La Méditerranée devient un véritable cimetière des migrants clandestins. Des centaines de personnes, toutes nationalités confondues, y perdent la vie chaque mois, voire chaque semaine. Et le drame se poursuit au vu et au su de la communauté internationale.
Fuyant la misère et les conflits armés dans les pays du Sud, notamment en Afrique subsaharienne, les migrants clandestins deviennent des proies faciles pour «des businessmen» d’un nouveau genre, en l’occurrence les passeurs sans scrupules qui s’enrichissent de la détresse des autres.
Une grande tragédie s’est produite, la semaine dernière près de Malte. Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), citée par des agences de presse, quelque 500 migrants sont portés disparus suite au naufrage de leurs embarcations. Ils auraient été délibérément jetés au large par leurs passeurs, selon des témoignages de deux Palestiniens secourus par un porte-conteneurs panaméen.
Selon les deux Palestiniens secourus, les passeurs ont à plusieurs reprises obligé les clandestins à changer d’embarcation et mercredi dernier, ils leur ont demandé de sauter sur un bateau plus petit et apparemment moins sûr. Lorsque les passagers se sont rebellés, les passeurs, qui se trouvaient sur un autre bateau, ont embouti la poupe de l’embarcation des migrants, qui a coulé.
Les premiers témoignages, recueillis par l’équipage du porte-conteneurs et transmis à la marine maltaise, fait état d’une collision entre deux navires ayant eu lieu mercredi.
Le premier navire transportait 300 à 400 migrants et l’autre 30 personnes. Ce dernier, prenant vraisemblablement l’eau, a tenté de forcer le premier à s’arrêter, et tous deux ont coulé, selon le récit rapporté par la marine maltaise.
Parmi les disparus, toujours selon les deux Palestiniens, il y avait des Syriens, des Palestiniens, des Egyptiens et des Soudanais qui ont pris la mer à partir de Damietta en Egypte.
Pour l’OIM, c’est le «naufrage le plus grave de ces dernières années», d’autant plus qu’il ne s’agirait pas d’un accident mais d’un homicide de masse.
«Neuf autres survivants ont été secourus par des navires grecs ou maltais, mais il semble que tous les autres aient péri», explique Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’OIM en Italie, cité par l’AFP.
Le bilan des naufrages en haute mer ne fait que s’alourdir. Dimanche dernier, des dizaines de clandestins étaient portés disparus suite à un autre naufrage à l’est de Tripoli, en Libye.
Le flux migratoire toujours en hausse
Les statistiques officielles sur le nombre de naufrages ou de personnes secourues confirment que le nombre de candidats à la migration clandestine est en constante augmentation.
La marine italienne a rapporté, lundi dernier, avoir secouru quelque 2.380 personnes au cours du week-end, dans le cadre du vaste programme Mare Nostrum, mis en place après la mort de plus de 400 migrants dans deux naufrages en octobre 2013. Dimanche dernier, au large de la Libye, 36 personnes, dont trois femmes, ont été secourues par la marine, quand leur embarcation a coulé.
Selon le colonel Ayoub Kassem, il y avait «200 personnes ou plus à bord».
«Il y avait un grand nombre de corps qui flottaient. Mais le manque de moyens ne nous a pas permis de repêcher les cadavres, surtout qu’il commençait à faire nuit hier (dimanche soir). Notre priorité était de secourir les survivants», explique-t-il. C’est la Libye qui devient un pays de transit vers les côtes européennes pour des centaines de milliers de migrants.
Réagissant à ce drame, le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, appelle l’ONU à intervenir en Libye pour mettre un terme à «l’anarchie».
«Il y a un besoin évident d’intervention des Nations unies en Libye. Nous croyons en une solution inclusive à l’anarchie en Libye, qui prenne en compte la volonté du peuple libyen exprimée par les urnes, mais qui reconnaisse aussi les réalités sur le terrain», plaide-t-il.
Madjid Makedhi
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Posté Le : 16/09/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © AFP ; texte: Madjid Makedhi
Source : El Watan.com du mardi 16 sept 2014