«Si l'objectif est de mettre l'élu à l'abri d'une tentation de corruption, il y a là comme un aveu implicite que l'élu est par définition corruptible.»
Pendant longtemps, les indemnités perçues par les élus locaux des Assemblées communales et de wilayas, sont considérées «modiques».
Est-ce la raison pour laquelle l'Etat vient de les revaloriser' Pourquoi cette soudaine générosité en direction des élus' Dans un décret publié le 9 mars dernier dans le Journal officiel, le gouvernement fixe les conditions de détachement et les indemnités des élus locaux. Pour les élus des Assemblées populaires communales (APC), leurs indemnités sont indexées proportionnellement au nombre d'habitants de leurs communes. Ainsi les nouveaux salaires des maires seront de 77.000 DA pour les communes de moins de 10.000 habitants et 132.000 DA pour les communes de plus de 200.000 habitants, selon le décret. Pour les vice-présidents d'APC, les indemnités oscillent entre 50.000 et 100.000 DA. Pour les membres des Assemblées populaires de wilaya (APW), la rémunération est calculée en fonction du nombre d'élus de chaque assemblée. Les présidents des APW, dont le nombre d'élus est de 35 toucheront 93.000 DA par mois. Celle dont le nombre d'élus est de 43 percevront une indemnité mensuelle égale à 125.000 DA.
Quand le nombre d'élus passe à 47, ce sont 141.000 DA qui seront versés. Pour les APW qui comptent entre 51 et 55 élus, leurs présidents toucheront une indemnité mensuelle de 162.000 DA. Leurs vice-présidents toucheront entre 75.000 et 140.000 DA, selon le nombre d'élus. Dans le cas où l'indemnité prévue par ce texte est inférieure au traitement ou au salaire perçu par l'élu au titre de son poste de travail dans son organisme employeur d'origine, l'indemnité versée «devra correspondre à la rémunération mensuelle prévue dans son emploi d'origine avant son élection». Mais comment les citoyens et les élus eux-mêmes perçoivent ces revalorisation'«Espérons que ces salaires corrects vont aider à en finir avec la corruption de certains élus. Logiquement, un maire qui touche 100.000 DA ne doit plus demander du bakchich», réagit un citoyen dans le tas. «C'est une bonne chose de mettre les élus locaux à l'abri de la précarité en leur offrant des salaires respectables. C'est un gage pour la limitation de la corruption», estime pour sa part un ancien député du RCD. Mais outre le «sou», l'ex-député a souligné l'urgence de se pencher sur d'autres avantages en matière de prérogatives qui seraient de nature à libérer les énergies pour un plus grand engagement au service du développement local. «Cette gestion de la trésorerie de l'Etat faite de largesses en direction des élus, pour la plupart issus de la fraude, laisse penser à une stratégie du pouvoir à entretenir ce qui peut être considéré comme sa seule base sociale», fait remarquer un militant démocrate. «La réflexion et la conception quant à la nature de ces indemnités sont déterminantes quant à ses objectifs», continue à s'interroger notre interlocuteur. «Si l'objectif est de mettre l'élu à l'abri d'une tentation de corruption, il y a là comme un aveu implicite que l'élu est par définition» corruptible». Pire: «On tente de substituer à la corruption du privé celle de l'Etat.» «N'y a-t-il pas d'autres manières de cadrer les responsabilités des élus quant à la gestion de l'argent public'» «Quel message l'Etat envoie à travers de telles décisions' N'est-il pas de nature à susciter, encourager une forme de discrédit à l'égard des élus, par conséquent, disqualifier l'acte d'engagement'» s'interroge encore notre analyste. Ce qui interpelle, c'est la coïncidence de cette décision avec une actualité submergée par les affaires de la corruption. En tout état de cause, pour le citoyen l'urgence est ailleurs. Celle d'améliorer son quotidien.
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Posté Le : 11/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Idir TAZEROUT
Source : www.lexpressiondz.com