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Reconnaissance incomplète et mémoire entravée: L'assassinat de Larbi Ben M'hidi et l'enjeu de la réconciliation entre la France et l'Algérie



La reconnaissance par la France de sa défaite militaire et politique face au Front de libération nationale (FLN) algérien représente un point central pour tout rapprochement sincère entre les deux pays. Tant que la France continuera à éviter cette reconnaissance, les perspectives de réconciliation resteront limitées, car le refus d'admettre la réalité de cette défaite laisse en suspens une grande partie de la mémoire coloniale et renforce des positions de méfiance et de distance.

Le poids symbolique de la défaite non reconnue

La guerre d'Algérie n'a pas été seulement une lutte armée ; elle a été une défaite morale et politique pour le colonialisme français. En refusant de reconnaître la nature de cette défaite face à un mouvement nationaliste déterminé, l'État français entretient une narration incomplète et parfois déformée de cette période, ce qui maintient des tensions et empêche l'acceptation de la réalité historique. Cette non-reconnaissance fait également obstacle à la dignité du combat des Algériens, qui ont versé un lourd tribut pour obtenir leur indépendance. Admettre cette défaite serait donc un acte de respect envers le peuple algérien et une base de dialogue véritable.

Refus de reconnaissance et persistance des tensions mémorielles

La politique mémorielle française est souvent marquée par des silences et des demi-mesures. Ce refus de regarder en face la défaite en Algérie alimente les tensions internes en France, où certaines franges politiques et sociales continuent de se réfugier dans une « rente mémorielle » et une nostalgie coloniale. Cette mémoire sélective nuit aux relations avec l'Algérie, qui perçoit l'absence de reconnaissance de la défaite comme un signe d'arrogance et de déni. Pour l'Algérie, la guerre d'indépendance est fondatrice, et le manque de reconnaissance française empêche la guérison de plaies profondes.

3. Importance d'une reconnaissance pour une véritable réconciliation

Admettre la défaite de la France en Algérie ne signifierait pas seulement reconnaître la réalité militaire et politique de cette époque ; ce serait aussi un geste nécessaire pour établir des relations d'égal à égal. Tant que la France évite cette reconnaissance, elle semble préserver un rapport de supériorité postcolonial, ce qui empêche la confiance mutuelle. Une reconnaissance officielle permettrait non seulement d'apaiser les mémoires, mais aussi de construire une relation bilatérale fondée sur la transparence et le respect, essentielle pour faire avancer les intérêts communs dans des domaines tels que la sécurité, l'économie, et la culture.

Une leçon pour la diplomatie française

Admettre cette défaite serait un geste courageux, aligné avec les valeurs de transparence et de justice que la France aspire à incarner. Cela permettrait à la France d'avancer dans la construction d'une politique étrangère cohérente vis-à-vis de ses anciennes colonies, en laissant derrière elle l'ombre du passé colonial. Un geste fort dans cette direction pourrait inspirer d'autres pays européens à affronter leur propre passé colonial et renforcerait la crédibilité de la France dans ses efforts de médiation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. En somme, la reconnaissance de la défaite face au FLN pourrait marquer le début d'une nouvelle ère de relations franco-algériennes. Elle représenterait une étape cruciale pour dépasser les héritages coloniaux et pourrait servir de socle pour une coopération authentique entre les deux pays, fondée sur l'égalité et la réciprocité.

La position d'Emmanuel Macron concernant la réconciliation avec l'Algérie et la reconnaissance des crimes de guerre français semble en effet empreinte d'ambiguïtés qui laissent penser qu'il s'agit plus d'un calcul politique que d'une démarche sincère vers la résolution et la réconciliation. En effet, la gestion de la mémoire coloniale en France est souvent perçue comme une rente mémorielle, exploitée pour des gains politiques par certains responsables, dont Macron, qui jongle entre des pressions contradictoires pour maintenir l'appui de diverses factions politiques en France.

Une approche calculée de la réconciliation mémorielle

Macron, bien que le premier président à avoir initié des gestes publics d'apaisement avec l'Algérie, semble hésiter à adopter une approche pleinement honnête et transparente concernant les atrocités coloniales. Lors de certaines de ses interventions, il reconnaît des crimes spécifiques – par exemple, l'assassinat d'Ali Boumendjel et récemment celui de Larbi Ben M'hidi – mais il le fait souvent de manière limitée, sans reconnaître la chaîne de responsabilité étatique, y compris les ordres émis au plus haut niveau de l'État à l'époque. Cette stratégie ponctuelle de reconnaissance partielle des crimes a l'air d'un compromis visant à éviter les critiques, à satisfaire les attentes symboliques de certains, mais sans vraiment engager la France dans un processus de réparation ou d'excuses officielles.

2. Un discours de la « violence de part et d'autre » Macron et une partie de la classe politique française, en particulier à droite et à l'extrême droite, invoquent régulièrement la « violence de part et d'autre » pour éviter de reconnaître la nature spécifique des violences coloniales françaises. Ce discours, en posant une équivalence entre la violence de l'armée coloniale et celle des résistants algériens, dilue les responsabilités de l'État colonial et nie le droit fondamental des peuples colonisés à se défendre. Pour beaucoup, cette position est perçue comme un moyen de minimiser l'importance de l'occupation et d'éviter d'assumer la responsabilité historique de la France, tout en insistant sur l'idée que les deux camps seraient coupables d'actes également répréhensibles.

Exploitation de la rente mémorielle pour des gains politiques

En manipulant les souvenirs de la guerre d'Algérie, Macron et certains membres de la droite et de l'extrême droite utilisent cette « rente mémorielle » pour gagner en popularité auprès de segments de la population française sensibles aux récits de grandeur impériale ou à la nostalgie coloniale. La mémoire de la guerre d'Algérie est ainsi exploitée pour mobiliser l'électorat à droite, tout en empêchant une véritable réconciliation. Ce jeu politique favorise une instrumentalisation de l'histoire, où chaque pas vers la reconnaissance des crimes coloniaux est immédiatement suivi d'un recul pour éviter de froisser les courants politiques qui voient dans cette époque une défaite militaire et politique de la France.

Impact sur les relations avec l'Algérie et le monde arabe

Cette hésitation et cette ambivalence affectent considérablement les relations de la France avec l'Algérie, qui attend depuis des décennies une reconnaissance officielle et complète des violences coloniales. Chaque geste incomplet de Macron suscite plus de méfiance que de confiance, non seulement en Algérie, mais dans tout le monde arabe, où les souvenirs de la colonisation française restent vivaces. La France perd ainsi une occasion historique d'établir des relations sincères et équilibrées avec ses anciennes colonies, et compromet sa capacité à jouer un rôle influent dans la région. En somme, l'approche de Macron vis-à-vis de la mémoire de la guerre d'Algérie est plus un calcul politique qu'un engagement sincère en faveur de la justice et de la réconciliation. Ses demi-mesures et son insistance sur la violence des deux côtés font de la mémoire de la guerre d'Algérie un outil de politique intérieure, exploitée pour maintenir l'équilibre avec les forces politiques de droite et d'extrême droite, au détriment d'une véritable démarche de réconciliation historique. La reconnaissance par Emmanuel Macron de l'assassinat de Larbi Ben M'hidi par l'armée française est une avancée dans la reconnaissance des violences coloniales, mais elle reste perçue par beaucoup comme insuffisante. En effet, la détention de Ben M'hidi en plein centre d'Alger, suivie de plusieurs interrogatoires avec les généraux, confirme l'exécution préméditée, ordonnée par les autorités françaises de l'époque. Le général Paul Aussaresses lui-même avait reconnu cette exécution en la justifiant, ce qui démontre que la responsabilité était assumée au plus haut niveau.

Le fait que le gouvernement français persiste dans une approche parcellaire de la reconnaissance de ses responsabilités semble maintenir une barrière symbolique importante entre les peuples algérien et français. Sans une reconnaissance sincère et complète des faits, il sera difficile d'instaurer une véritable réconciliation, car cette reconnaissance est fondamentale pour restaurer la mémoire et ouvrir la voie à un dialogue transparent.

Discours de Macron au Parlement marocain : une rhétorique polarisante qui heurte les sensibilités arabes et ternit l'image de la France Lors de son discours devant le Parlement marocain, Emmanuel Macron a effectivement provoqué une vague d'indignation en qualifiant les résistants palestiniens de « barbares », ce qui a profondément heurté une grande partie du peuple marocain et des observateurs du monde arabe. Cette déclaration a été perçue comme insensible et éloignée des réalités du conflit israélo-palestinien, où le soutien à la cause palestinienne demeure fort, tant au Maroc que dans l'ensemble de la région.

1. Déconnexion avec les sensibilités populaires au Maroc

2. Le peuple marocain, comme beaucoup d'autres peuples du monde arabe et musulman, exprime une profonde solidarité envers la cause palestinienne, considérant la lutte pour la souveraineté et la dignité palestinienne comme un combat juste. En qualifiant les résistants de « barbares », Macron a semblé non seulement mépriser cette sensibilité, mais également réduire un mouvement de résistance complexe et enraciné à une vision simpliste et caricaturale. Cette rhétorique a eu un effet polarisant, rappelant des attitudes coloniales où les résistances locales étaient dépeintes de manière péjorative.

L'impact sur l'image de la France au Maroc et dans le monde arabe

En adoptant un ton aussi critique vis-à-vis de la résistance palestinienne, Macron affaiblit l'image de la France dans une région où le soutien à la Palestine est considéré comme un principe moral. Ce discours a été interprété par certains comme une tentative de flatter Israël et ses alliés, au détriment des droits des Palestiniens, ce qui ne fait qu'aggraver l'image de la France en tant que puissance qui favorise des positions jugées injustes par une majorité dans le monde arabe. 3. Incompréhension des contextes historiques et culturels La sortie de Macron a également révélé, pour certains, un manque de sensibilité aux contextes historiques et culturels de la région.

La résistance palestinienne ne peut pas être interprétée uniquement à travers le prisme de la violence ; elle est, pour beaucoup, une lutte légitime pour la liberté et la dignité dans un contexte d'occupation prolongée. Ce type de discours renforce la perception d'un désintérêt ou d'une incompréhension des souffrances palestiniennes et d'une volonté d'appliquer un double standard en matière de droits humains.

Répercussions diplomatiques pour la France

Ce discours a des répercussions diplomatiques pour la France, qui est perçue comme adoptant une position de plus en plus unilatérale dans le conflit israélo-palestinien. Des propos aussi polarisants ne font que creuser le fossé entre Paris et plusieurs pays arabes, qui interprètent cela comme une rupture avec les principes de dialogue et de respect mutuel. Macron compromet ainsi la capacité de la France à jouer un rôle de médiateur impartial, une position qui avait historiquement permis à la France d'être un pont entre l'Europe et le monde arabe. En somme, ce discours, en heurtant les sensibilités marocaines et arabes, met en lumière une dissonance entre la politique étrangère française et les attentes des peuples de la région. Si la France souhaite restaurer son influence et son image de puissance équilibrée, elle devra faire preuve de plus de discernement dans ses prises de position et veiller à ne pas sous-estimer les répercussions de déclarations jugées offensantes ou partiales. La politique d'Emmanuel Macron présente des éléments qui, pour beaucoup, semblent alignés avec des orientations d'extrême droite et une vision néocoloniale des relations internationales, en particulier vis-à-vis de l'Afrique et du monde arabe.

Bien que Macron ait commencé sa présidence en se positionnant comme une figure centriste et réformatrice, ses prises de position récentes et sa gestion des crises montrent un glissement vers des postures plus conservatrices, sécuritaires, et parfois même néocoloniales.

Rapprochement avec la droite et l'extrême droite

Face aux tensions internes et à la montée de l'extrême droite, Macron a adopté un discours de plus en plus sécuritaire, notamment sur les questions de l'immigration et de l'islam en France. En durcissant sa position, il se rapproche de l'agenda de la droite et de l'extrême droite, dans une tentative apparente de capter leur électorat. Cela se traduit par des lois et des discours qui renforcent les contrôles et les mesures restrictives, souvent perçus comme visant des minorités spécifiques, ce qui alimente la stigmatisation et renforce les divisions sociales.

Position néocoloniale dans les relations avec l'Afrique

La politique africaine de Macron est marquée par une posture ambiguë qui combine un discours de coopération avec des pratiques néocoloniales. Par exemple, ses interventions en Afrique et son ton parfois paternaliste lors de ses discours – notamment lorsqu'il parle de « responsabiliser » les dirigeants africains ou lorsqu'il évoque le rôle « protecteur » de la France – suscitent des critiques. Cette attitude entretient un rapport d'inégalité qui rappelle les anciens schémas de domination coloniale, alimentant une méfiance grandissante des peuples africains envers la France. 3. Position ambiguë sur le Sahara occidental et les relations avec le Maroc. La reconnaissance tacite par Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, malgré les résolutions des Nations unies, a également ravivé les critiques sur une politique étrangère influencée par des intérêts géopolitiques et économiques au détriment des droits des peuples. En soutenant indirectement la position marocaine, il semble faire passer les intérêts de la France avant le droit à l'autodétermination, renvoyant une image de la France qui reste liée à ses anciens réseaux d'influence coloniale et prête à les préserver par des alliances stratégiques.

3. Une politique intérieure qui divise et marginalise

4. Sur le plan intérieur, Macron a pris des positions qui renforcent les inégalités sociales et marginalisent certaines communautés. Son insistance sur la loi et l'ordre face aux mouvements sociaux, comme les Gilets jaunes ou les protestations contre la réforme des retraites, a renforcé une image d'autoritarisme. Par ailleurs, les discours sur la laïcité, souvent interprétés comme des attaques déguisées contre les musulmans en France, sont perçus comme des tentatives pour séduire l'électorat de droite et de l'extrême droite, au détriment de l'unité nationale.

5. Un virage qui affaiblit la diplomatie et l'image de la France

Le positionnement de Macron ternit l'image de la France en tant que nation des droits de l'homme et affaiblit sa diplomatie. En Afrique et dans le monde arabe, cette posture est souvent perçue comme hypocrite, car elle contraste avec les idéaux de liberté et de justice que la France affirme défendre. Le résultat est une perte de crédibilité, rendant plus difficile la coopération avec les pays qui perçoivent la France comme une puissance néocoloniale en déclin. En somme, les orientations politiques de Macron, qu'elles soient dictées par des calculs électoraux ou des choix idéologiques, tendent vers un mélange de conservatisme et de néocolonialisme. Cette approche risque non seulement de fracturer la société française, mais également de distancer la France de ses partenaires internationaux, qui pourraient se tourner vers d'autres alliances perçues comme plus équitables et respectueuses de leur souveraineté.




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