Alger - Revue de Presse

Plaidoyer pour la conclusion d'un « deal »



La liberté de la presse et son impact sur le déroulement du procès pénal, la liberté de la presse et la protection contre les atteintes à la vie privée des gens » sont, entre autres, les questions à l'ordre du jour de la 14e réunion du groupe africain de l'Union internationale des magistrats, dont les travaux ont débuté hier au siège de la Cour suprême à Alger. Organisée par le Syndicat national des magistrats (SNM), cette rencontre ayant pour thème « L'information et la magistrature » a vu la participation de José-Maria Bento Company, président de l'Union internationale des magistrats, de Fatoumata Diakite, présidente du Groupe africain, de procureurs généraux, de magistrats et de journalistes. Dans son intervention, Djamel Laïdouni, président du SNM, a annoncé la création prochaine d'une instance qui servira de relais entre la justice et la presse. « Il est impérativement important de mettre en place cette structure qui sera un intermédiaire entre le secteur de la justice et le monde de la presse », fera-t-il remarquer. Selon lui, « cette instance alimentera en information les journalistes et leur évitera ainsi de tomber dans la désinformation ». Des magistrats, souligne-t-il, suivent actuellement une formation leur permettant de mener à bien cette mission. Le premier responsable du syndicat a également fait part de la contribution du secteur de la justice à l'enrichissement du code de l'information en phase de finalisation, et ce, en proposant des amendements allant dans le sens de la protection du journaliste, de l'accès à l'information... Abordant le sujet, objet du débat, le président du syndicat a mis l'accent sur « l'interdépendance » de l'information et de la justice « dans la lutte contre les problèmes de la société », précisant que « tous les deux sont en quête de la vérité ». La liberté d'opinion, a-t-il poursuivi, « revêt dans notre pays, depuis de nombreuses années, une importance primordiale et est ancrée dans la vie de la société et des entreprises ». M. Laïdouni est persuadé que l'approche médias-magistrats nécessiterait une organisation et un encadrement de la relation entre les deux parties de manière à garantir l'équilibre entre similitudes et contradictions dans l'intérêt général de la société. Pour le président du syndicat, les points communs entre ces deux secteurs sont leur nécessaire engagement à la préservation de l'ordre public, de l'intégrité de la vie privée et de l'honneur des individus.Indépendance de la justice« Il existe une complémentarité et une synergie entre la liberté d'expression et les missions de la justice », pense le président du SNM. Dans le même ordre d'idées, José-Maria Bento Company a insisté sur l'importance de l'indépendance de la justice dans le but de garantir les droits de l'homme. L'orateur partage le point de vue du syndicat quant à « la complémentarité » des objectifs de l'information et de la justice et plaide pour une information objective qui ne déforme pas les faits. La justice, a-t-il ajouté « doit échapper aux tentatives de manipulation politique et de domination de la part des pouvoirs politiques auxquelles fait face l'Union ». Pour sa part, Fatoumata Diakite a souligné la nécessité pour ce groupe d'avoir son propre statut et de jouir de la qualité de membre observateur de l'Union africaine. L'intervenante a appelé les participants à réfléchir sur la manière avec laquelle ils peuvent concilier la justice et la presse. Nul n'ignore, explique l'oratrice, que la procédure judiciaire se déroule à l'abri des regards, alors que la presse cherche à obtenir des informations pour une large diffusion. « Nous devons chercher à concilier ces deux impératifs sans entraver le travail de la justice et le droit à l'information. La relation entre la justice et la presse doit être plus paisible », a indiqué la présidente du groupe africain. Par ailleurs, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, a estimé que « le magistrat du parquet qui défend la société est habilité à informer, par le biais de la presse, l'opinion publique conformément à l'article 11 du code de procédures pénales amendé qui accorde au parquet le droit de faire des déclarations sans atteinte à la présomption d'innocence ou influer le déroulement normal du procès ». Il précise en outre, que « le juge d'instance n'a en aucun cas le droit de faire des déclarations à la presse », concernant des questions traitées en justice, car à son avis « il est tenu par le secret du dossier qu'il traite ». Le garde des Sceaux a insisté sur « l'importance pour les secteurs de l'information et de la justice de prendre conscience des obligations de chacun et d''uvrer en faveur d'actions complémentaires ». Le ministre a souligné « l'interaction entre la presse et la liberté d'expression d'une part et la protection de la vie privée des individus et l'impact induit sur le principe de la présomption d'innocence et le déroulement du procès, d'autre part ».


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