La 13e rencontre tripartite, gouvernement-UGTA-patronat,
s'est déroulée hier à Djenane El Mitaq,
en présence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et de
quelques-uns des ministres de son gouvernement, du secrétaire général de
l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid
Sidi Said, et des présidents des associations
patronales publiques et privées (UNEP, CIPA, CNPA, CAP, SEVE, CGEA) et, pour la
première fois, du Forum des chefs d'entreprises (FCE).
La particularité de cette rencontre, comme l'a soulignée Ahmed Ouyahia, c'est qu'elle «découle d'une directive de M. le
Président de la République» et qu'elle est «exclusivement consacrée aux voies
et moyens de soutenir le développement de l'entreprise et de promouvoir un
climat plus propice à l'investissement et à l'activité économique». La 13e
Tripartite est également particulière puisqu'elle n'abordera pas les questions
sociales qui seront au menu «d'une réunion plénière de la Tripartite» de
septembre prochain.
Comme à son habitude, Ouyahia a dressé la liste
de mesures «déjà prises» en faveur de l'entreprise. Il a rappelé les décisions
du Conseil des ministres de février dernier, notamment celles concernant les
«allégements» fiscaux accordés, les abattements consentis en matière de
«redevance de location de la concession» pour le volet foncier industriel, et
le renforcement des «mécanismes de garantie» en faveur du financement de l'investissement,
ainsi que le démarrage des activités des «instruments de financement du capital
et de leasing» et la réduction des charges patronales pour encourager les
recrutements des primo demandeurs d'emplois.
En guise d'introduction aux «négociations» qui auront lieu à huis clos, Ahmed
Ouyahia a rappelé aux dirigeants des organisations
patronales que l'Etat a déjà consenti d'importants efforts financiers pour
l'économie.
Le Premier ministre a n'a pas hésité à étaler une panoplie de chiffres, allant
des 3.000 milliards DA (MDA) «injectés annuellement» en commandes publiques aux
1.000 MDA «de subventions publiques et de crédits fortement bonifiés», et aux «52
programmes pluriannuels de financements bancaires pour des investissements d'un
montant total de 718 milliards DA hors hydrocarbures» dont ont bénéficié les
entreprises publiques durant les 14 derniers mois. En plus des 43 projets
d'investissements totalisant 156 MDA engagés par les entreprises privées après
examen du Conseil national de l'investissement (CNI), et des 28
«d'investissements mixtes associant des entreprises algériennes publiques ou
privées et des entreprises étrangères», pour un montant 120 milliards DA.
«Au total, et hors du secteur des hydrocarbures, ce sont donc plus de 1.000
milliards DA qui ont été concrétisés depuis Janvier 2010 dans les
investissements d'entreprises publiques et privées, de secteurs divers, soit
près de 14 milliards de dollars. Cela explique quelque part, le taux de
croissance hors hydrocarbures de 6% réalisé l'année dernière», a déclaré Ouyahia.
Ce qui est loin d'être suffisant puisque, ajoute-t-il, «l'Algérie doit
aller vers davantage d'investissements économiques pour satisfaire sa demande
nationale, créer plus d'emplois, améliorer sa productivité, et augmenter ses
exportations en les diversifiant». Ce qui passe inévitablement par
«l'amélioration de l'environnement de l'investissement». A ce propos, le
Premier ministre a révélé que sur une sollicitation de la Banque Centrale
pour évaluer le climat d'affaire, «la Banque Mondiale a
classé l'Algérie à la 136e position sur 183 pays». «Cela exige donc une
amélioration sérieuse que nous souhaitons réaliser ensemble», a-t-il ajouté, assurant
que le gouvernement «sera à l'écoute» des analyses et des propositions des
organisations patronales, annonçant également qu'il proposera «l'ouverture d'un
chantier commun relatif à l'amélioration du climat des affaires, sur la base
des critères identifiés par la Banque Mondiale».
Les 14 propositions de l'UGTA
Intervenant immédiatement après le Premier ministre, le secrétaire
général de l'UGTA, Sidi Saïd, qui s'est félicité de
la participation du FCE, invitant son président, Réda
Hamiani, a être signataire du Pacte national
économique et social, a présenté quatorze propositions (dont certaines ont été
déjà avancées par d'autres acteurs) de son organisation syndicale pour
«développer l'entreprise algérienne».
Parmi ces propositions, on notera celle relative à la «valorisation et la
promotion de la production nationale» à travers, notamment, la «relance du
crédit à la consommation» destiné à booster la consommation de la production
nationale, mais également la réduction de la TVA sur les produits made in Algeria,
et «l'instauration d'une TVA plus lourde» sur les importations de produits
manufacturés.
Toujours dans le chapitre de «valorisation et la promotion de la
production nationale», l'UGTA suggère «l'aménagement
des conditions de paiement de l'importation de matières premières et intrants
destinés à la production nationale», soit une révision du dispositif de crédit
documentaire, ainsi que la «relance des coopératives de consommation» avec une
version relookée qui ne laisse place qu'aux produits locaux.
Concernant les marchés publics, l'UGTA
préconise de «privilégier l'entreprise algérienne» et de «réduire le recours
systématique à l'appel d'offres international, notamment dans les secteurs où
les entreprises algériennes sont compétentes».
La Centrale syndicale suggère également la mise en place d'un «Observatoire du
commerce» pour arrêter les «dérives» dues notamment à des «situations
monopolistiques dans le secteur privé».
Pour «encourager les exportations hors hydrocarbures», l'UGTA propose de créer un «couloir vert» (un dispositif déjà
annoncé il y a quelques années par la direction générale des Douanes) pour les
producteurs nationaux.
L'UGTA propose également «l'octroi d'avantages significatifs aux porteurs
de projets» destinés à la «substitution aux importations». Elle suggère aussi, en
plus de la «dépénalisation de l'acte de gestion», la création d'une «commission
ad hoc» pour «formuler des propositions concrètes» afin de «lutter contre la
bureaucratie dans tous ses compartiments».
Au titre de la 14e proposition, Sidi Saïd a également invité les
entreprises privées à «s'inscrire davantage dans le processus du dialogue
social (…) en respectant la volonté» des collectifs de travailleurs à
«disposer» de leurs représentations syndicales.
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Posté Le : 29/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Mehdi
Source : www.lequotidien-oran.com