La longue cavale a connu son terme
Le criminel serbe, Radovan Karadzic, a été rattrapé par la justice, arrêté lundi par les services secrets serbes.
Insaisissable Karadzic? L’ex-chef politique des Serbes de Bosnie a plutôt bénéficié, tout au long de ces années, de complicités y compris parmi les plus hautes sphères du pouvoir à Belgrade, dominé jusqu’à ces dernières semaines par les ultranationalistes. Mais tout a une fin et Radovan Karadzic a connu la sienne un soir de lundi -du moins selon les affirmations des autorités judiciaires serbes - en étant arrêté dans un bus comme un vulgaire truand. Mais le pedigree de Karadzic est autrement plus chargé que celui d’un minable bandit. L’ex-chef politique des Serbes de Bosnie a été l’un des commanditaires du plus effroyable des crimes commis au XXe siècle, marqué pourtant par tant de génocides et autres crimes contre l’humanité. C’est lui avec son acolyte, le général Ratko Mladic - celui-ci toujours en cavale - qui a commandité l’épuration des musulmans de Bosnie en ordonnant le meurtre de toutes les personnes de sexe masculin (hommes et enfants) de la ville de Srebrenica, aujourd’hui entrée dans l’histoire par le massa-cre, ou génocide, qui s’y est commis.Ce massacre eut lieu entre le 11 et le 16 juillet 1995 en Bosnie-Herzégovine. Ces massacres d’une très grande ampleur, sont considérés comme les pires s’étant commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. On estime généralement à environ 8000 le nombre de disparus. Un peu plus de 2000 corps ont été retrouvés et exhumés dans un charnier près de Srebrenica. Ce sont ces massacres qui ont été qualifiés de «génocide» par la Cour internationale de Justice (Cij), organe spécialisé de l’ONU. Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) institué par la résolution 827 du Conseil de sécurité de l’ONU, le 25 mai 1993, a pour mission de poursuivre et de juger les présumés coupables des graves violations du droit international humanitaire sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis le 1er janvier 1991 conformément aux dispositions de ses statuts. Son siège est fixé à La Haye (Pays-Bas).C’est ce même tribunal qui a jugé l’ex-président yougoslave, Slobodan Milosevic, jusqu’à son décès en 2006. Aussi, l’arrestation de Radovan Karadzic, inculpé de génocide par la justice internationale, relance le processus et redonne sa raison d’être à un TPIY quelque peu en déshérence depuis le décès le Milosevic lors de son procès. Cette arrestation a également, au plan interne à Belgrade, une retombée, plus politique, pour les pro-Européens serbes qui remportent un grand succès sur les influents ultranationalistes qui ne se sont pas trop remués ces dernières années - alors qu’ils étaient au pouvoir - pour retrouver et arrêter le criminel Radovan Karadzic, comme le réclamaient le TPIY et la communauté internationale. Il aura suffi de deux semaines aux pro-Européens qui ont formé récemment un gouvernement, pour relancer la chasse à Karadzic et parvenir à mettre un terme à sa cavale.De fait, cette arrestation rapproche de beaucoup la Serbie d’une éventuelle intégration à l’Union européenne, intégration qui reste l’objectif prioritaire du gouvernement pro-européen de Belgrade. Ainsi, le chef de la diplomatie serbe, Vuk Jeremic, arrivé hier à Bruxelles - pour informer les ministres des Affaires étrangères de l’UE de l’arrestation de Karadzic et évaluer son impact - a déclaré que «La Serbie est sérieuse concernant son avenir dans l’UE». L’arrestation de Radovan Karadzic eut lieu, selon les informations des autorités serbes, lundi, lorsque le fugitif a été cueilli dans un bus par des éléments des services secrets. Karadzic qui se trouverait dans la capitale serbe depuis un mois a été filé par les services secrets jusqu’au moment où il a été appréhendé. Karadzic, selon ces mêmes sources, n’a pas opposé de résistance. L’interrogatoire auquel a été soumis l’ancien fugitif a pris fin hier selon un juge d’instruction, lequel a indiqué qu’un terme a été mis hier à l’audition préliminaire de l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, premier pas pour son extradition vers le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de la Haye, a indiqué, hier, l’agence Beta news. D’autre part, selon l’avocat de Radovan Karadzic, Svetozar Vujakic, cité par la même agence, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie aurait déclaré durant l’entretien «avoir été arrêté vendredi dans un bus» à Belgrade et avoir été depuis «détenu dans une cellule». L’arrestation de Karadzic a, par ailleurs, suscité la satisfaction de la communauté internationale. De l’Europe aux Etats-Unis en passant par l’ONU, c’est un concert de louanges que résume le secrétaire général des Nations unies, Ban Ko-moon, qui a souligné hier: «C’est un moment historique pour les victimes, qui ont attendu 13 ans pour que M.Karadzic soit amené devant la justice» dans un communiqué diffusé par son service de presse. Maintenant, ce n’est plus qu’une question de procédure et de temps pour que l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie soit extradé vers le TPIY où il doit être jugé pour crime de génocide.
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Posté Le : 23/07/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Othmane SIDDIK
Source : www.lexpressiondz.com