Algérie

12 familles relogées



12 familles relogées
À seulement deux jours du début du mois de jeûne, elles seront réveillées par le ronronnement des camions et des engins de démolitions ramenés en grand renfort par la mairie de Mostaganem et la DTP. Il était tout juste huit heures du matin et la paisible cité de Salamandre vivait les derniers bruissements d'un été éprouvant. Mais contrairement aux habitudes, combien même il y aura deux exceptions dont nous parlerons plus loin, il y avait une certaine sérénité qui enveloppait ce vieux quartier de la cité côtière qui borde le site du nouveau port de pêche. Situées sur le tracé de la route qui doit desservir cette structure portuaire en perpétuelle construction, les vieilles maisons dont certaines tombaient en lambeaux abritaient dans des conditions insupportables plusieurs familles totalement démunies.Même l'ancienne école qui date certainement du 19ème siècle et qui se composait uniquement de 2 classes, n'avait pas été épargnée par des squatters venus de nulle part à la recherche d'un éphémère abris. Lorsque l'on se donne la peine de jeter un coup d''il même furtif à l'intérieur, on ne peut qu'être abasourdis par l'indigence des lieux. Mais le plus frappant est certainement l'extrême application mise par les occupants à ranger leurs affaires avec autant de soins. Comme s'ils partaient pour un lointain voyage, certains n'auront pas hésité à confectionner des colis avec soins.Évaluation contestéeAlors que des meubles ayant apparemment servis à plusieurs générations étaient délicatement démontés, les affaires personnelles seront méticuleusement rangées dans des paquets recouverts de plastiques noirs, comme si ces citoyens cherchaient à cacher leur insoutenable indigence. Juchés sur des camions à benne réquisitionnés pour les besoins de la cause, des employés de la DTP de Mostaganem s'affairaient à ranger avec délicatesse les colis que leur passaient avec empressement les heureux propriétaires.Alors que le maire de Mostaganem suivait avec attention l'opération, des employés de l'ADE et de la Sonelgaz coupaient l'eau et l'électricité et récupéraient leurs compteurs. Malheureusement, cette ambiance de fête aura été fortement contrariée par les membres de la famille Zatla, dont Ali, le père, septuagénaire, s'évertuait à faire valoir auprès du chef de daïra un jugement d'annulation de l'arrêté de démolition, émanant du Conseil d'Etat. Car contrairement à ses voisins, totalement sinistrés, lui et sa famille composée de 7 personnes disposent d'un titre de propriété sur leur demeure de deux niveaux, bâtie à deux doigts de la mer.Ayant contesté l'évaluation établie par le service des domaines ' estimant sa maison à 99 millions de Cts-, il aura esté en justice l'administration et l'affaire serait encore en cours. Lui-même nous assurera avoir fait établir une contre expertise qui aura évalué sa bâtisse à hauteur de 700 millions de Cts. Il ajoutera qu'un expert judiciaire, agissant pour le compte de la chancellerie, aurait de son côté réalisé une expertise à hauteur de 600 millions de Cts.Une somme qu'il dit accepter tout en espérant que le jugement qui pourrait être prononcé à l'audience du 25 octobre prochain s'en tienne aux conclusions de cette expertise judiciaire. Ses voisins mitoyens ne sont guère mieux lotis. Cette famille, dont le père émarge au barreau, n'aurait même pas fait l'objet d'un recensement de la part des commissions d'enquêtes successives. Ce qui explique les réticences de l'administration à leur reconnaître le statut d'occupants.Une situation qui les exclue de fait du dédommagement et surtout du relogement. Alors que les camions prenaient la direction de la cité Chemmouma, où les 12 familles auront été relogées, les fils de cet avocat tentaient de convaincre les responsables de leur statut d'occupants, apparemment sans grand succès.


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