Alger - Patrimoine perdu, volé ou confisqué

RESTITUTION DU CANON BABA MERZOUG Une polémique qui n'en finit pas



La polémique autour de ce qui est convenu d'appeler l'affaire Baba Merzoug, celle de la restitution ou pas du canon éponyme, commence à livrer ses secrets.
M. Kebci - Alger (Le Soir) - Et la toute première de ces «indiscrétions », qui ont tout l'air d'être sciemment entretenues, est liée au fait que les autorités algériennes n'ont pas eu à solliciter officiellement de leurs homologues français ce canon emporté, pour rappel, par les soldats français peu après le début de la colonisation de l'Algérie en 1830. C'est une pièce d'artillerie de sept mètres de long, actuellement dressée verticalement sur un bloc de granit et surmonté d'un coq tenant un globe sous une de ses pattes. Il trône au beau milieu de l'arsenal, un ensemble d'installations militaires et navales situé dans la rivière Penfeld, à Brest, dans le Finistère, en Bretagne, à l'ouest de la France. C'est ce qu'affirmait hier, lors d'une conférence de presse, Belkacem Babaci, président de la Fondation Casbah et l'un des initiateurs du projet de récupération du canon. Le conférencier qui faisait cet aveu du bout des lèvres, soucieux, apparemment, de s'éviter des remontrances, s'est contenté de soutenir que le projet en question a eu l'appui de parties algérienne et française. Il se limitera à faire part d'une lettre écrite au Premier ministre il y a de cela trois mois et de la réponse de celui-ci où, selon Babaci, il signifiait son soutien à l'initiative. Pour le président de la Fondation Casbah, ce mutisme de part et d'autre au sujet du projet est à l'origine de cette polémique qui, à ses yeux, pourrait nuire au processus enclenché dans ce sens avec, précisera- t-il, une compréhension et une disponibilité affichées du côté français. Un mutisme dont le but est de ne ne pas trop se focaliser sur un détail parmi tant d'autres quand on sait le lourd contentieux historique entre les deux pays. Il ne manquera pas, cependant, de regretter la position mitigée, voire scandaleuse de certains «bien de chez nous», dont de hauts responsables. Et à Babaci de citer ce ministre qui s'est moqué du projet en lui balançant à la figure : «Que fera-t-on de ce bout de ferraille '». Il ne ménagera pas non plus la ministre de la Culture qu'il n'hésitera pas à descendre en flammes. Le président de la Fondation Casbah reproche à Khalida Toumi son indifférence au projet de restitution du fameux canon, faisant preuve, a contrario, de «compréhension » à l'égard du ministère des Affaires étrangères. Cela dit, pour Belkacem Babaci, il n'est pas question d'insulter l'avenir et le projet est bien parti pour aboutir tant, dira-t-il, «toutes les difficultés finiront pas être surmontées ». A noter que cette affaire, si elle en est une, a été éventée tout dernièrement par un grand quotidien régional français, se fiant à une source «sûre», une conseillère du ministre français de la Défense en l'occurrence. Une «info» qui n'a pas manqué de susciter depuis une vive polémique à laquelle même le démenti de notre ministère des Affaires étrangères ne semble pas mettre un terme. En effet, le porte-parole des MAE considère l'affaire comme étant franco-française. Amar Bélani a confié hier à un confrère que «les officiels algériens n'ont pas tenu à réagir à ces déclarations parce que cette information relative à une prétendue demande officielle algérienne de restitution du canon Baba Merzoug est le fait d'une responsable d'un département ministériel français qui cite, comme source, un autre département français».


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