L’algérien est le dernier des consommateurs de l’huile d’olive sur le pourtour méditerranéen avec, en moyenne, 1 litre par an contre 25 litres pour le grec.
L’association pour le développement de l’oléiculture et des industries oléicoles a organisé du 1er au 3 mars, en partenariat avec la Chambre d’agriculture, l’UNPA et la Direction des services agricoles de la wilaya de Béjaïa, la 16e édition de la fête de l’olive à l’école Ben Badis d’Akbou.
«Près d’une centaine d’oléiculteurs et oléifacteurs venus des wilayas de Tizi-Ouzou, Bouira, Tlemcen, Guelma, Skikda et Béjaïa ont répondu présents à ce rendez-vous annuel. La filière oléicole rencontre les mêmes problèmes chaque saison. Même les fonds d’aide de l’Etat encourageant, à titre d’exemple, le greffage et la taille de régénérescence ont été supprimés», affirme Arezki Iskounen, président de l’association organisatrice.
«L’espoir renouvelé de voir les fellahs bénéficier d’un coup de pouce financier à même de leur permettre de travailler les régions accidentées, donc inaccessibles par tracteur, reste pour le moment un vœu pieux. L’absence remarquée des responsables de la wilaya et de l’APW à cet évènement agricole est aussi à déplorer», ajoutera M. Iskounen. Bachir Khodja, représentant de l’entreprise de conditionnement d’huile d’olive Bladi et membre du Conseil oléicole international estime que «le produit oléicole est marginalisé, voire boycotté par les pouvoirs publics».
Pour étayer sa sentence, cet oléiculteur et oleifacteur de Seddouk relève que «14 millions de consommateurs recensés au niveau des établissements de restauration collective publique (cantines scolaires et militaires…) ne goûtent pas l’huile d’olive alors qu’en France, à titre d’exemple, il a été imposé à ces mêmes établissements l’utilisation de 20 % de produits issus de l’agriculture biologique dans leurs préparations quotidiennes».
Le comble pour notre interlocuteur concerne l’inexistence même de marché de l’olive.
«Contrairement aux autres produits du terroir, le produit oléicole se commercialise encore de manière archaïque», poursuit-t-il en regrettant «l’abandon de la traditionnelle consommation de l’huile d’olive telle qu’elle a été pratiquée par nos aïeux. Ceci se répercute sur la santé publique gangrenée par les maladies du siècle et sur la facture des importations de médicaments estimée à 2,5 milliards de dollars».
L’Algérien est, selon lui, le dernier des consommateurs de l’huile d’olive sur le pourtour méditerranéen avec, en moyenne, 1 litre par an contre 25 litres pour le grec.
M. Khodja nous fera remarquer, contrairement aux idées reçues, que l’huile d’olive extra vierge est la mieux indiquée pour les fritures à condition qu’on la fasse chauffer à une température suffisamment élevée (180°).
Il rappellera, «que le chiffre d’affaire d’un milliard de dollars des oléiculteurs de Kabylie peut être largement amélioré et constituer une source de devises importante pour le pays pour peu que l’Etat daigne promouvoir sérieusement la filière».
Pour illustrer le caractère artisanal de la commercialisation de l’huile d’olive, M. Khodja abordera un autre volet relatif à son conditionnement.
«Commander l’emballage, particulièrement la bouteille, n’est pas évident car les fabricants ne sont pas intéressés par les petites quantités dont nous avons seulement besoin».
En attendant que l’Etat se penche sur toutes ces questions, l’oléiculteur continue d’entretenir ses oliviers et en récolter le fruit avec les moyens de bord.
C’est le cas de Rachid Messouaka, propriétaire d’une oliveraie de 6 hectares à Fenaïa (El Kseur): «cette saison le rendement n’est que de 19 litres d’huile d’olive par quintal alors que nous avions l’habitude d’en retirer 23 et plus car il n’a pas beaucoup plu en début de saison. Même s’il n’y a pas de réseau de distribution du produit oléicole, le fellah ne perd pas au change en entretenant ses oliviers dès lors qu’un litre d’huile d’olive coûte aujourd’hui 500 DA».
Arezki Mekhmoukhen, maître tailleur connu et reconnu pour son savoir-faire au niveau national, n’a ménagé aucun effort pour faire bénéficier les oléiculteurs de ses connaissances et expérience en matière de plantation, taille et greffage d’un olivier.
Il nous revient d’El Bayadh où il a prodigué des conseils aux fellahs de cette wilaya.
«Au lieu de replanter un olivier fatigué et attendre dix ans pour cueillir son fruit, je l’ai greffé et il a produit 3 kg d’olives au bout de deux ans», nous fera-t-il remarquer à titre d’exemple.
Un stand où trônent des tronçonneuses, sécateurs et autre matériel nécessaire à sa démonstration lui a été réservé.
Vers la transformation du grignon
Un projet de transformation du grignon est, apprend-on lors de cette fête, retenu. Pour M. Khodja «la valorisation de ces noyaux d’olives se faisait déjà avant l’indépendance. Si le projet se concrétise, on peut récupérer un peu d’huile de grignon, en faire du combustible…».
Actuellement, il poserait, selon ses dires, «un problème pour l’environnement car, en le rejetant en quantité dans la nature, il sature les oueds et l’acidité élevée qu’il génère constitue une source de pollution. Les 45% de grignon qu’on récupère d’un quintal d’olives restent, pour le moment, inexploités».
H. Aït El Djoudi
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Posté Le : 09/04/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © D. R. ; texte: H. Aït El Djoudi