Publié le 19.05.2024 dans le quotidien l’Expression
«Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres», a déclaré l'Ugema dans son appel à la grève.
Une journée qui a marqué l’histoire
L'Algérie célèbre le 68e anniversaire de l'appel à la grève des étudiants algériens le 19 mai 1956. L'appel à la grève qui a été lancé par Larbi Ben M'hidi, Amara Rachid et Abane Ramdane, se voulait un véritable sursaut dans le processus révolutionnaire du 1er Novembre 1954 et un saut qualitatif dans la lutte pour la Libération nationale dont l'étudiant jouera un rôle important et déterminant dans l'accélération du combat libérateur.
L'appel était très chargé de sens et de symbolique qui avait trait au sacrifice suprême et l'implication avec force dans la lutte armée contre le système colonial français. Le cours de la guerre de libération que menait l'Armée de Libération nationale (ALN) avait pris une tournure décisive et charnière dans son histoire.
L'engagement des étudiants algériens à travers l'organisation de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), a été d'une grande apport quant à la transformation de la lutte armée en la dotant de cadres qui allaient changer le cours de la révolution. Les étudiants algériens avaient jugé qu'ils étaient un peu «complices» à cause de leur passivité. L'appel qui a été préparé et rédigé le 18 mai 1956 a souligné que «Notre passivité face à la guerre qu'on mène sous nos yeux nous rend complices des accusations ignobles dont notre vaillante Armée nationale est l'objet. La fausse quiétude dans laquelle nous sommes installés ne satisfait plus nos consciences. Notre devoir nous appelle à d'autres tâches plus urgentes, plus coopératives, plus catégoriques, plus glorieuses. Notre devoir nous appelle à la souffrance quotidienne aux côtés de ceux qui luttent et meurent libres face à l'ennemi», lit-on. Les étudiants algériens avaient compris que le combat libérateur ne pouvait se faire sans leur implication et leur détermination à apporter leur contribution révolutionnaire dans la perspective de la libération du pays.
«Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres.» Cette déclaration contenue dans l'appel de l'Ugema, a mis un terme aux «tergiversations» dans certains cercles estudiantins.
C'était la fin des doutes et des hésitations qui étaient alimentés par les médias gagnés à la cause coloniale. D'ailleurs, l'appel était clair sur cette question en rappelant que «Nous observons tous la grève immédiate des cours et examens et pour une durée illimitée. Il faut déserter les bancs de l'université pour le maquis. Il faut rejoindre en masse l'Armée de Libération nationale et son organisme politique le FLN. Étudiants et intellectuels algériens, pour le monde qui nous observe, pour la nation qui nous appelle, pour le destin héroïque de notre pays, serions-nous des renégats?» L'implication des étudiants algériens dans la lutte armée en rejoignant l'ALN avait constitué une phase ultime et très qualitative pour la révolution algérienne qui manquait d'une manière drastique de cadres pour organiser davantage les structures de la révolution et la doter d'une ressource humaine très qualifiée et qui maîtrise les enjeux de la situation qui prévalait à cette époque. L'historien au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran, Dr Amar Mohand-Amer, un spécialiste de cette partie charnière de l'histoire de l'Algérie en armes, avait expliqué que «l'appel du 19 mai 1956 lancé par l'Ugema résumait la justesse de la cause algérienne face au colonialisme français et la maturité et l'engagement de cette jeunesse qui, très rapidement, répond à l'appel du FLN. Cet appel devrait être enseigné dans les lycées et les universités», a-t-il souligné.
Le mouvement de Libération nationale ne pouvait connaître une issue salvatrice pour a révolution algérienne sans l'implication des étudiants algériens dans cette grande épopée de la lutte armée. Les étudiants algériens avaient consenti un lourd sacrifice et ont contribué d'une manière effective à la lutte armée.
Les générations actuelles et futures doivent se ressourcer de ce combat héroïque de leurs aînés qui ont refusé la vie de l'opulence et de mondanité et rejoindre leurs frères de l'Armée de Libération nationale pour arracher l'indépendance nationale du pays.
Hocine NEFFAH
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Posté Le : 19/05/2024
Posté par : rachids