Algérie

14 milliards de dinars de découvert : L'Etat accorde un sursis à la SNTF



14 milliards de dinars de découvert : L'Etat accorde un sursis à la SNTF
Après l'avoir marginalisé pendant plusieurs années, l'Etat veut sortir le transport ferroviaire du tunnel. Selon le ministre des Transports, l'Etat a décidé d'apporter son soutien financier à la SNTF pour éviter à cette société un dépôt de bilan. Pas moins de 16,6 milliards de dollars seront alloués par l'Etat pour la concrétisation du schéma directeur du plan de développement des transports ferroviaires à l'horizon 2025. Avec ces investissements, le gouvernement espère ramener, à terme, la part du rail dans le transport national de voyageurs de 5% à 20%, à l'horizon 2015, avec près de 80 millions de personnes transportées, selon les prévisions de la SNTF. Amar Tou, ministre des Transports, qui intervenait hier lors d'une journée d'étude sur le chemin de fer organisée par la commission équipement et développement local du Conseil de la nation, s'est voulu rassurant. Il annonce « le gel du découvert de l'entreprise équivalent à 14 milliards de dinars jusqu'à 2013, à condition toutefois qu'elle réalise les objectifs qu'elle s'est fixés ». « L'Etat pourrait même effacer ce découvert, si la société parvenait à réaliser les objectifs qui lui sont assignés », a encore fait savoir M. TouDeuxième bonne nouvelle : « Pour le financement du développement et particulièrement l'acquisition de matériels roulants, l'entreprise bénéficiera de crédits du Fonds national d'investissement à un taux de 1% d'un délai de remboursement de 40 ans et d'un différé de 10 ans.Les intérêts pendant le différé sont pris en charge par l'Etat. La maintenance est aussi prise en charge par l'Etat parce que le rail est une propriété de l'Etat », explique le ministreInterpellé sur la question des prix, le ministre dira : « Les prix de l'autorail sont les mêmes que les trains classiques. Dans tous les pays du monde, il y a une intervention de l'Etat, par exemple par la création d'un fonds spécial. L'Algérie a créé un fonds spécial pour le développement des transports publics, il reçoit des taxes spécifiques et permet à l'Etat d'imposer un prix à un transporteur collectif, mais, s'il lui impose un prix, il faut qu'il lui rembourse la différence »,souligne M. Tou. La SNTF a enregistré un découvert de 14 milliards de dinars et des créances de 1,5 milliard de dinars. Les charges sont estimées à 50 milliards de dinars, la dette d'exploitation à 20 milliards de dinars et les dettes d'aide à l'investissement à 34 milliards de dinars, contre un chiffre d'affaires de 4,4 milliards de dinars. Mourad Benameur, PDG de la SNTF, a affirmé sans la moindre nuance que sa société « est gravement déstructurée financièrement.Le redressement de la société ne pourra se faire qu'à partir de la réhabilitation du matériel roulant ». Actuellement, le parc est constitué pour le fret de 191 locomotives avec un taux de disponibilité de 36% et 10 000 wagons avec un taux de disponibilité de 66%. Pour les voyageurs, il existe 39 locomotives avec un taux de disponibilité de 62% et 427 wagons et 64% de taux de disponibilité. Cette situation est aggravée par les incidents en lignes : « On devrait avoir 2,5 incidents sur 100 km (c'est la norme), mais on enregistre 19 incidents », précise le PDG. La SNTF emploie 10 326 agents et exploite 3500 km. Le déclin du chemin de fer est illustré par la diminution du nombre de voyageurs qui est passé de 54 millions en 1990 (l'année la plus faste) à 25 millions en 2008. Le développement de l'entreprise a été retardée par plusieurs facteurs : les déraillements au nombre de 450 sont expliqués par la vétusté de la voie, notamment celles de Biskra-Touggourt et Mohammadia-Béchar, les jets de pierres (157 cas) avec 51 blessés dont le personnel de conduite de la locomotive, les accidents aux passages à niveau gardés (7 au total) et aux accidents de passages à niveau non gardés (68 cas), entraînant la mort de 11 personnes et causant la blessure de 25 autres et les actes de malveillance au nombre de 512 enregistrés en 2008. De 1962 à 1999, le réseau a perdu 1200 km et les équipements sont devenus obsolètes, diminuant son attractivité auprès des usagers. La SNTF veut franchir une nouvelle étape dans sa stratégie pour faire de ce type de transport l'un des moyens de déplacement les plus importants.Actuellement, l'entreprise est fortement concurrencée par les moyens de transport aérien et routier. L'objectif final visé à travers la modernisation du rail est de mettre à niveau toutes les voies du réseau existant par leur doublement et leur électrification. Parmi les objectifs prioritaires, il s'agit de relancer l'activité et d'accroître les parts de marchés de l'entreprise. Le PDG parle même de « multiplier par 2 le volume du fret et par 3 celui des voyageurs ». Il reconnaît que « le produit offert n'est pas à la hauteur de la demande en termes de confort, de régularité et de sécurité. Dans ce cadre, nous avons lancé un audit de sécurité financé par la Commission européenne. Nous voulons diminuer les temps de parcours : Alger-Oran doit passer de 5 heures à 3 h 20 en 2011, Alger-Constantine de 6h à 3h50 en 2012 et Alger-Annaba de 10h15 à 5h30 en 2012 ». Parmi les projets retenus ou envisagés, on note la création d'une unité d'affaires pouvant évoluer en filiale à 100% SNTF pour la maintenance locomotive avec assistance d'un opérateur de niveau international, la création de la filiale mixte SNTF/CAF (Espagne) pour la maintenance des autorails et d'une société de transport de phosphate SNTF/Ferphos.


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