Algérie

18 mois requis contre haddad



«je n'ai falsifié aucun document pour obtenir ce passeport»Les avocats de l'ex-patron des patrons parlent d'un dossier vide évoquant des accusations sans fondement légal.
Il était presque 11 h lundi dernier, quand des sirènes retentissent aux abords du tribunal de Bir Mourad Raïs. Un fourgon de police arrive en trombe, il transportait un homme qui avait baissé la tête pour éviter les caméramans qui accouraient vers lui. Il s'agit de Ali Haddad, l'ex-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) Un quart d'heure après, l'homme d'affaires apparaît dans la salle d'audience. Avec un large sourire, mais des kilos en moins et une mine des plus fatiguées, Ali Haddad salue les membres de sa famille et sa pléiade d'avocats avant de comparaître devant les jeunes magistrats. D'un air des plus menaçants, ils demandent à l'accusé si vous reconnaissez posséder deux passeports. L'homme d'affaires répond sèchement: «oui!». Le juge lui demande alors «vous reconnaissez les accusations'». «Non!», répond-il avec le même sang-froid. «De quel droit possédez-vous deux passeports' C'est interdit par la loi», renchérit le juge. Ali Haddad répond alors: «je n'ai falsifié aucun document pour obtenir ce passeport. Il m'a été délivré par les autorités algériennes compétentes.»
Sellal et Bedoui cités
Il évoque au passage les noms de l'ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal, du Premier ministre actuel Noureddine Bedoui alors ministre de l'Intérieur et son ex-SG à ce poste Elhocine Mazouz. «Ils m'ont aidé à l'obtenir plus rapidement, le deuxième passeport, mais rien n'a été falsifié», insiste Haddad. Le juge tente de reprendre la main. «Comment se fait-il que vous ayez obtenu un passeport sans renouvellement de dossiers' Ce n'est pas de la falsification'», demande-t-il à Haddad, mais aussi à son coaccusé qui, surprise est celui qui devait être témoin contre lui, à savoir Hassen Boualem, directeur des titres et des documents sécurisés au ministère de l'Intérieur. D'un air abattu, ce commissaire divisionnaire à la Sûreté nationale répond sûr de lui. «La loi n'exige pas de renouvellement de dossier pour ceux qui ont déjà un dossier biométrique sauf s'ils veulent insérer des changements. Ça entre dans le cadre de la lutte contre la bureaucratie et cela concerne tous les citoyens algériens», explique-t-il en donnant les arrêtés et notes ministérielles relatives à ces décisions.
«15.000 Algériens ont deux passeports»
Le juge hoche la tête avant de répliquer sur la possession de deux passeports. «Oui, si un citoyen a des visas en cours de validité sur un passeport, mais plus de pages suffisantes sur ce passeport il est de son droit de posséder un deuxième», assure-t-il en argumentant avec la note ministérielle qui concerne cette mesure, qui dit-il, est dicté par les lois de l'aviation internationale. «Vous me dites que Ali Haddad n'est pas le seul citoyen algérien qui possède deux passeports' C'est encore plus grave», dit le juge.
Hassen Boualem: «Votre honneur ils sont plus de 15.000 Algériens dans ce cas et c'est autorisé par la loi.» C'est le moment pour les avocats de la défense, à leur tête Maître Bourayou, de commencer leur plaidoirie. Ils mettent en premier lieu les vices de forme du dossier. «Notre client a été arrêté le 30 mars, mais sur le PV de police est écrit le 31, car à cette date-là il n'était pas encore sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire», affirment-ils. Les avocats soutiennent également que les droits de son client ont été bafoués puisqu'à aucun moment durant sa garde à vue de 72h ils ne lui ont été cités.
«Un dossier vide»
Les chevronnés bâtonniers parlent aussi du type d'affaire qui est traitée et qui selon eux ne nécessite pas une détention provisoire. «Et même dans le cas contraire, les 30 jours réglementaires ont été dépassés», mettent-ils en avant de revenir sur le fond de l'affaire d'accusation de faux et usage de faux. «Comme l'a dit le second accusé, il n'y a aucun faux et usage de faux puisque les renseignements et documents du deuxième passeport sont les mêmes que le premier. Et la possession d'un deuxième passeport est tout à fait légale, sinon il y aurait 18 000 procès ouverts», attestent-ils en rappelant les notes ministérielles et textes de loi tout en insistant sur les déclarations du coaccusé. «Hassen Boualem était témoin, mais quand il a dit la vérité il s'est transformé comme par magie en accusé», dénoncent-ils.
Après une leçon de Khaled Bourayou sur le respect de la déontologie et l'étique de la justice, ses compères réclament la relaxe pour les deux accusés. «Si Haddad a fait des choses hors la loi, il faut présenter les dossiers à la justice. Mais dans cette affaire précise, il est complètement innocent puisque l'affaire en elle-même n'a pas lieu d'être», conclut l'un de ces hommes de loi avant de quitter le tribunal en criant que c'était une affaire politique...
Le procureur de la République a requis 18 mois de prison ferme et 100.000 dinars d'amende. Verdict le 17 juin prochain...


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)