Algérie

100 mois de solitude



Ce ne doit pas être facile à vivre quand on souhaite votre mort. C'est le cas du Président qui, à chaque fois qu'il revient de ses nombreux séjours médicaux à l'étranger, beaucoup sont déçus qu'il soit vivant après que durant son absence, de nombreuses rumeurs l'ont annoncé mort, de sources sûres bien sûr.Si on était à sa place, on serait très triste de savoir qu'un nombre important de ses concitoyens seraient heureux de sa mort et, dans sa profonde solitude du coureur de fond, on pourrait avoir de l'empathie pour lui s'il n'était pas aussi antipathique. Mais peut-on se réjouir de la mort de quelqu'un ' Non, ce n'est pas moral, pas plus que de souhaiter un coup d'Etat militaire, réflexe collectif de type psychiatrique qui mixe la haine, la violence et la revanche. Mais en même temps, il semble qu'il ne quittera le fauteuil présidentiel qu'à sa mort, voire après, et la seule solution pour changer d'ère est la mort de l'empereur, ce qui expliquerait qu'au-delà du souhait de la mort du Président, on cherche en réalité à faire revivre le pays.
Ce qui est finalement lié au mystère de sa santé, aussi épais que le dossier des archives de la guerre d'indépendance, «maintenu en vie artificiellement» pour l'ex-DGSE français, «otage malade et consentant» pour l'opposition algérienne. Ce qui explique qu'il ne se soigne pas en Algérie, où rien ne peut se cacher, ce qui explique l'état de délabrement des hôpitaux, ce qui explique finalement que d'après le président du RCD, le ministre algérien de la Santé lui-même aurait envoyé sa femme en France pour accoucher, simple formalité qui aurait pu se faire ici. Est-ce moral '
Non plus, même du point de vue de la survie, seul compte le résultat : vivre. Récemment d'ailleurs, quand on a demandé à une femme venant d'accoucher péniblement dans l'un des glorieux hôpitaux du pays quel serait le prénom de son bébé, elle a répondu «Bouteflika». Quand on lui a demandé pourquoi, elle a simplement expliqué «bach ma imoutlich». Pour qu'il vive.


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