Un Algérien à l’origine des essais nucléaires français en Algérie? Un jour de printemps 1992, le défunt président Mohamed Boudiaf, de passage sur les hauteurs d’Alger, avait été surpris de constater que le célèbre boulevard du Télémly portait le nom de Salah Bouakouir. Il décida aussitôt d’user de ses prérogatives et de le débaptiser. Pourquoi? Pour ceux qui ne le savent pas, Salah Bouakouir était, durant la guerre de libération l’un des deux polytechniciens musulmans de l’époque. Il était, en outre, le seul directeur musulman au gouvernement général où il était alors directeur général des affaires économiques et de l’industrialisation. A ce titre, Salah Bouakouir aura été l’un des pionniers de l’expérience nucléaire en Algérie, un acteur important sur le plan administratif de cette entreprise, initiée par Francis Perrin, le Haut Commissaire français à l’Energie Atomique. Dés le début des années 50, certains tenants de la colonisation s’étaient mis à rêver d’un «Los Alamos» français situé dans le désert algérien. Un vaste projet mis en place par l’ancienne puissance coloniale pour son développement dans le domaine nucléaire. Un rêve presque fou puisque les événements de la Guerre de libération réduiront à néant ces ambitions meurtrières eu égard aux graves conséquences sanitaires et écologiques subies dans le sud du pays. Paul Delouvrier qui a été délégué général du gouvernement en Algérie en 1961, a laissé entendre dans un entretien récent que Salah Bouakouir était un intermédiaire avec le FLN combattant. A l’en croire, Salah Bouakouir qui est mort d’une mystérieuse «noyade» en septembre 1961, attribuée parfois à l’OAS, semble avoir même été favorable à l’indépendance du pays. Delouvrier déclarait en substance ceci : «Le cirque, le fameux cirque (Champ de gaz et de pétrole) déroulait le machin grâce à Bouakouir qui m’a servi d’intermédiaire et qui ne voulait pas qu’on sorte le gaz lui aussi, parce qu’il avait la trouille qu’on fasse un prix trop élevé pour le gaz, que cette richesse algérienne soit sacrifiée avant l’arrivée -bien qu’il fût français d’esprit-, de ce qu’il estimait être inéluctable et qu’il n’osait pas dire». Quoiqu’il en soit, l’exigence affichée, aujourd’hui, par Alger quant à l’ouverture des archives de l’armée française sur les essais nucléaires en Algérie va très certainement faire la lumière sur le rôle de Bouakouir. En tous les cas, le défunt président Mohamed Boudiaf qui, lui, aurait eu à connaître personnellement Salah Bouakouir, n’a pas hésité un instant pour décréter qu’il était un «traître».
Salah Bouakouir, mon ancien de Polytechnique, mon patron et mon ami au Gouvernement général de l'Algérie de 1956 à 1961, n'était plus seulement directeur général des affaires économiques et de l’industrialisation à l'époque en question. Il était Secrétaire général du Gouvernement, adjoint pour les affaires économiques. Autrement dit le n° 3 de la hiérarchie administrative en Algérie, après Paul Delouvrier et André Jacomet.
Il n'a pas, non plus, été assassiné par l'OAS ou je ne sais quel service spécial. Il s'est noyé un dimanche de 1961 au Club des Pins. J'y étais ainsi que plusieurs hauts fonctionnaires français, dont Jean Morin, Délégué général du Gouvernement. Voir l'article que j'ai écrit à ce sujet.
MAYER Ren - Haut fonctionnaire retraité - Paris, France
01/03/2012 - 28072
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Posté Le : 17/02/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com