Alger - Revue de Presse


Abdelaziz Belkhadem était, hier, àTanger pour participer avec sept partis politiques maghrébins à la commémorationdu 50ème anniversaire de la Conférence de Tanger. En ces temps maghrébins, toujoursinformes un demi-siècle après l'appel fondateur qui évoquait une «formefédérale» pour les pays du Maghreb, cette participation aurait gagné à êtreélargie à d'autres partis algériens. Certes, c'est en sa qualité de secrétairegénéral du parti FLN que M. Belkhadem a participé àcette rencontre qui évoque la conférence fondatrice des trois partisnationalistes maghrébins, l'Istiqlal, le Néo-Destouret le FLN. Mais s'il est évident que le FLN veut assumer une filiation avec leFLN historique, cette histoire est aujourd'hui le patrimoine commun desAlgériens. D'autres partis que le FLN ont adopté, au moins au plan doctrinal, celegs et cette promesse non encore réalisée.Une présence partisane algérienne élargie aurait permis, endépit de vicissitudes actuelles, d'affirmer que cette perspective est largementpartagée. On peut constater en effet que la réunion de Tanger ne se limite pasaux trois partis historiques mais qu'elle s'est ouverte à d'autres partismarocains, libyen ou mauritaniens. D'autres partis algériens, y compris ceuxqui sont dans l'opposition, auraient pu avoir naturellement leur place danscette rencontre qui, c'est une évidence, ne peut occulter la triste réalitéd'un Maghreb qui reste à l'état d'idée alors qu'ailleurs des groupes régionaux,beaucoup moins évidents, se forment et se construisent. En tout cas, il fautespérer, même si l'on est sceptique, que la rencontre de Tanger ne soit pasréduite à une cérémonie protocolaire où l'on se contente de se serrer les mainset de pontifier.L'état actuel des relations intermaghrébines est affligeantet il ne peut se satisfaire - à moins d'un renoncement qui n'est pas assumépubliquement - de discussions protocolaires. On a de nombreuses raisons pourrester attaché à l'impulsion du projet maghrébin. La fidélité à l'histoire, biensûr, et l'attachement à un acte fondateur qui s'est déroulé en une périodesensible pour les peuples maghrébins. Mais il ne s'agit pas d'un attachementpurement sentimental, bien que cela soit respectable. Il faut relire larésolution sur le Maghreb adoptée par la Conférence de Tanger pour constater que sonactualité reste intacte. On peut surtout y voir l'existence d'une «vision» quia peu à peu disparu alors que les bouleversements mondiaux la rendentimpérieuse. On peut aussi mettre en avant que toutes les économies gagneraientà l'existence d'un espace maghrébin où la libre circulation des personnes etdes biens est consacrée. La démonstration a été trop souvent faite sur le coûtnégatif du non-Maghreb pour la croissance des paysmaghrébins.Bien entendu, il ne sert à rien de feindre d'ignorer quedes problèmes politiques entravent cette marche. Mais n'est-ce pas la perte devue de la vision originelle qui transforme ces problèmes politiques en des mursinsurmontables ? Cinquante ans après Tanger, les pouvoirs ayant apporté lespreuves de leurs limites, le Maghreb a besoin d'une implication forte dessociétés civiles pour le sortir de l'ornière.


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