioniste et du blocus imposé sur la bande de Ghaza depuis 2007, on y compte plus d’enfants et de femmes parmi les victimes.
Une stratégie bien connue des services sionistes. Eliminer les enfants qu’ils voient comme une future menace pour la stabilité de l’appareil du colonisateur et les femmes, futures mères des militants et combattants pour la libération de la Palestine.
Si les images transmises par les médias qui défendent la cause palestinienne relatent l’atrocité des crimes de guerre commis dans la bande de Ghaza et les attaques et résistances des factions palestiniennes ; nous avons en contre-champ des médias et des canaux de propagande qui roulent pour l’entité sioniste et exécutent l’agenda d’une guerre de quatrième et cinquième génération.
Si ces crimes abominables sont à l’encontre des règles de guerre et ne respectent nullement le droit international érigé par les Nations unies qui traitent de la question palestinienne depuis soixante-quinze ans maintenant, le vote pour un cessez-le-feu, l’ouverture des accès pour acheminer les aides humanitaires à la population ghazaouie était un rude combat dans l’hémicycle de l’ONU qui a duré plus d’une vingtaine de jours mais qui s’est vu balayé d’un revers de manche par les sionistes et leurs alliés.
Si les citoyens de par le monde sortent dans les rues depuis lors pour dénoncer les crimes contre l’humanité, exiger l’arrêt de la guerre contre des civils innocents, scander la libération de la Palestine, la levée du blocus sur la bande de Ghaza, nous avons aussi ces familles israéliennes dont les parents sont les otages des factions palestiniennes qui font appel pour leur libération contre celle des Palestiniens détenus dans les geôles sionistes.
Si la mésentente est bien visible entre les colonisateurs eux-mêmes, les signes de crises internes risqueraient de déstabiliser l’appareil en place en pleine guerre des plus intenses connues par l’une des plus puissantes armées dans le monde et dont les services de renseignement des plus pointus ont été ébranlés par les factions palestiniennes nourries par les désirs de recouvrement de leurs terres spoliées par l'une des pires colonisations de l’Histoire de l’humanité.
Si l’Algérie défend avec acharnement la cause palestinienne parmi les causes justes auxquelles elle tient et qui s’inscrivent parmi ses principes constants, c’est aussi parce qu’elle a connu la colonisation pendant cent trente-deux ans.
Depuis le débarquement de l’armée française sur la côte algérienne, en juin 1830, les Algériens n’ont cessé de défendre leur terre, leur honneur et leur patrie, subissant les pires traitements de torture, de crimes contre l’humanité, de génocides à répétition.
Si ce colonisateur venu spolier les terres, voler les richesses, effacer l’Histoire et les connaissances de tout un peuple en exhibant ses forces, son armée destructrice, ses stratégies de guerre qui n’avaient pas d’égal à cette époque-là ; le peuple algérien avait connu la famine, la politique de la terre brûlée, les enfumages, les vols, les viols, les tortures, l’envoi en exil, les crimes nucléaires,…
Si l’acharnement de la colonisation française pour arriver à ses fins était palpable et avait marqué les Algériens et la mémoire collective jusqu’à nos jours, il se trouvait des résistants, des militants, des moudjahidine – traités par le colonisateur de «terroristes» — qui avaient pour but l’indépendance totale de leur pays.
Si en face d’eux ils avaient des armes de pointe de l’époque, une armée française avec des appelés d’autres nationalités ainsi que des colons et par la suite l'OAS, les Algériens avaient très tôt constitué un rempart, des lignes de défense, et ils étaient persuadés qu’il fallait se battre sur tous les fronts, de différentes manières et sur tous les terrains.
Si la lutte armée déclenchée le 1er novembre 1954 par les militants et dirigeants du Front de libération nationale était celle qui allait mener au recouvrement de la souveraineté nationale, les résistances armées avaient, dès le premier jour, commencé et le mouvement national algérien en était le fondement.
Si leur jeune âge était visible, leur engagement pour la cause nationale et la liquidation du système colonial français étaient indiscutables au point de se sacrifier corps et âme pour l’indépendance de leur pays en ayant à l’esprit la fondation d’un État-Nation pour les générations futures tel que dicté par la proclamation du 1er Novembre 1954.
S’ils étaient de véritables stratèges, ils étaient aussi de grands visionnaires pour le devenir de la population algérienne, pour le traitement de la question algérienne à l’international, pour le renforcement des liens entre Algériens qui auraient la même vision et le même objectif, en dépit des courants politiques tout en respectant les libertés et la charte des Nations unies.
La proclamation du 1er Novembre 1954 était un appel au peuple algérien pour l’unité nationale et est devenue par la suite le socle pour d’autres nations qui s’étaient inspirées de ce texte fondateur et de cette révolution pour mener la leur.
Si un certain 15 novembre 1988 l’illustre Yasser Arafat, paix à son âme, avait annoncé la création de l’État palestinien dont la capitale serait El Qods, il l’avait fait depuis l’Algérie et que le 13 octobre 2022, l’ensemble des factions palestiniennes avaient signé l’accord d’Alger, pacte de leur unité, ils l’avaient fait aussi en Algérie et dans l’enceinte de la même salle du Palais des Nations. C’est dire combien les causes nationales ont des enracinements dans la terre des martyrs.
M. M.
(*) Éditrice et ancienne ministre de la Culture.



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