Alger - Revue de Presse

Ouverture de la frontière terrestre algéro-marocaine



Les objectifs cachés de Rabat Les attaques verbales de Mohamed VI contre le maintien par l’Algérie de la fermeture des frontières terrestres ne témoignent d’aucun signe d’impatience ou d’énervement de la part de Rabat. Il s’agit en fait d’un acte politique qui vise un triple objectif…   Le premier objectif du Maroc a trait à la question du Sahara occidental, non pas en raison du différend lui-même, mais en raison de la position traditionnelle de Rabat qui entend faire savoir au monde entier que le problème l’oppose à l’Algérie et non au Front Polisario qui, selon elle, n’existe pas.  En affirmant que «les différences de points de vue dans ce conflit ne sauraient justifier la poursuite de la fermeture des frontières», le roi Mohamed VI va dans le droit fil de cette logique qui entend faire de l’Algérie le protagoniste direct et unique dans ce dossier. La seconde raison qui a animé ce discours inattendu de la part du souverain marocain est l’effondrement de l’économie de la région Est du Maroc (le Maroc oriental comme on le désigne) depuis la fermeture des frontières en 1994. Les six premiers mois qui avaient suivi cette fermeture ont vu l’économie marocaine perdre pas moins de 18 milliards de dirhams en manque à gagner, sans compter les nombreux investissements consentis par beaucoup de sociétés et de particuliers marocains dans les domaines de l’hôtellerie, de la restauration, de la distribution et des loisirs. Certes, le Maroc a, depuis, lancé beaucoup d’opérations pour venir en aide à la région d’Oujda dans le cadre d’un plan de développement décentralisé, mais plus rien ne ressemble à l’âge d’or du début des années 1990. Rabat présente cela sous le prisme des liens familiaux entre les deux peuples. «Cette mesure unilatérale est vécue par les deux peuples comme une sanction collective incompatible avec leurs liens de fraternité historique», a dit le roi du Maroc. Pourtant, ce n’est là qu’une demi-vérité. D’abord, la frontière terrestre entre les deux pays a été fermée en 1994 à la suite d’un attentat terroriste à Marrakech, suite surtout à la réaction des autorités marocains qui avaient expulsé manu militari des milliers de touristes algériens, et ce, sans aucune distinction. Depuis, Rabat accuse Alger de profiter de cet incident pour en faire une monnaie d’échange dans le cadre du conflit sur le Sahara occidental. Ce qui est totalement faux, puisque l’ouverture de 1989 s’est faite suite au paraphe ente les deux anciens chefs d’Etat (Chadli Bendjedid et Hassan II) du tracé définitif des frontières à travers lequel le Maroc abandonnait définitivement toute revendication sur la région de Tindouf! De plus, cela fait des années, soit depuis 2000, que le gouvernement algérien espère une réelle avancée dans le travail de la commission mixte chargée de trouver des solutions communes aux problèmes que connaissent les frontières. A ce jour, ni la contrebande ni le trafic de drogue n’ont diminué d’intensité, alors que l’épineux dossier de l’émigration clandestine demeure un sujet que les deux parties ont encore du mal à traiter. Rabat présente le maintien de la fermeture des frontières comme un chantage. En réalité, jamais le Maroc n’est à même de donner des garanties que ce qui s’est produit en 1994 ne se répétera pas. Mais il y a surtout ce dernier objectif marocain qui est derrière l’insistance sur le problème des frontières, celui lié à la concurrence avec le marché tunisien qui draine pas moins de 3 milliards de dollars par an grâce aux touristes algériens. L’entente parfaite entre Alger et Tunis ne semble ainsi pas trop profiter à Rabat, d’autant que les autorités tunisiennes ont reçu des consignes strictes pour un traitement de faveur aux Algériens depuis que ce sont pratiquement eux qui ont sauvé une partie de l’économie tunisienne de la ruine dans laquelle a failli la plonger le fameux attentat de Djerba durant l’été 2002… Amine B.


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