Algérie

19e festival international de photojournalisme



Un visa pour l?image Il est quasi impossible de détailler la totalité des sujets exposés tant la qualité fut riche et éclectique. Mais quelques-uns furent particuliers. A commencer par la mémoire photographique de Dirck Halstead couvrant le monde depuis 1957, à la rétrospective de Denis Stock, qui nous plonge dans la période des sixties et des hippies, ou encore le regard pudique d?Eric Hadj décortiquant une banlieue parisienne après les émeutes de 2005. Sans oublier cet exceptionnel tour du globe effectué par Lizzie Sadin, « Mineurs en peines », nous dévoilant le monde carcéral des adolescents, des images fortes, inhumaines mais nous projetant à la face une réalité cachée, celle des traitements infligés à des enfants considérés comme des adultes. Ce reportage lui vaudra le Visa d?or magazine. Les conférences organisées en marge du festival n?ont pas été en reste. Les sujets abordés par les différents intervenants ont permis de mieux appréhender l?actualité politique française et internationale. Avec pour sujets « la crise de la presse et la censure » en effet, l?évolution politique, aussi bien au niveau local qu?international, a soumis la presse à un bouleversement total dans le traitement et la gestion de l?information, comme le souligne le rédacteur en chef de l?Humanité, « en gros, six grands groupes contrôlent l?essentiel de la presse en France, d?où des stratégies d?adaptation liées à des obligations de rentabilité ». Revenant sur l?impératif de rentabilité la photojournaliste, Jane-Evelyn Atwood précise : « Les photojournalistes ne doivent pas se laisser prendre par la facilité de faire des photos pour faire des photos. » Dans la foulée, Scott Thode, directeur adjoint de Fortune Magazine, observe les dérives de la photographie, car des gens qui ne trouvent pas leur voie prennent des photos avec l?espoir qu?on les publie, estimant qu?il y a une paresse de la part des rédacteurs en chef. Reprenant le thème de la rentabilité et de l?indépendance de la presse, le journaliste Paul Moreira, auteur des Nouvelles censures et créateur de 90 minutes sur C+, continue : « La censure actuelle est dangereuse car elle est dissimulée, constatée lors de la campagne électorale. Pour la première fois, on s?est posé la question de la mise en scène de l?événement, de la propagande.. C?est le problème de la presse aujourd?hui ». Lorenzo Virgili, photo-journaliste et administrateur de l?ANJRPC, se pose la question de savoir pourquoi et comment faire un journal aujourd?hui. Reprenant l?éditorial de Jean François Leroy, il continue : « Il ne faut pas avoir peur de l?autocritique, chacun devrait relire la charte déontologique des journalistes et ne pas confondre journalisme et communication, bien que pour les dirigeants des grandes marques, il s?agit de développer des marques. » On découvre donc une nouvelle forme de censure plus pernicieuse et subtile qui consiste à occuper l?espace de l?information en l?inondant de façon continue, ne laissant plus qu?une infime place à une contre-information, qui passerait alors inaperçue. Cette pratique, très usitée par le président Français Nicolas Sarkozy, suscite actuellement des inquiétudes auprès des professionnels de la presse, c?est dans ce sens qu?un appel à été lancé par plusieurs syndicats du monde de l?information sous le slogan « Une information malade, c?est une démocratie en danger ! » Depuis des mois, les coups de boutoir portés à la liberté de la presse sont de plus en plus violents. Rarement l?indépendance des journalistes n?avait été autant bafouée. Rarement, l?un des droits fondamentaux du citoyen, à savoir l?accès à une information honnête, complète, pluraliste et indépendante des pressions politiques, financières et commerciales, n?avait été autant menacé. La situation est grave. Des journaux, des émissions, des postes de journalistes disparaissent. Des restructurations et des plans sociaux se succèdent à un rythme effréné. Les pressions exercées sur les journalistes atteignent des sommets dignes d?une république bananière. Les cas de censure deviennent monnaie courante. Les rédactions sont perquisitionnées au mépris même de la loi. Face à cette situation d?une extrême gravité, les syndicats de journalistes, garants des intérêts moraux et du statut d?une profession indispensable au droit à l?information des citoyens, ont décidé, pour la première fois depuis 15 ans, de se rassembler pour passer à l?action. On découvre subitement, que l?étouffement de la liberté de la presse n?est plus l?apanage des pays sous-développés, mais gangrène les Etats qui jusqu?à présent servaient de références morale et éthique dans le domaine de la démocratie et des droits de l?homme.


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