Alger - Birkhadem

Situé sur les hauteurs de Birkhadem Tixeraïne, village oublié



Situé sur les hauteurs de Birkhadem Tixeraïne, village oublié
Perché sur les hauteurs de Birkhadem, Tixeraïne est situé à 10 km d’Alger-Centre. Un village hélas oublié et dépourvu de plusieurs commodités essentielles pour le cadre de vie de ses résidants.

L’accès au village se fait par une route sinueuse et étroite, qui fait penser, pour ceux qui connaissent aux ruelles des villages des wilayas de l’intérieur du pays ou de certains villages de Kabylie. Le profane ne peut admettre que ce «douar» fait partie intégrante d’Alger. Un mur, vestige de l’époque ottomane, soutenu, tant bien que mal par trois arcades, en état de dégradation visible vous fait face à l’entrée de Tixeraine. Aujourd’hui il ne reste plus qu’une seule arcade pour servir de passage pour atteindre les autres venelles du village, les deux autres ayant été fermées. Au vue de l’atmosphère particulièrement calme qui règne à l’entrée du village en cette journée caniculaire du mois d’août, on imaginerait un village déserté de ces habitants. Les jeunes de ce quartier, se plaignent de leur situation déplorable «Chômage, absence de toutes structures pour jeunes et la marginalisation de leur village, pourtant au cœur de la capitale», déplorent de jeunes habitants de ce quartier «oublié». Certaines personnes nous ont parlé des difficultés de leur quotidien. «Nous sommes dans un coin perdu, marginalisé et nous n’avons aucune perspective d’avenir. Ni travail, ni logement, rien… Nous somme déçus par notre pays pour lequel nos parents se sont sacrifiés», nous dira un jeune homme le désespoir se lisant dans ses yeux. Ce quartier, d’après ses habitants, serait divisé en trois parties administratives : la première fait partie de l’annexe de Birkhadem, la deuxième de celle de Bir Mourad Rais, alors que la troisième dépend de la commune de Draria. Les habitants eux, l’ont divisé en deux parties, les personnes agées du village : Taddart n’Tixeraïne, et Meguenouche, baptisé du nom du chahid Mustafa-Meguenouche. Quelques stars de la chanson algériennes sont natifs de cette région, nous citerons, entre autres, le grand Takfarines, le groupe Théghri, Sekat Mohamed, Massinissa…, des artistes qui ont fait découvrir la chanson kabyle aux habitants de ce village.

Le village du bout du monde...
Le village existait bien avant 1830. D’ailleurs, selon certains historiens, le dey turc Hassan Pacha y possédait déjà un palais, où il venait parfois passer quelques jours en été. Il avait été bâti sur un ressaut au-dessus de oued Kerma. C’est tout juste si nous l’apercevons de la route d’El Achour qui passe plus bas. Une région connue pour son riche passé révolutionnaire. Elle renfermait un nombre important de maquisards durant la guerre de Libération, dont plusieurs font aujourd’hui partie des glorieux chahids : Said Hamdine, Larbi Allik, les frères Bouâadou, les frères Aoudia et bien d’autre encore parmi les grands noms de la Révolution algérienne et qui restent indissociables de l’histoire de l’ Algerie indépendante. Ce quartier mérite ainsi un meilleur sort, vu sa place stratégique et pittoresque, et pourtant il semble être oublié de tous.
Constructions anarchiques mêlant vieilles pierres et parpaings
Ce qui frappe en premier en pénétrant dans Tixeraïne, ce sont la mosquée et les constructions présentant un spectacle désolant, le plus souvent des extentions faites n’importe comment sur le corps du logis déjà existant. D’une architecture arobo-turc, la mosquée baptisée du nom de l’illustre Abderrahmane Athâalibi date de l’époque ottomane et a connu maintes rénovations. En dépit de son originalité architecturale, le village connaît une anarchie désolante. Une très mauvaise fusion entre des maisons anciennes et modernes. «Nous sommes un village pauvre, nous n’avons pas de logements. Nous possédons des F1 et des F2 alors que la famille s’agrandit et nos enfants grandissent et nécessitent plus d’espace. Nous avons en vain sollicité les autorités pour l’octroi de logements plus grands, ce qui a poussé la majorité d’entre nous à construire anarchiquement pourvu que l’on soit plus ou moins mieux logés», explique un père de famille. L’absence de toute autorité saute aux yeux à Tixeraïne. La pauvreté est commune à tous dans ce no man’s land. Les habitants racontent leur quotidien pénible, les jeunes de ce village parlent de leur «isolement et marginalisation». «En plus du chômage, nos enfants sont désespérés, pas de loisirs, pas de moyens financiers pour se permettre des vacances. La majorité de nos enfants, même les jeunes, quittent rarement le village et sont ainsi voués à ce misérable quotidien que n’éclaire aucune lueur d’espoir», souligne une jeune résidante.

L’hôpital, seul lieu «actif» dans ce no man’s land
Une bâtisse, située à l’extrémité du village, faisait office autrefois de maison d’apprentissage de couture pour les jeunes filles, aujourd’hui reconvertie en hôpital. L’unique établissement qui arrive encore à faire sortir ce village de son anonymat, est l’un des plus anciens hôpitaux d’Alger. Il continue à assurer la prise en charge des malades depuis son inauguration en 1956. Cet hôpital se distingue par son implantation au milieu d’une petite forêt, calme et romantique loin du vacarme de la ville. D’une capacité d’accueil de plus de 150 lits, cette importante structure fonctionne avec un personnel spécialisé qui assure, d’une part les consultations, les soins, les prothèses, l’hôtellerie et la rééducation pour les malades présentant des paraplégies, des tétraplégies, des amputations et certaines maladies neurologiques et chroniques. En plus de la formation dispensée aux stagiaires paramédicaux, aux médecins en kinésithérapie et en aérothérapie, cet établissement assure une importante mission, à savoir la fabrication d’appareillages pour les malades, conformément aux normes médicales internationales.



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