Une véritable «révolte» s'impose

Deuil ? Au moment où nous écrivons ces lignes, la triste nouvelle est tombée tel un couperet : Mohamed Lefkir, l'ancien président du CRB, quitte ce bas monde, non sans laisser un souvenir impérissable.Le décès de Mohamed Lefkir, intervenant à un moment où son club du c?ur, le CRB, vit une situation difficile dans un environnement hostile et déstabilisant, vient rappeler à tous ceux qui ont la mémoire courte ou qui n'ont rien à voir avec le vrai football, la valeur des vrais hommes qui, par le passé, ont géré et tout sacrifié pour que vive leur club chéri. Les dirigeants d'aujourd'hui sont-ils capables d'imiter, ne serait-ce que 1% de ce qu'ont fait leurs aînés ' On ne le pense pas du tout. Cette «race» de dirigeants n'existe plus de nos jours. Quand on sait que le fondateur du MCA, Aouf Abderahmane, avait vendu ses biens pour faire vivre son club naissant en 1921 ou que Mohamed Lefkir, hypothéquant ses biens également pour renflouer la trésorerie du Chabab en temps de crise, on se rend compte finalement que le football est, avant tout, «une affaire d'hommes». Sans revenir sur le parcours de l'homme, ni sur sa générosité débordante ni encore moins de son amour indéfectible pour son club, Lefkir aura marqué l'histoire du CRB avec deux beaux titres, une Coupe d'Algérie en 1995 et un championnat en 2000, trente ans après son dernier titre. Les dirigeants d'aujourd'hui devront sérieusement s'inspirer de ceux qui les ont précédés, même si les temps ont changé et qu'il faut vivre son époque. Cette saison, le Chabab inquiète ses supporters et ses nombreux amoureux non seulement dans le quartier légendaire de Laâqiba, mais dans tout le pays et à travers le monde. L'équipe flirte avec la zone rouge et s'apprête à vivre une fin de saison sous pression. Toute la famille retient son souffle et se voit partagée entre les irréductibles qui pensent que le Chabab ne rétrogradera pas en Ligue 2, car ce serait une «catastrophe», et ceux qui appréhendent le reste du parcours avec des rencontres couperets d'autant que l'équipe est bloquée psychologiquement, malgré la présence de plusieurs éléments talentueux. Le sympathique président Réda Malek s'est retrouvé avec un lourd héritage d'une gestion antérieure calamiteuse, qui nécessite du temps, des choix stratégiques, des hommes et de l'argent, ce nerf de la guerre qui a souvent fait défaut. D'où la nécessité de voir grand et deviser haut, car le CRB, comme le MCA et le CSC, qui ont bénéficié du concours précieux de la première entreprise économique du pays, mérite, une prise en charge pour perpétuer la légende en rouge et blanc frappé du grand V celui de la victoire.L'histoireClub mythique et symbole de l'indépendanceDans son joli livre, Alger la blanche, biographie d'une ville, Salah Guemriche aborde le chapitre du football et raconte en quelques pages l'histoire et la relation entre le football et la ville de Sidi Abderahmane. «Le CRB, club mythique de Belcourt (aujourd'hui Belouizdad), fut l'un des célèbres clubs de tout le pays dans les années qui suivirent sa création en 1962. Tout comme le MCA et l'USMA, il compta dans son équipe de grands noms du football africain (Lalmas, Kalem, Yahi). Son palmarès est tout aussi prestigieux : six fois champion d'Algérie et autant de fois en Coupe d'Algérie». Le Chabab a écrit l'histoire du sport-roi en symbolisant l'indépendance et en devenant, en l'espace de quelques années seulement, un club mythique dont le prestige brille jusqu'à ce jour, même si depuis quelque temps il s'est rangé en raison d'un manque de dirigeants visionnaires et d'hommes capables de le remettre à la place qui est la sienne. Son dernier titre en championnat remonte déjà à 2001, alors qu'en Coupe, l'ultime éclair a été signé en 2009 avec une nouvelle génération de joueurs.