Algérie

14e partie



14e partie
Résumé : Wardia raconte sa vie à la bohème. Elle était danseuse de cabaret. Elle avait aidé des femmes à avorter et avait eu elle-même des enfants qu'elle avait abandonnés.Elle se met à laver ses tasses et poursuit :- Mais en attendant, tu devrais gagner ta vie. Moi je n'ai pas les moyens de t'entretenir.- Mais comment le pourrais-je dans mon état '- Eh bien...Elle réfléchit un moment puis lance :- Viens un peu par là.La bohème se lève avec difficulté et vint se planter devant la femme.- Bon, voyons ! Je vais te mettre une fouta autour de ta taille, cela mettra en évidence ta grossesse, et tu devrais cacher tes beaux cheveux. Tiens, prends ce torchon et noue-le sur ta tête. Parfait.Dans cette tenue, cela devrait marcher. Dès demain matin, tu te mettras devant la porte du hammam et tu tendras la main.- Quoi ! Je vais mendier '- Et alors ' Il n'y a pas de sot métier, non ' Ma foi, si tu préfères mourir de faim et de froid, je ne te retiens pas princesse.La bohème se met à réfléchir. Après tout, n'est-elle pas réellement une mendiante ' N'est-elle pas dans le besoin ' Les gens auront pitié d'elle à coup sûr.- D'accord. J'exécute taproposition.- À la bonne heure. Mais attends un peu, je n'ai pas encore fini. La récolte de la journée tu me la remettras. Je saurais comment utiliser cet argent au moment de ton accouchement.- Toute la recette tu veux dire ' Je ne pourrais même pas garder un pourcentage pour moi '- Ecoutez-la donc cette orgueilleuse ! Je t'offre le gîte et le couvert. Paie au moins ça, sois honnête avec toi-même.La bohème réfléchit rapidement. Après tout, dans cette bicoque au moins elle est à l'abri des agressions. Tant pis pour plus tard. Une fois délivrée, elle avisera.Elle hoche la tête consentante.- D'accord. D'accord. Je ne vais pas garder de pourcentage.- Chose conclue alors. Et si quelqu'un te demande ce que tu fais chez moi, tu lui diras que tu es la cousine du bled, venue chercher dutravail.- D'accord, je suis la cousine du bled.- Gare à toi si tu te laisses aller à des confidences. Les femmes aiment jacasser et la patronne finira par apprendre la réalité, ce sera ma fin.- Non, je ne tiens pas à raconter ma vie.- Parfait. Tu n'as d'ailleurs pasintérêt.La matrone se rassoit et se met à éplucher des oignons. Quelques heures plus tard, Ali revint du hammam et, comme prévu, égorgea une vieille poule et prépara des grillades.Ils dînèrent en silence, puis passèrent le reste de la soirée à palabrer et à plaisanter. La bohème se sentit plus ou moins en sécurité. Elle s'endormit épuisée par sa longue journée et ne se réveilla qu'avec les premières lueurs du jour. Wardia était déjà debout et aidait Ali à couper du bois dans la cour.La bohème s'étire, paresse encore un moment sur son matelas, puis se lève et arpente la pièce une main sur les reins. Encore ce dos qui lui faisait mal !(À suivre)Y. H.


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