11 centres d'enfûtage à l'arrêt

Depuis plus d'une semaine, onze unités privées d'enfûtage de gaz butane sont à l'arrêt, apprend-on des concernés.
Et pour cause, révèle l'Association du gaz et des produits pétroliers (AGPP), Naftal a décidé unilatéralement et sans consultation préalable de suspendre l'approvisionnement de gaz en vrac aux centres enfûteurs privés.
Depuis l'arrêt de l'activité des centres d'enfûtage, un déficit de 80 000 bouteilles de gaz/jour est enregistré représentant 35% des besoins nationaux. Ce qui a pénalisé les citoyens dont les domiciles ne sont pas raccordés au réseau de distribution du gaz de ville. Dans une correspondance adressée au PDG de Naftal et au président de l'Agence de régulation des hydrocarbures (ARH), N. Ziani le président de l'AGPP, le confirme : «J'attire votre attention sur la situation gravissime que vivent les opérateurs privés d'enfûtage de gaz butane suite à la décision unilatérale prise par Naftal de suspendre l'approvisionnement de gaz en vrac (GPL) aux centres enfûteurs privés.» Ce conflit entre les deux parties remonte à janvier 2012 au lendemain de la fin de validité de la convention entre Naftal et les enfûteurs privés.
Un nouveau système mis en place par Naftal faisant des centres enfûteurs privés de simples prestataires de services alors qu'ils ont la qualité de producteur au même titre que la compagnie nationale a déclenché la crise. En effet, l'AGPP rappelle à ses destinataires que «l'agrément délivré aux opérateurs privés consiste en l'enfûtage de gaz butane et que cela suppose une activité de production par l'achat en vrac du gaz GPL, sa mise en bouteille et enfin la vente directe à des clients via notre réseau de distribution». Le président de l'AGPP ne s'est pas arrêté là. Enumérant les raisons de ce désaccord, il n'a pas hésité à critiquer le contenu de la nouvelle convention que Naftal a établie et exige l'application de ses clauses.
«Le système de facturation préconisé par Naftal présente l'inconvénient d'une redondance préjudiciable pour toutes les parties dans la mesure où la double facturation d'un même produit ne fera qu'augmenter inutilement les taxes, notamment la TAP et la TVA. C'est-à-dire cela permet à Naftal de facturer aux opérateurs privés l'enfûtage au prix de 161,50 DA TTC la bouteille. En contrepartie, les opérateurs privés facturent à leur tour la même bouteille à Naftal au prix de 64 DA en TTC. Ce qui ne fait que gonfler artificiellement les chiffres d'affaires de part et d'autre avec la double taxation. Par ce système, la situation financière des centres enfûteurs se trouvera complètement déséquilibrée», estime le représentant des enfûteurs privés. En revanche, ces derniers proposent de revenir à l'ancien système portant sur l'approvisionnement de gaz en vrac auprès de Sonatrach, et Naftal procède à la facturation de la location de ses bouteilles après un accord sur le prix.
«Naftal a proposé la location de ses bouteilles à raison de 45,30 DA TTC, soit une augmentation de 111% par rapport au prix initial de 21,50 DA. En contrepartie, les opérateurs privés proposent un prix de 30 DA en TTC, soit une augmentation de 40 %. Ce qui reste raisonnable. Enfin, les opérateurs privés s'engagent à payer le GPL vrac enlevé à ce jour auprès de Naftal et s'acquitter de la location de la bouteille une fois le prix convenu», écrit le président de l'AGPP qui souhaite, en conclusion, la fin des discriminations privilégiant Naftal au détriment des opérateurs privés alors que les deux parties sont soumises aux mêmes contraintes de service public. Dimanche dernier, les membres de l'AGPP et les représentants de Naftal ont tenu une réunion dont l'objet est le nouveau contrat de processing.
Au terme de cette rencontre, les enfûteurs privés ont refusé d'y adhérer même si Naftal refuse toujours de les approvisionner en vrac en GPL.