Couverture du livre de Djamal Benaouf
l'aventure de l'écriture romanesque en langue amazighe se poursuit doucement, mais sûrement.
L'aventure de l'écriture romanesque en langue amazighe se poursuit doucement, mais sûrement. Ainsi, un autre roman écrit dans la langue de Jugurtha vient de voir le jour aux éditions «Achab» qui ont le grand mérite de constituer une véritable tribune pour tous les auteurs doués et sérieux qui écrivent dans cette langue qui n'a été reconnue comme langue officielle qu'en 2016 après un long combat pacifique, mais déterminé. L'un des plus grands militants qui s'est longuement battu pour la reconnaissance de la langue et culture amazighes dans la région de l'Oranie est Djamal Benaouf. Ce dernier, dès son âge, a été choqué, voire traumatisée de constater que sa langue maternelle tamazight n'était non seulement pas reconnue, mais pis encore, était carrément interdite.
Une âme de militant
Ce constat a fait naître en lui, en plus d'une âme de militant dévoué pour le combat identitaire, une fibre littéraire qui donna naissance à plusieurs oeuvres littéraires: théâtre, poésie et romans. Il faut noter ici que Djamal Benaouf a de tout temps été un membre très actif de l'association culturelle Numidia d'Oran que préside le très dévoué et dynamique, Said Zamouche. Dans cette association, qui est en réalité une vraie famille, Djamel Benaouf a été d'un grand apport et en retour, il a bénéficié d'un soutien indéfectible de la part de tous les membres de cette association. D'ailleurs, c'est dans le cadre des activités de l'association Numidia d'Oran que les pièces de théâtre de Djamel Benaouf ont été mises en scène et présentées dans plusieurs wilayas du pays et dans différents festivals. Après avoir édité sa pièce de théâtre intitulée «Di tmurt u âki» en 2007 aux éditions du Haut Commissariat à l'amazighité (HCA), une nouvelle, «taklit n tayri» et un recueil de poésie «Tujma tuzma» aux éditions «L'Harmattan» de Paris, Djamal Benaouf vient enfin de publier son premier roman en Algérie. Il s'agit de «Timlilit n tgharmiwin» paru aux éditions Achab. Ce roman de Djamal Benaouf a eu le privilège d'avoir été préfacé par l'une des sommités de la recherche dans le domaine de la linguistique berbère, également pionnier du combat identitaire, en l'occurrence Kamel Nait-Zerrad. Ce dernier, qui a milité pendant de longues années pour la cause berbère aux côtés de Djamel Benaouf notamment à Oran, présente le roman de ce dernier comme étant une oeuvre humaniste qui fera date «car elle annone indubitablement un tournant dans la littérature kabyle naissante, encore marquée par la quête identitaire». «Elle dépasse en effet la description romancée de la revendication berbère abordant l'homme sous toutes ses facettes et décrivant remarquablement les sentiments d'appréhension ou de bonheur des deux protagonistes amoureux», ajoute Kamel Nait-Zerrad. Ce dernier précise que le roman de Djamal Benaouf est écrit dans un kabyle châtié et se lit avec bonheur: «Djamal Benaouf est un auteur avec lequel il faudra compter à l'avenir et qui, avec cette oeuvre, aura sa place dans la littérature berbère.»
Amour et identité
Le roman «Timlilit n tgharmiwin» de Djamal Benaouf est tissé autour d'une histoire d'amour, tout comme la majorité des grands récits, mais ce n'est là qu'un prétexte pour l'auteur afin de brosser un tableau des plus exhaustifs sur des questions sociales, politiques, historiques et identitaires ayant émaillé notre pays depuis l'indépendance. La longue lutte du peuple berbère pour sa langue et culture constitue, en outre, l'un des fils conducteurs principaux de ce roman. Le récit de Djamal Benaouf regorge de symboles, à commencer par le titre de l'ouvrage: Timlilit n tghartminw qui signifie «la rencontre des civilisations». C'est le nom que l'auteur a choisi pour appeler la cité où se déroule son roman et qui n'est autre que l'Afrique du Nord. Kamel Nait-Zerrad rappelle, à ce propos, que l'Afrique du Nord a été un lieu de rencontre, de passage, mais aussi de naissance de civilisations: les peuples qui s'y sont succédé ont laissé une empreinte plus ou moins apparente dans l'esprit des autochtones. Ce livre est donc une exploration approfondie et surtout romancée de l'identité multiple du peuple de l'Afrique du Nord.
Références en poésie
Le roman de Djamal Benaouf est d'autant plus agréable à lire qu'il pullule de référence à des personnalités aussi bien historiques que culturelles ayant marqué non seulement l'Afrique du Nord, mais l'humanité de manière générale.
Des deux piliers de la poésie berbère Si Mohand Ou Mhand et Slimane Azem, au chanteur mythique français Jacques Brel en passant par Jugurtha, Martin Luther King, à des événements importants comme le printemps de Prague, Djamel Benaouf entraine son lecteur dans une infinité de personnages, de lieux et de faits qui rendent la lecture de ce roman extrêmement passionnante.
Il faut dire ici que l'érudition de Djamal Benaouf en matière de culture générale ajoutée à son talent indéniable de narrateur font que ce roman est une nouvelle perle qui enrichira et élèvera, à coup sûr, le niveau des textes littéraires écrits en langue amazighe.
Notons enfin que Djamal Benaouf est, en outre, l'auteur de plusieurs livres inédits à l'instar de «Bu yefden negh chitan di twaghit» qui est une traduction d'une oeuvre théâtrale de Tewfik El Hakim.
Les autres oeuvres inédites de Djamal Benaouf sont «Bu tchachit ulach-it», «Aneggaru ad yar tabburt», «Cheikh lkanoun» et «Bou temghight d bou tselghight».
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Posté Le : 17/04/2019
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Par Aomar MOHELLEBI
Source : Lexpressiondz.com