13es journées de carthage
Quand le cinéma fait son théâtre : un show ! Les comédiens jouent de l?image avant de jouer de leur corps et de leurs regards. La scène ? en l?occurrence les planches du théâtre municipal de Tunis ? n?est que prétexte. Tout est dans le dessin animé car les personnages sont d?abord des personnages de l?image, de la grande photo en mouvement. Le mélange des genres est surtout domination de l??il. L??il prend le pas sur l?oreille, un ?il dirigé sur l?histoire croisée de six jeunes gens qui ne savent pas quoi faire de leur vie. Des jeunes paumés qui se racontent à travers des images sur écran géant, en fond de scène, et des sons et mouvements insufflés à des corps presque désincarnés. On y distille les sentiments de solitude d?aliénation, de quête de soi mais aussi et surtout une profusion sans fin de plans de cinéma. Très vite, le spectateur comprend que le théâtre est prié d?aller se rhabiller. Il est en terrain conquis par l?image cinématographique. Il n?a que peu droit à la parole. A l?expression. Au dialogue. On ne flirte pas avec le cinéma, on fait l?amour ou plutôt on le subit, en profondeur et en double image. Il est vrai qu?ici et là, il existe des repères verbaux théâtralisés, des soliloques tragiques, des retours sur l?art de la parole et de sa matrice l?oralité, des monodrames à l?antique, des complémentarités mises en branle pour dire l?impossible et l?innénarrable et les réalités tronquées, viciées, démagogiques mais rien n?est abouti face à la marâtre des lieux : l?image animée. Le théâtre expérimental, dans ce turbulent « show » syrien écrit et monté par Raghda Chaârani, est plus un choc intempestif des arts qu?une complémentarité métissée, maîtrisée. Nous sommes plus dans le chaos que dans l?appel à l?harmonie même si la danse, un art de l?équilibre par excellence, tente d?adoucir les corps, les musiques et les textes décalés, parce que dès le départ, soumis à l?absolutisme de la caméra. Une caméra qui au fil des minutes n?accepte aucune autre forme scénique si ce n?est la sienne.
Posté Le : 02/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Bouziane Benachour
Source : www.elwatan.com