Au moins 12 personnes sont mortes, hier matin, dans l'attaque contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo, à Paris, aussitôt dénoncée comme un «attentat terroriste» par le président français, François Hollande, qui indique que «plusieurs attentats terroristes avaient été déjoués ces dernières semaines». Il est 11h30 lorsque deux hommes cagoulés pénètrent, armés d'un lance-roquette et d'une kalachnikov, dans les locaux de l'hebdomadaire satirique, 10 rue Nicolas Appert, dans le XIe arrondissement de Paris, et ouvrent le feu. Selon plusieurs témoins, la fusillade aurait duré une dizaine de minutes et une trentaine de détonations aurait été entendues. Selon un témoignage recueilli sur place par une journaliste du quotidien Libération, les deux hommes auraient d'abord pénétré dans un immeuble voisin, tirant en l'air et demandant comment entrer dans les bureaux de l'hebdo, protégés, rappelons-le, par la police après une série de menaces dont il avait fait l'objet, notamment après avoir publié des caricatures du Prophète Mohamed en 2006.A l'issue d'une réunion de crise à l'Elysée, le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré qu'il y a «trois criminels à l'origine» de l'attaque sanglante. Tout est mis en oeuvre pour «neutraliser le plus rapidement possible les trois criminels qui ont été à l'origine de cet acte barbare», a déclaré le ministre, qui n'a pas apporté de précisions sur le rôle des différentes personnes impliquées.En novembre 2011, son siège avait été détruit dans un incendie criminel, déjà qualifié d'«attentat» à l'époque. En 2013, un jeune homme de 24 ans avait été condamné à de la prison avec sursis pour avoir appelé sur internet à décapiter le directeur de Charlie Hebdo, Charb, également dessinateur, mort lors de cette attaque aux côtés de ses collègues Cabu, Wolinski et Tignous, selon le Figaro. Une attaque qui serait préméditée et planifiée depuis un certain temps puisque les assaillants ont choisi le mercredi, jour de la conférence de rédaction à Charlie, d'où une forte présence de son personnel rédactionnel. Les assaillants ont pris la fuite, au cours de laquelle ils ont tiré sur des policiers. Le bilan provisoire s'élève à douze morts dont deux policiers, l'un d'eux a été abattu à l'intérieur des locaux du journal, et sept blessés dont quatre se trouvant dans une situation d'«urgence absolue». Selon un journaliste de I-Télé, dont les locaux sont situés près de ceux de Charlie Hebdo, les hommes auraient crié «Allahou Akbar». Des témoins cités de source policière affirment que les tireurs ont crié «nous avons vengé le prophète!». Un autre témoignage cite «un échange de feu avec les forces de l'ordre». En quittant les lieux, les deux agresseurs ont blessé par balle un policier avant de braquer un automobiliste dans le nord-est de Paris et percuté un piéton. Vers 11h45, dans le XIXe arrondissement, la course-poursuite entre la police et les tueurs présumés s'achève au bout de la petite rue Sadi-Lecointe devant le 45, rue de Meaux. La Citroën noire immatriculée CW 518 XV de grosse cylindrée s'encastre dans un plot, lunette arrière et vitre conducteur brisées, dans un fracas qui a résonné dans tout le quartier. Un autre témoin de la scène raconte : «Deux hommes en noir cagoulés sont sortis de la Citroën qui a tapé dans le plot avec des kalachnikovs et sont montés dans une autre voiture». Les auteurs présumés de la fusillade étaient toujours en fuite vers 13 heures, selon des sources policières.Sitôt l'attentat commis, le Premier ministre, Manuel Valls, a décidé de relever le plan Vigipirate au niveau «alerte attentat», le niveau le plus élevé, sur «l'ensemble de la région Ile-de-France». Ainsi, «Organes de presse, grands magasins, lieux de culte et transports» sont placés sous «protection renforcée», a annoncé Matignon. La sécurité a été aussi renforcée au sein de la maison d'édition Flammarion, éditrice du dernier roman controversé de Michel Houellebecq, «Soumission», et qui a été à la une du dernier numéro de Charlie Hebdo, paru hier. «Les prédictions du mage Houellebecq : en 2015 je perds mes dents... En 2022, je fais Ramadan !», fait dire à un Houellebecq caricaturé le dernier numéro de l'hebdomadaire satirique. La classe politique française, les capitales du monde ainsi que les associations religieuses ont été unanimes à dénoncer cette attaque. La fusillade dans les bureaux de Charlie Hebdo n'est pas un cas isolé puisque le 18 novembre 2013, Abelhakim Dekhar, ancien des milieux de l'ultra-gauche âgé de 48 ans au moment des faits, a fait feu dans le hall d'entrée du journal Libération, blessant grièvement un jeune assistant photographe. Trois jours auparavant, le tireur s'en était pris à BFMTV où il avait menacé un rédacteur en chef.
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Posté Le : 08/01/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com