Algérie

1er Mai, retour sur la baltaguisation de l'économie algérienne Analyse éco : les autres articles


1er Mai, retour sur la baltaguisation de l'économie algérienne Analyse éco : les autres articles
Aux Etats-Unis, la même histoire s'écrirait ainsi : Ottmar Gehryb, un jeune latino-slave de la banlieue de Pasadena, au sud de Los Angeles, se repentit, après un passage en prison, du business underground de Tijuana à la frontière mexicaine pour constuire une des nombreuses légendes du capitalisme américain. Il se lance dans le trading des produits du textile asiatique, devient sponsor des Lakers, le mythique club de basket-ball de la côte Ouest, en achète des actions et en devient le patron dix ans plus tard, visible les soirs de NBA dans la plus belle loge du Stapelton Center, la salle de 15 000 places où évoluent les stars des LAL.
En Algérie, l'histoire est un peu différente. Elle a tenu l'Algérie en haleine depuis le 1er mai dernier. Elle aurait pu être un clin d''il au rêve américain. Partir de rien, atteindre les sommets dans un jeu ouvert où tout est possible. Américain. En Algérie, l'histoire est algérienne. Donc glauque. Omar Ghrib, ancien «groupie» des stars du MCA, bloque la cérémonie de remise des médailles un soir de fête nationale : c'est l'épilogue d'une nationalisation économique qui a tourné à la déconfiture. Et si cette chronique a choisi d'en (re)parler, c'est parce qu'elle a la prétention d'avoir annoncé le désatre en 2012 (Voir Omar Ghrib, la nouvelle croissance externe de Sonatrach), et de pouvoir en décrypter le sens aujourd'hui. Et surtout, l'aptitude de soutenir qu'il ne s'agit pas là d'une bavure isolée, mais bien du mode de management de l'économie en phase terminale de l'ère Bouteflika.
L'actionnariat de la SSPA Le Doyen allait être assumé pour sa majorité par du capital privé. Plusieurs solutions étaient en route au début de l'été 2012 dont la plus sérieuse réunissait des acteurs de la vie économique algérienne autour de la garantie d'un ancien gouverneur de la Banque d'Algérie. C'est exactement le moment qu'a choisi le c'ur noir du système pour décréter le retour du Mouloudia d'Alger sous la tutelle administrative du secteur public. Lorsque les autres clubs ont protesté, la directive s'est, pour faire bonne mesure, élargie à trois autres clubs. Dans les coulisses, la décision a comme nom de code «huile et sucre». C'est à dire mesure d'apaisement de «la colère populaire» avec de la subvention publique. Il est vrai qu'en juin-juillet 2012, une partie de Bab El Oued exigeait le départ de la tête du MCA de l'équipe dirigeante désargentée pour permettre l'arrivée d'un investisseur, comme chez l'USMA, le voisin devenu fortuné avec les frères Haddad. Désordre public.
En réalité, l'Etat veut garder la main sur le MCA, comme sur le transport aérien et maritime, la fourniture d'accès internet, la diffusion radio-télévisée et le secteur bancaire en dehors des Français et des Khalijis, la fourniture du service GPS, la construction des terminaux à conteneurs, etc. Le 1er mai 2013 a révélé au grand jour les turpitudes du contrôle politique de l'économie, poussées à la caricature. Car dans son ingéniérie du contrôle politique, le système est réduit à deux modes : empêcher de faire, ou de faire faire par Sonatrach. Le premier mode entraîne l'Algérie dans les profondeurs des classements planétaires pour une série de commodités. Le second est stratégiquement mortel. Car il éloigne la première compagnie algérienne tous les jours de ses grands métiers de base.
Le football n'en est certainement pas un. La preuve : Abdelhamid Zerguine a reconduit, de fait et sans sourciller, Omar Ghrib à la tête de sa nouvelle acquisition. En allant chercher dans le stock placardisé d'Hydra un improbable président du conseil d'administration de la SSPA. Sans la moindre autorité sur son actif. Ce scénario de l'incompétence sismique, il est reproduit à volonté à chaque fois que Sonatrach s'improvise acteur sur des territoires lointains. Tassili Airlines en est une autre illustration. Il y a encore cinq ans, le plan de développement de Sonatrach était de réaliser 15% de son chiffre d'affaires à l'international.
A Hydra, le top management court après le calendrier des nationalisations que lui impose son actionnaire public. Et ne communique même plus sur le déclin de la production d'hydrocarbures qui se poursuivra en 2013 pour la quatrième année consécutive. L'affaire du 1er mai raconte donc ceci. Il n'y a pas d'histoire américaine en Algérie. Du self made man spontané. Car le capitalisme algérien est toujours une affaire d'agrément. Sous tutelle politique complète. Pour reproduire en plus large le contrôle politique, le système s'égare. Il embauche les baltaguias aux postes de responsabilité. Et se retrouve un beau soir nu sur Maydan Ettahrir, transposé dans un stade d'Alger.
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