Algérie

12e partie



Résumé : Inscrit en CEM, Saâd découvre l'internat et le confort d'un dortoir. Il y a aussi une grande salle de bains et une bibliothèque qui comportait plus de livres qu'il n'en avait jamais vu, et où il pourra passer de longues heures de lecture.
Heureux ' Oui, je l'étais, ma mère avait raison. J'étais doué pour les études et voué à un avenir bien meilleur que celui que me réservait mon père. Pour cela, je fonçais sans relâche dans le savoir, tout en sachant que c'était là le seul moyen pour moi d'arriver à rivaliser avec la vie et à démontrer aux miens ma reconnaissance.
Quatre années passent? Je décroche mon brevet d'enseignement moyen et m'apprêtais à entamer le cycle secondaire. On était déjà en été. Je rentre à la maison, la mort dans l'âme. J'étais habitué maintenant à vivre en ville, et mes retours au bercail n'étaient pas pour m'enchanter. Malgré tout, j'étais toujours heureux de revoir la famille, ma mère surtout, qui s'était dévouée pour moi. C'était elle le pilier de la maison. Si on peut appeler maison, cette bicoque, aux murs lézardés, livrée au vent et à toutes les intempéries saisonnières? Il n'y avait que l'été qui nous arrangeait, car nous pouvions dormir à la belle étoile et vivre au grand air. Je pouvais aussi accompagner mon père pour puiser de l'eau dans des puits situés à quelques encablures de son champ d'action. Il laissait alors son troupeau paître à son aise et me sommait de prendre les deux plus grands jerricans dont nous disposions pour les remplir d'une eau potable et bien fraîche qui nous permettra de nous désaltérer et de nous laver durant quelques jours. En hiver, un camion passait de temps à autre pour nous alimenter de ce précieux liquide que ma mère mettait dans des bouteilles qu'elle déposait dans un coin de la grande chambre qui nous servait de séjour.
Cette année-là, je ne restais qu'un seul mois auprès de ma famille. Le lycée avait ouvert ses portes bien avant la rentrée pour permettre aux nouveaux élèves de s'inscrire et de profiter aussi des cours d'été que quelques étudiants dispensaient gracieusement. Moi je retrouvais la bibliothèque? Ah ! quand je repense à tous ces livres que je décortiquais !
Et puis il y avait aussi ces correspondances que j'entretenais avec des associations étrangères. Grâce à ces échanges, je découvrais qu'à l'extérieur, les gens menaient une vie bien plus agréable. On m'envoyait des cartes postales du monde entier. Les images me fascinaient, et les écrits encore plus? Les adhérents se partageaient des heures de détente en racontant leurs nombreux voyages et surtout leurs aventures. Je recevais donc, de temps à autre, un récit d'escapade, qui me faisait rêver, et j'adorais ces rêves qui me propulsaient dans une autre dimension. Ma mère avait vu juste? L'instruction me permettait de monter dans l'échelle sociale. Grâce à elle, je pouvais parler, écrire, lire, découvrir et forger mon esprit. Du courrier, j'en recevais pratiquement tous les jours au lycée. Le facteur s'était même pris de sympathie pour moi. Nous faisions de temps à autre un brin de causette, et je lui demandais souvent d'acheminer mes missives personnelles vers mon village au cas il ne me trouvait pas au lycée. Mon impatience de découvrir d'autres horizons, ne serait-ce qu'à travers ces liens postaux, devenait intolérable.
(À SUIVRE)
Y. H.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)