«160 malades qui nécessitaient un transfert à l'étranger ont été opérés avec succès»

En une année, le service de la neurochirurgie du CHU de Constantine a acquis une dimension nationale en accueillant des malades de toute l'Algérie. Une réputation méritée après l'installation du Pr Lotfi Boublata à la tête de ce service il y a un an, suivie de la prise en charge de l'ensemble des pathologies lourdes neurochirurgicales et des résultats éloquents, avec seulement 1% de taux de mortalité.À 44 ans, Lotfi Boublata est le plus jeune professeur chef de service en Algérie, président du comité pédagogique régional de neurochirurgie Est, secrétaire général de l'Association des neurochirurgiens du Méditerranée Mans et membre du comité exécutif de la Fédération mondiale de neurochirurgie WFNS.
Son ambition est grande, faire du service de neurochirurgie, un centre de formation et de prise en charge pour l'ensemble des malades qui le revendiquent en raison de son expérience.
«Au niveau de notre service, nous n'avons pas interrompu notre activité durant la crise sanitaire, nous avons continué à travailler normalement et il y a même 5 malades testés positifs au Covid-19 qui ont été opérés durant cette période», a-t-il indiqué avant d'ajouter «le service accueille des patients de toute l'Algérie et nous traitons toutes les pathologies de la neurochirurgie telles que les tumeurs de la base du crâne, les neurinomes de l'acoustique et même les malformations vasculaires et les anévrismes».
Avec une moyenne de 10 opérations par semaine, l'équipe du Pr Boublata s'est spécialisée dans la prise en charge des tumeurs chez l'enfant, les tumeurs de la moelle épinière, les tumeurs de la base du crâne ainsi que les tumeurs vasculaires «je suis entouré de jeunes assistants qui relèvent le défi quotidiennement», atteste le chef de service qui étalera son bilan chiffré de l'activité depuis le début de l'année en cours «pour les urgences, depuis le mois de janvier, nous avons pris en charge 13 560 patients reçus dont 316 malades qui ont été opérés.
Quant aux consultations spécialisées, l'on a enregistré 3 697 patients dont 36 opérés». Sur ces 360 opérations, «160 malades présentaient des pathologies lourdes et qui nécessitaient des transferts à l'étranger, ont bénéficié des soins ici au niveau du CHU de Constantine», a expliqué le Pr ajoutant que ces interventions, si elles avaient été faites à l'étranger, auraient coûté entre 30 000 et 100 000 euros.
Face à un tel succès, le jeune professeur souhaiterait renforcer l'enseignement des hospitalo-universitaires dans cette spécialité qui est la neurochirurgie, et que son service soit doté des équipements nécessaires pour faciliter la prise en charge des malades afin d'augmenter les capacités d'accueil.
À noter que le service dispose de 28 lits d'hospitalisation, 5 lits pour les soins intensifs et 2 blocs opératoires. «Nous disposons d'un seul microscope opératoire, un deuxième serait le bienvenu», insista notre interlocuteur.
Cependant, le jeune professeur estimera que la participation de la Cnas, les conventions la liant aux centres d'imagerie, aura certainement une bonne incidence sur le développement et la prise en charge de la pathologie en Algérie.
Selon lui, la neurochirurgie est une spécialité dont le développement impose le recours à des outils diagnostiques indispensables, notamment la tomodensitométrie et l'imagerie par résonance magnétique (IRM), ainsi qu'une équipe d'anesthésistes réanimateurs ayant des compétences dans la prise en charge des affections. «Nous ambitionnons d'équiper notre service avec de la technologie de pointe pour pouvoir arrêter les transferts de malades à l'étranger», a précisé le Pr Boublata avant de conclure : «Mon plus grand souhait serait d'avoir pour la région Est, un établissement hospitalier (EHS) spécialisé en neurochirurgie, qui sera un centre de formation et de développement de cette technologie de pointe.»
Ilhem Tir