Depuis 1986 moins de mille greffes rénales ont été réalisées, et la liste d’attente qui était de 3.000 patients en l’an 2000, a plus que doublé en 10 ans (7.000).
L’inadéquation entre l’offre et la demande est totale, malgré des dispositions légales et religieuses très incitatives.
L’accès à la greffe constitue le dernier défi que les néphrologues algériens ont décidé de relever.
La transplantation d’organe et les mesures de prise en charge des personnes souffrant d’insuffisance rénale, tel est l’objectif visé par les travaux du 19e congrès national de néphrologie qui se sont ouverts hier matin à l’hôtel Sheraton en présence de plus de 350 spécialistes nationaux et étrangers. Au cours de cette grande manifestation scientifique, organisée par la Société Algérienne de Néphrologie, Dialyse et Transplantation (SANDT), sous le haut patronage du Président de la République et dont le thème principal tourne autour de la thérapeutique innovante en hémodialyse, dialyse péritonéale et transplantation rénale les participants ont fait appel, à la prise en charge de cette pathologie lourde tout en insistant sur le dépistage précoce des pathologies rénales, notamment chez la population à risque.
Plus de 50 conférences sont programmées durant ce congrès. Elles sont animées sur les différents aspects liés à la néphrologie et la transplantation rénale, à l’instar de l’hémodialyse, et surtout à l’accès à la transplantation rénale.
Dans son allocution d’ouverture, le président de la SANDT s’est félicité de ces assises qui s’étaleront sur deux jours, et qui « ont pour ambition de faire le bilan sur la maladie d’insuffisance rénale et de relancer le programme national de transplantations d’organes ». « Depuis, le scénario s’est fort heureusement largement transformé, d’une part on ne meurt plus d’insuffisance rénale chronique en Algérie, et d’autre part l’offre de soins répond largement à la demande », a-t-il notamment indiqué. Le Pr Rayane n’a pas omis d’insister sur le nombre de centres d’hémodialyses qui a été surmultiplié, passant de 4 en 1980 à 290 en 2011, grâce à une politique volontariste qui a permis une implantation équitable des centres à travers toutes les régions du pays.
Selon le conférencier l’épidémiologie et la pathologie rénale sont mieux cernées depuis la création et le fonctionnement de plusieurs services de néphrologie.
A peine 900 greffes en 30 ans sur une liste d’attente de 7.000 cas
« Un programme sanitaire de prise en charge de l’insuffisance rénale chronique a été progressivement mis en place, basé sur le principe de “non exclusion” et de généralisation des thérapies substitutives », précise-t-il. Côté chiffre, le Pr Rayane indique que cette année, plus de 14.500 patients sont traités par hémodialyse en centres, dont plus de 6.000 dans le secteur libéral, près de 400 patients bénéficient de la dialyse péritonéale, et plus de 1.000 patients vivent avec un greffon fonctionnel (dont plus de 900 ont été transplantés en Algérie). Beaucoup de travail reste cependant à effectuer. Il faut dès maintenant réfléchir à la mise en place d’un registre national de la maladie rénale chronique, ce qui nous permettra de mesurer en termes de prévalence et d’incidence l’impact de cette maladie dans notre pays et de connaître les principales étiologies afin d’apprécier les besoins futurs.
Le président de la SANDT évoque le déficit flagrant accusé en matière de transplantation rénale. « Depuis 1986, moins de mille greffes ont été réalisées, et la liste d’attente qui était de 3.000 patients en l’an 2000, a plus que doublé en 10 ans (7.000 actuellement). Le constat est amer ; il existe une inadéquation flagrante entre l’offre et la demande, malgré des dispositions légales et religieuses très incitatives. L’accès à la greffe constitue le dernier défi que les néphrologues algériens ont décidé de relever.
Les différentes interventions ont été axées sur l'affection rénale qui occupe une place particulière en santé publique, compte tenu de l'augmentation de son incidence ; 100 nouveaux cas/an, et des coûts inhérents à sa prise en charge.
Ainsi, le nombre d'Algériens arrivant au stade terminal de l'insuffisance rénale chronique et nécessitant un traitement par les méthodes de suppléances est estimé à 3.500 patients/an pour une population de 35 millions dont 75% ne sont pas traités. » C'est ce qui a été déclaré par les conférenciers. Ces derniers ont mis en relief l'objectif de ce congrès à savoir la mise à niveau et l'amélioration de la prise en charge des 14.500 insuffisants rénaux chroniques traités par hémodialyse dans les différents centres que compte le pays. Non moins importantes, la sensibilisation et la prévention sont deux vecteurs permettant un dépistage précoce de l'affection rénale et bien sûr une prise en charge à temps. L'ensemble des néphrologues et urologues algériens, aux côtés de leurs pairs étrangers venus d’Arabie saoudite, de Belgique et de France, a donc été sollicité pour prendre part à cet important évènement médical. Les différentes communications présentées durant la journée d’hier, ayant trait aux différentes pathologies ont été largement débattues par les congressistes. Face à leurs confrères de tous les CHU du pays, ils ont été amenés à rétablir une configuration plus équilibrée de cette importante discipline médicale. Durant deux jours donc, les 350 spécialistes nationaux, arabes et européens, dont d'imminents professeurs et chercheurs de renommée auront à défendre des thèses et échanger des expériences. Il s'agissait pour les néphrologues de combler les brèches en matière de sensibilisation et de prévention, de consolider et d'approfondir la communication dans le monde de la néphrologie et la transplantation rénale, une spécialité en butte à plusieurs problèmes.
Sarah SOFI
5 milliards de DA/an pour la prise en charge des insuffisants rénaux
Les séances d'hémodialyse assurées au profit des 6.000 insuffisants rénaux au niveau des cliniques privées conventionnées, coûtent à la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) quelque 5 milliards de dinars par an.
La séance ordinaire d'hémodialyse dans les cliniques privées coûte à la CNAS 1 million de DA/an par malade, et ce outre les frais des repas, de transport, des médicaments et des indemnités".
La CNAS assure la prise en charge de 1.400 insuffisants rénaux à travers le territoire national, dont la moitié subissent une hémodialyse au niveau de 120 cliniques privées, alors que les entreprises publiques assurent la prise en charge des autres malades, au titre du montant forfait hospitalier consacré par la loi de finances.
Cinquante cliniques sur un total de 120 cliniques privées d'hémodialyse, se trouvent à Alger et ses environs, fonctionnant dans leur ensemble à 10 % de leurs capacités, selon les responsables du secteur qui déplorent le fait que plusieurs régions du pays, notamment les hauts plateaux et le Sud, en soient privées.
Ils ont amputé ces dysfonctionnements à la répartition des cliniques privées dans l'ancienne carte sanitaire qui "n'a pas tenu compte de la densité de la population et du nombre d'insuffisants rénaux dans chaque région", affirmant que la CNAS assure "le suivi et la prise en charge des malades à l'échelle nationale". La greffe demeure le seul moyen à même d'atténuer la souffrance des insuffisants rénaux qui subissent 52 séances d'hémodialyse par an, soit 3 séances hebdomadaires. Le don de rein, faut-il le rappeler, se limite toujours aux proches de premier degré, avec en tête la mère avec un taux de 80 %".
Il convient de rappeler que 80 à 100 nouveaux cas d'insuffisance rénale sont enregistrés annuellement pour chaque million d'habitants, le nombre actuel devrait passer de 1.400 à 20.000 cas durant les prochaines années.
Le coût de la greffe d'un seul rein est de 1,5 million de dinars. S. S.
A retenir
Entre 3.000 à 4.500 nouveaux cas d'insuffisance rénale sont enregistrés chaque année en Algérie.
3 millions de personnes souffrent de différentes pathologies rénales en Algérie.
L'Algérie compte 13.500 personnes atteintes d'insuffisance rénale, soit plus de 300 patients traités par million d'habitants.
Environ 6 millions d'Algériens présentent un risque d'atteinte rénale. On compte aussi 1.700 patients qui vivent, actuellement, avec un seul rein transplanté, dont 708 greffés en Algérie.
Investir dans la prévention peut sauver la vie de 100.000 personnes dans le monde annuellement.
Des études montrent que 10% des insuffisances rénales chroniques pourraient être évités et que 30% d'entre elles pourraient être retardées sous réserve d'une prise en charge adaptée.
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Posté Le : 20/12/2011
Posté par : infoalgerie
Source : elmoudjahid.com