Algérie

16e FESTIVAL DU THEÂTRE EXPERIMENTAL DU CAIRE



L?« être » et le « paraître » en compétition Toute la pièce est basée sur le mouvement sec, tranché. Mouvement et fureur forment la paire dans ce spectacle à recette pessimiste de bout en bout. Echo du Centre national de l'art dramatique du Caire offre en effet peu de sorties à la vie dans son sens large. Les personnages disjonctés s'adonnent à une sorte de tamponnage sans fin et ne cherchent aucunement à éclairer le spectateur. Ils construisent et déconstruisent le monde avec une hargne inouïe sur fond de musique syncopée wagnérienne. La scène est habitée par des tables, de grandes tables nues, sans nappe et sans couleur. Leur fonction indéterminée comme le sont les gestes des jeunes corps de ces comédiens sans bride. Mohamed Chafik, le chorégraphe-metteur en scène, leur a demandé de courir dans tous les sens. Il leur a permis de faire éclater sur scène des pots de yaourt et de débiter des morceaux de viande non cuite. Echo n'a pas de lecture précise ni de prélecture située dans le temps et l'espace. C'est une immense chaîne de malentendus. Un divorce perpétuel avec le temps traditionnel, les repères, la logique telle qu'on nous l'a enseignée et le théâtre tel qu'il est supposé être. C'est une quête de soi qui diffère à chaque fois « l'ici et maintenant ». La troupe roumaine Daya proposera, pour sa part, Les Chaises, d'Eugène Ionesco, le compatriote qui a passé l'essentiel de sa vie d'écrivain et de dramaturge en France, son pays d'adoption, sa patrie de consécration enfin son gisement d'humanité. Daya opte dès le départ pour un humour cynique. Les deux marionnettes sont habillées en noir et blanc. Les clowns qui viendront par la suite seront eux aussi enveloppés dans des couleurs sombres. Le couple parle très peu. Il attend ses invités, rajoute des chaises, écoute des voix venues de l'extérieur, mais rien ne semble bouger. La mise en scène est économe en gestes et en éléments scénographiques. Tout se déroule dans un cercle préalablement délimité par le metteur en scène Chris Simion. Les comédiens dansent comme des automates à des enregistrements. Le vieux et la femme sont pris dans l'engrenage de l'attente. Ils sont en attente de changement de leur attitude de voix aphones muselées dans leur choix de départ, immensément gagnés par la solitude. Daya arrivera à resituer l'ambiance oppressante des « chaises ». L'esprit désabusé de Ionesco est présent. Il est surtout étonnamment actuel. Chris Simion l'a prouvé avec en plus le métier des comédiens. Pas un seul sens de l?œuvre ne leur échappe. Ils étaient convaincus de leur mission. Les invités ne viendront pas. Ils ont d'autre chose à faire. Accompagner la solitude. La comédienne Sonia Mekkiou a été honorée  Prix du meilleur spectacle ex æquo : Bambie, Hollande, Kouloun houn, Liban.  Prix de la meilleure mise en scène : Bambie de Liz Fander Clean (Hollande)  Prix de la meilleure interprétation féminine : Echo, Egypte l'actrice Karima Naït (de nationalité algérienne) (Centre artistique El Hanaguer (Egypte)  Prix de la meilleure interprétation masculine : Kamizni 50 - La nuit de Hilver (Bosnie), l'acteur Irmine Bravo  Prix de la meilleure scénographie : El Ghoul ouel bendir, Théâtre régional de Constantine (Algérie)  Prix du meilleur travail collectif : Excusez-moi monsieur, Irak, de la troupe Atelier du théâtre expérimental.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)