Souhaiter une chance à l'oiseau rare...

Nous sommes tracassés et assommés par des guides et des interprètes de tout rang et de toute nuance. Des guides sociaux et politiques, des interprètes moraux et religieux. On nous laisse dans une confusion et un désespoir perpétuels.Le chemin de la mort est juste devant nous. Et pourtant, Abdelkader Benatia(1) nous dit que : «Là-bas, à l'horizon, il y a une lueur d'espoir.»Dans son très beau roman intitulé Jiwel, ou l'alchimie du bonheur(2), il écrit : «L'enjeu en valait la peine : souhaiter une chance à l'oiseau rare de partir et de revenir assurément.» (p123). C'est l'héritage du maître soufi Ibn Arabi, qui est mis ici en exergue à la «dibienne». L'oiseau rare, le phénix ou «Simorgh», selon Mohammed Dib, dans son dernier roman à l'éloge du grand soufi Djalel Eddine Erroumi, cet oiseau rare est le véritable «héros» d'Abdelkader Benatia. Sidi Smaïn, le saint et ses disciples Jiwel, Kana et autres n'ont jamais cessé de «semer la bonne parole ». Tous croient que «les étoiles sont en nous».Tous unis disent : «Arrosons-les pour qu'elles vivent.» (p.203). Jiwel est aussi un roman poème. Chez Abdelkader Benatia, la phrase courte, élusive, tombe abrupte après son sommet ; par sa netteté coupante, elle consonne à la mélodie, classique des grands poètes d'antan. Un roman à lire absolument ! -1)- Né à Saïda en 1972, A. Benatia est poète, peintre et romancier. Il vit actuellement en France.-2) Ed. Casbah-Alger, 2013.