Alger - COMMUNES

Projet de loi de finances 2025/Il met en place les jalons d'une nouvelle trajectoire L'année des grands challenges



Publié le 13.10.2024 dans le Quotidien l’Expression
L'on peut estimer que l'ambition «secrète» est de faire de l'Algérie la Chine de l'Afrique.
Une loi et beaucoup d'ambitions.
Une loi de finances est la boussole du gouvernement sur l'année de son application. C'est, disent les spécialistes, la plus importante loi, puisqu'elle fixe les priorités de l'État, à travers des dotations financières distribuées sur les secteurs d'activité, selon l'importance que l'Exécutif leur accorde. Le projet de loi de finances 2025 qui a atterri sur le bureau de l'APN est on ne peut plus particulière. C'est d'abord la première du second mandat du président de la République. L'on n'est certainement pas dans la logique de la période de grâce, les fameux 100 jours qu'accorde la société aux chefs d'État fraîchement élus. Aussi, le challenge d' Abdelmadjid Tebboune ne se résume pas à la mise en oeuvre des engagements qu'il a pris durant la campagne électorale. Les Algériens les connaissent parfaitement: 2 millions de logements, 450000 emplois, des mesures sociales fortes à l'endroit des catégories sociales fragiles et un dialogue national ouvert et démocratique. L'enjeu principal de cette loi de finances 2025 ne se résume pas seulement à une sorte de pari chiffré ou de climat social. Réalisé sur la base d'une trajectoire qui va jusqu'à 2027, le texte législatif, qui transitera par les deux chambres du Parlement avant d'entrer en vigueur le 1er janvier prochain, a une réelle ambition d'émergence. Au-delà des aspects pratiques, du PIB qui doit se rapprocher des 400 milliards de dollars et des prévisions d'exportations hors hydrocarbures, le président de la République entend mettre l'Algérie sur une nouvelle trajectoire. Pour Abdelmadjid Tebboune, il ne s'agit pas d'aligner des victoires conjoncturelles, mais de pousser la «machine Algérie» jusqu'à atteindre une vitesse de croisière qui lui ferait changer une courbe de croissance pour l'installer dans l'orbite du développement durable. Quelle que soit la justesse de ses prévisions, une loi de finances ne saurait, à elle seule, réaliser pareil bond, mais elle est clairement l'outil majeur de l'Exécutif pour cadrer la marche du pays vers des horizons économiques et sociales proches des pays développés. Il convient de noter, à ce propos, l'importance du dialogue politique, mais aussi social pour garantir une harmonie dans l'ascension de l'Algérie vers son objectif stratégique. Ce dernier n'est pas uniquement économique, politique ou diplomatique. C'est l'association de tous les leviers dont peut disposer la nation pour lui donner la possibilité de devenir incontournable dans sa zone d'influence et au-delà, en Afrique ainsi que dans l'espace méditerranéen. C'est à ce prix que le pays du million et demi de martyrs garantira sa survie à long terme. Cette loi de finances est importante parce qu'elle intègre les facteurs économiques, financiers et juridiques susceptibles de permettre à l'Algérie d'instaurer un climat propice à faire d'elle une sorte d'aimant pour les investissements étrangers. C'est déjà un peu le cas, mais il faut absolument atteindre, dans les deux ans, la masse critique de projets qui fera propulser le pays à un niveau supérieur d'efficacité économique. Le président de la République ne l'a pas formulé dans des termes très clairs, mais l'on peut estimer que l'ambition «secrète» est de faire de l'Algérie la Chine de l'Afrique. Déjà très impliqué dans l'alimentation de l'Europe en énergies fossile et renouvelable, le pays est actuellement en passe de développer un certain nombre d'industries qui en feront un pôle de puissance et d'attraction pour les capitaux étrangers. Le rythme accéléré pris dans la maîtrise des nouvelles technologies à travers les nombreuses écoles supérieures versées dans l'intelligence artificielle, les mathématiques et la cybersécurité, pour ne citer que les plus en vue, relève d'une volonté de devenir à moyen terme producteur et développeur de technologies avancées. Même le soutien volontariste du président de la République apporté à l'Agence spatiale algérienne procède de cette même logique. La puissance économique que l'Algérie cherche à posséder est couplée avec une vision militaire défensive mais très claire. L'ANP est un élément majeur de la puissance de l'Algérie. Fierté du peuple, elle se développe à un rythme tout aussi accéléré et se positionne déjà comme le bras armé d'une République émergente. Car, faut-il encore le souligner, un grand pays doit savoir s'octroyer sa propre force de dissuasion.
Le propos n'est pas de comparer l'Algérie à la Chine, mais il est entendu que le pays a les capacités économiques, en ressources naturelles et humaines, à rayonner sur tout le continent africain. Il y a lieu de relever, à ce propos, que les plus grandes puissances du moment, se rendent à l'évidence que l'Algérie est véritablement souveraine, forte par son armée et son peuple. De fait, constatent-ils, que sa candidature pour postuler à un statut de pôle de puissance majeur dans un nouvel ordre multipolaire, est légitime. Mais pour y parvenir, l'Algérie a deux ans pour mettre en place son dispositif. Et le président Tebboune a 5 ans pour faire de l'Algérie une puissance émergente au triple plan politique, économique et social.
Saïd BOUCETTA



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