Alger - 01- Généralités

Tamentfoust (Cap Matifou, El Marsa) : Description de Berbrugger en 1837



Selon la description qu'en a faite Louis Adrien Berbrugger6 tout au début de la colonisation française, le territoire de Matifou, bien que méconnu de la plupart des habitants d'Alger, ne méritait ni l'obscurité ni l'abandon qui lui étaient souvent associés. Ces constatations pouvaient être appuyées par les notes recueillies lors d'un séjour prolongé au fort Matifou en 1837, complétées au fil de plusieurs excursions ultérieures et récemment révisées lors d'une semaine consacrée à redécouvrir cette région fascinante. Bien que ces notes aient été initialement destinées à un ouvrage sur l'archéologie africaine, l'éventualité de projets de colonisation imminents au cap Matifou avait motivé leur publication, afin de partager les informations collectées sur ce site.

Avant de plonger dans la description actuelle du cap Matifou, une brève rétrospective sur son passé s'imposait. D'après les écrits de Berbrugger, des inscriptions latines découvertes à Matifou, ainsi que des références dans des documents anciens tels que l'Itinéraire d'Antonin, attestaient de l'existence de la colonie romaine de Rusgunia, dont les ruines demeuraient visibles. Rusgunia, un mot berbère latinisé par les Romains, évoquait le "cap du Sommeil" ou "cap des dormeurs", en référence à une légende locale. Les autochtones appelaient aujourd'hui ce cap Race-Tament-Fouce, dérivant en "Matifou" par altération.

Quant à l'accès à Matifou, deux voies principales s'offraient aux voyageurs : maritime ou terrestre. D'après les écrits de Berbrugger, la première, bien que plus directe, était sujette aux caprices du vent, souvent détournant les embarcations vers la pointe Pescade. La seconde, partant d'Alger par la porte Bab-Azoun en direction de la Maison-Carrée, offrait deux itinéraires distincts. Le premier, via la Rassauta et le gué de Hadjira, était plus sûr mais plus long, tandis que le second, empruntant le chemin de Bordj-el-Kifan, était plus court mais comportait des risques liés aux sables mouvants à l'embouchure de l'oued El-Khemice.

Selon Berbrugger, la baie d'Alger et le golfe de Bengüt, où était nichée la région de Matifou, étaient comparés à deux demi-cercles accolés, délimitant un territoire distinct dont la nature, laissée à elle-même, tendait à l'isoler des régions environnantes. Seule une tribu, les Haraouas, y résidait, exploitant les terres entre les collines et la Méditerranée. D'après ses écrits, la région de Rusgunia, bien que déserte sous les Romains, avait été réhabilitée par ces derniers pour son excellent mouillage au cap Matifou, un avantage rare sur cette côte escarpée.

D'après les observations de Berbrugger, la plaine de Matifou, dominée par le fort turc et le mouillage, était moins sauvage que la plaine de Bengut, mais restait caractérisée par ses vastes étendues de broussailles. La gestion forestière se faisait par des incendies contrôlés, offrant des pousses tendres aux animaux des autochtones. En revanche, malgré sa fertilité naturelle, aucune trace de culture n'était observée, l'agriculture européenne se heurtant aux pratiques locales.

Les ruines abondaient dans cette région, témoignant de son passé riche en histoire. Selon Berbrugger, à Rusgunia, les vestiges romains parsemaient le paysage, des constructions antiques aux tombeaux et aqueducs. D'après ses écrits, les carrières de Maherzat, prises pour des ruines chrétiennes par les autochtones, révélaient des gradins taillés par les Romains pour extraire les pierres, offrant un spectacle évoquant des constructions cyclopéennes.

Selon Berbrugger, au-delà de la découverte archéologique, Matifou offrait des perspectives de développement avec ses vastes étendues et son potentiel agricole inexploité. D'après ses écrits, les projets de colonisation envisagés promettaient de révéler davantage les trésors cachés de cette région, tout en contribuant à sa revitalisation économique et culturelle.


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