Publié le 07.10.2024 dans le Quotidien l’Expression
L’appel à renégocier l’accord de 1968 était « un épouvantail et un slogan politique d’une minorité extrémiste qui voue une haine à l’Algérie », a estimé le chef de l’État.
Les relations franco-algériennes ont explosé depuis que la France a reconnu la marocanité du Sahara occidental. L'Algérie a riposté. Son ambassadeur à Paris a été rappelé. La représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d'un chargé d'affaires. Pour ne rien arranger, le nouveau ministre de l'Intérieur a jeté un peu plus d'huile sur le feu. Le premier flic de l'Hexagone n'a pas exclu la renégociation de l'accord de 1968 signé entre la France et l'Algérie, qu'il a qualifié de «déséquilibré». Interrogé par la chaîne de télévision LCI sur une éventuelle renégociation de cet accord il a répondu: «Je n'ai aucun tabou... aucun tabou... bien entendu», ajoutant: «L'accord de décembre 68 est un accord déséquilibré, très avantageux pour l'Algérie, très désavantageux pour la France. On doit avoir le courage de le mettre sur la table.» Des propos qui ont fait couler beaucoup d'encre des deux côtés de la Méditerranée. Qu'en pense-t-on, côté algérien? Le recadrage est venu du plus haut sommet de l'État.
Le président de la République a qualifié les appels de certaines parties françaises à la révision de l'accord de 1968 concernant la circulation et le séjour des Algériens en France de «slogan politique» d'une minorité extrémiste qui voue une haine à l'Algérie, lors de son entrevue périodique avec des représentants des médias nationaux, diffusée samedi soir sur les chaînes de la Télévision et de la Radio nationales. Cet accord «n'affecte en rien la qualité de la migration ni la sécurité de la France», a-t-il ajouté soulignant que toute allégation contraire «est une contrevérité qui participe du chantage visant à instiller la haine de l'Algérie en France». Ce qui n'est certainement pas fait pour y voir une sortie de crise entre les deux pays.
La France ayant pourtant fait un premier pas après les «plus vives félicitations» adressées par Emmanuel Macron à Abdelmadjid Tebboune, suite à sa réélection à la tête du pays. Le chef de l'État a reçu ensuite, l'envoyée spéciale et conseillère Afrique du Nord et Moyen-Orient du président français, Anne-Claire Legendre. Des gestes d'apaisement que Bruneau Retailleau a probablement torpillé par ses propos à connotation raciste. Tout comme a été remise aux calendes grecques la visite du chef de l'État en France prévue pour cet automne. L'Algérie «n'ira pas à Canossa», a tranché Abdelmadjid Tebboune. L'occasion pour lui de revenir sur la raison qui a fait capoter ce voyage: La reconnaissance par la France dudit «plan d'autonomie» comme la seule base de règlement du conflit au Sahara occidental dans le cadre de «la prétendue souveraineté marocaine».
Une position qui va à l'encontre du respect du droit international et du Conseil de sécurité des Nations unies, dont la France est membre permanent. «Annoncer publiquement l'acceptation du «plan d'autonomie» alors que le dossier du Sahara occidental se trouve au niveau de la commission de décolonisation de l'ONU, sachant que la France est membre du Conseil de sécurité, participe de la politique du deux poids, deux mesures», a souligné le président de la République.
Il faut rappeler que c'est au cours d'un voyage à Rabat que le chef de la diplomatie française de l'époque a réitéré le 26 février 2024 le soutien «clair et constant» de Paris au plan d'autonomie marocain du Sahara occidental. «Le Maroc peut compter sur le soutien clair et constant de la France» à son plan d'autonomie, avait ajouté Stéphane Séjourné. La riposte est venue à la vitesse de l'éclair. L'Algérie c'est de la figue de Barbarie, qui s'y frotte, s'y pique.
Mohamed TOUATI
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Posté Le : 12/10/2024
Posté par : rachids