Sous la bannière politique et militaire des Etats-Unis, l'OTAN compte
assainir en Afghanistan, une situation dans laquelle ils se sont tous les deux
embourbés depuis sept longues années. L'Amérique de Bush avait décidé de déployer
des troupes en Afghanistan au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Les
autres alliés les ont renforcé en 2003 en pensant qu'ils allaient battre les
talibans en l'espace d'une saison. L'OTAN avait appelé à l'époque son
intervention en Afghanistan « l'offensive du printemps ». Sept printemps sont
déjà passés et la situation s'est davantage compliquée dans un pays où des
centaines de vies humaines disparaissent quotidiennement sous le fallacieux
prétexte de « dégâts collatéraux » causés par les troupes atlantistes.
Le SG de l'OTAN regrettera,
mercredi dernier à Bruxelles, la mort de civils mais, dira-t-il sans complexe,
« il ne faut pas oublier que ce sont les talibans qui en sont responsables. Ils
s'infiltrent au sein des populations... » Les Etats-Unis ont déployé à ce jour
71.000 soldats qu'ils veulent renforcer dès début 2010 par 30.000 autres.
L'OTAN en compte actuellement 38.000 et pense en rajouter plus de 5.000 en
comptant d'ores et déjà avec 1.000 soldats italiens et 500 autres britanniques.
L'armée afghane a à ce jour 94.000 soldats sur le terrain et compte arriver à
140.000 en plus de la police qui a déployé 93.000 agents. Ces armées colossales
se sont organisées pour combattre les talibans dont le nombre est estimé par
les Occidentaux à près de 25.000... Jean-François Bureau, l'assistant du SG de
l'OTAN, a déclaré peut-être sans faire trop attention que 25% des Afghans que
les pays atlantistes forment pour assurer la sécurité de leur pays,
disparaissent dans la nature. « Avec ou sans armes, ils partent on ne sait où
», a-t-il ajouté. Un responsable militaire a, pour sa part, déclaré jeudi
dernier lors d'une conférence de presse que « nous enregistrons la disparition
de 1 à 2% par an d'hommes que nous formons en Afghanistan ». « Nous sommes en
Afghanistan depuis 6 ans, peut-on parler déjà d'échec ? Je n'en sais rien ! »,
a encore lâché Jean-François Bureau lors d'un déjeuner-débat organisé aux
journalistes des pays du DM et de l'ICI, mercredi dernier au siège de l'OTAN. «
Existe-t-il une autre stratégie que celle de renforcer les troupes ? » interroge-t-il
pour répondre « personne n'en a d'autre ! » Il pense surtout que par le
développement économique et social que les organisations internationales vont
entreprendre, les populations afghanes seront mises en confiance. Pour lui, une
solution politique locale existe. « Evidemment qu'il faut qu'il y ait un
dialogue politique ! La situation est intenable ! », s'est-il exclamé. Il est
clair que le bourbier afghan enferme les Occidentaux dans un cercle vicieux.
Bureau corrige « espérons que le cercle devienne virtuel ! » Il souhaite que le
nombre de pays arabes qui aident la communauté internationale en Afghanistan
dans son action de développement ou sécuritaire augmente. « Par exemple,
l'Arabie Saoudite est riche, elle peut aider », estime-t-il. Avant lui, Maurits
Jochems, assistant du SG, a estimé que « nos amis arabes comprennent beaucoup
mieux que nous les particularités culturelles des Afghans, donc, il est
important qu'ils manifestent leur intérêt pour participer à la guerre contre
les talibans et contre El-Qaïda ». Interrogé sur ce qui est advenu de Ben
Laden, Bureau a déclaré « c'est un secret qui est très bien gardé ». Durant
leurs réunions de jeudi et vendredi en présence du MAE afghan, les ministres
des Affaires étrangères des pays membres de l'OTAN ont discuté sur les
nouvelles opérations militaires que les soldats de leurs pays respectifs
doivent mener en Afghanistan conformément à une stratégie que leurs Etats
qualifient de « toute à fait nouvelle et de très importante ».
«On ne va pas échouer»
Ceci, même si des responsables au
quartier général de l'Alliance à Bruxelles comme Petr Lunak avouent que « les
forces étrangères sont perçues comme étant des occupants ». Sa collègue, Carmen
Romero, a tenté de persuader les journalistes de la nécessité de ce
redéploiement atlantiste. « On ne va pas échouer parce que pour cette fois, la
stratégie de l'OTAN place les populations afghanes au centre de ses intérêts en
plus de la formation des services de sécurité et leur soutien en argent et en
équipements », a-t-elle affirmé. « Une bonne gouvernance est le meilleur moyen
d'asphyxier les talibans. Compte tenu de tout ce que nous avons engagé dans
cette mission, nous avons le droit d'insister sur ce point », a déclaré
mercredi dernier Rasmussen. Romero comme tout l'OTAN pense que la réunion de
Londres en janvier prochain et à laquelle les responsables afghans vont
participer, tranchera la question du renforcement des troupes et permettre,
selon le SG de l'Alliance, « de passer un nouveau contrat entre le gouvernement
afghan et la communauté internationale ». Les pays atlantistes sont tous dans
un état d'anxiété, de fébrilité et de stress qui montrent qu'ils ont fait
jusqu'à ce jour incontestablement tout faux. L'échec des Occidentaux dans le
règlement du conflit afghan est patent. Mais à Bruxelles et à Washington, il
n'est pas permis de le reconnaître. « L'Afghanistan et l'Irak nous obligent à
une prise de conscience des limites des moyens déployés. La technologie ne
règle pas tout », nous a dit en marge d'une rencontre avec la presse, le
général de division Georges Lebel, un des membres chargé de la coordination des
actions militaires de l'OTAN.
Rasmussen avouera quand même
jeudi dernier à l'ouverture de la réunion des MAE que « les forces
internationales comme les forces afghanes ont eu à déplorer de nombreuses
pertes. Et le processus politique en Afghanistan n'a pas répondu à nos
attentes, ni à celles du peuple afghan. » La réélection de Karzaï par un
forcing des alliés notamment des Américains et sa collaboration étroite avec un
gouvernement corrompu de l'avis même des Afghans complaisent parfaitement à la
nouvelle entreprise atlantiste de guerre dans ces terres meurtries.
Les MAE ont aussi examiné
l'adhésion de la Géorgie et l'Ukraine qui ont été admises par le sommet de
Bucarest de 2008 à devenir membres de l'Alliance. « Ils le deviendront quand
ils respecteront les normes et s'ils le souhaitent », a déclaré le SG. Les deux
pays ont été destinataires de plans d'actions pour l'adhésion (MAP).
Le Monténégro et la
Bosnie-Herzégovine ont aussi introduit une demande de participation à ces «
tests » d'admission. « Les nouveaux membres de l'OTAN doivent devenir non
seulement des consommateurs mais aussi des fournisseurs de sécurité », estime
un responsable à l'OTAN.
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Posté Le : 05/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : GO
Source : www.lequotidien-oran.com