14 décembre 1994 - 14 décembre 2022 : Le Quotidien d'Oran a 28 ans

Vingt-huit ans dans la vie d'un journal pourraient relever peut-être de la durée dérisoire. Mais le temps a comme nulle autre mesure la particularité du relatif. Nous nous en rendons compte quand s'éteignent les vies de nos proches, nos amis et nos compagnons de route. Le vide qu'ils laissent derrière eux prendra alors les couleurs grises du sidéral pour que la responsabilité qu'ils nous ont léguée devienne trop lourde pour nos frêles épaules.Leur règle d'un or massif refusait d'inscrire Le Quotidien d'Oran dans les travées du temporel pour qu'il s'érige en une institution n'appartenant qu'à ses seuls lecteurs. Bien sûr, comme nous autres, ils ne cultivaient pas des vérités identiques mais il y en avait une plus dense, plus réelle qui nous forçait tous à orienter nos soifs vers l'essentiel. L'intérêt général primait sur le reste pour diluer l'esprit clubiste et nous éloigner des rengaines politiciennes.
Routes escarpées tracées de faits heureux et de traverses meublées de petites et de grandes contraintes. Bon an, mal an, nous nous y adaptons et cette adaptation est le plus fort ressort avec lequel nous tous nous nous armons.
Au bout de ces 28 ans, nous sommes pris par un doute sur la teneur que nous accordons au temps, confondu malencontreusement avec l'existence. Nous constatons aujourd'hui que l'éternité est bien courte et dans nos peines et dans nos joies nous sommes surpris de comprendre que les anniversaires n'ont finalement aucun sens.
Pour Le Quotidien d'Oran, entre ce qu'il a parcouru et ce qui lui est demandé de réaliser s'intercale un monde en permanentes évolutions, les unes bienheureuses, d'autres dramatiques pour imposer des défis pas toujours surmontables. Le journal garde cependant le cap avec la certitude de plus en plus renforcée que malgré leurs différents jugements sur la réalité de l'Algérie et sur celle du monde, les hommes, quoi qu'ils fassent, ont un intérêt commun. Il est dans l'avenir des générations futures.