Ce jeudi 5 décembre, c'était la Journée internationale des volontaires établie par l'Assemblée générale des Nations unies en 1985. En Algérie, elle a donné lieu, vendredi, à diverses activités.A cette occasion, le nouveau ministre de la Jeunesse chargé du Conseil supérieur de la jeunesse (CSJ), Mustapha Hidaoui, a appelé les jeunes à «consacrer les valeurs humaines et de citoyenneté, léguées par les héros de la glorieuse Révolution de libération», et à «la solidarité et à l'entraide à travers ces différentes activités, telles que la participation à des campagnes de nettoyage de l'environnement et la contribution à l'amélioration de la qualité de vie». La tradition du volontariat en Algérie remonte aux premiers mois après l'indépendance.
Les premières actions ont pris une dimension politique du fait qu'elles découlaient d'un mouvement de mobilisation visant à contribuer à la reconstruction du pays et à remédier aux séquelles laissées par le colonialisme, notamment la destruction des forêts. Ainsi, en mai 1963, 2.000 volontaires ont participé à une action de reboisement en plantant des arbres dans la forêt de Baïnem qui avait été incendiée en 1957 par l'armée française.
Moins d'un an à peine après la fin de la Guerre d'indépendance, les traces laissées par le napalm de l'OTAN largué par l'armée coloniale française à partir d'avions américains, étaient visibles partout dans les forêts où les combattants de l'ALN (Armée de libération nationale) trouvaient refuge. C'était le cas des pentes de l'Arbatache (près de Khemis El Khechna, à 30 km à l'Est d'Alger) où la surface forestière était pratiquement dénudée et facilitait l'érosion du sol qui allait envaser le barrage Hamiz.
Le 21 avril 1963, une grande journée de volontariat pour le reboisement a été organisée justement à l'Arbatache. Ce jour-là, quasiment tous les habitants d'Alger sont partis à l'Arbatache pour planter près de 500.000 arbres. La même action s'est déroulée dans d'autres villes du pays. Au début du même mois d'avril 1963, un millier de personnes ont participé à une journée de l'arbre pour reboiser dans la forêt de Theniet El Had. L'idée qui animait les volontaires était de couvrir la patrie de forêts pour protéger les barrages contre l'érosion qui provoquait leur envasement.
L'été 1963, un mouvement de volontariat a mobilisé de façon spectaculaire les jeunes et particulièrement les étudiants. A Oued Fodda, à 20 km à l'Est de Chlef, un chantier national de volontariat a été organisé pour traiter 6.000 hectares. Il s'agissait, comme pour le Hamiz, de protéger le barrage Oued Fodda de l'érosion, en plantant des arbres sur les versants brûlés par le napalm largué par l'armée coloniale pendant la Guerre de libération. Deux autres chantiers de volontariat ont été créés l'année suivante près de Tizi Ouzou, aux Ouadhias et à Azzefoun. A ce jour, la plantation d'arbres reste du domaine du volontariat. Plus tard, dans les années 1970, le volontariat des étudiants pour la Révolution agraire donnera une dimension institutionnelle à ce mouvement né sur les versants de l'Arbatache, une dizaine d'années auparavant. La tradition du volontariat a été rompue dans les années 1980, dans le cours du tournant libéral autoritaire qui a cassé les «organisations de masse». L'esprit du bénévolat a alors été détruit pour laisser place à la course vers l'argent qui était encouragé, sous le couvert de ?'faire des affaires , et qui a été transformé en préoccupation dominante dans la société, à ce jour. Le volontariat a fini par disparaître pour laisser place aux «campagnes» institutionnelles, de propreté ou autres, préparées «d'en haut» en dehors de la population qui, en retour, n'y participe pas. Marquées par des contradictions dans leur conception et dans leur mise en œuvre, ces «campagnes», motivées par le souci du «spectacle» médiatisé pour les besoins de la propagande politique, n'ont jamais réussi à mettre fin à l'insalubrité et à la saleté, dues à l'incivisme. L'été dernier, le jeudi 8 août précisément, des jeunes ont été mobilisés pour participer au nettoyage des rues des quartiers d'Alger, aux côtés des agents de la voierie qui ont fait le gros du travail. Ce vendredi, la Journée internationale du volontariat, une action de propreté organisé à Alger a prouvé qu'il est exclu de revenir aux formats des «campagnes» des années 1960 et 1970, qui étaient une réussite.
Lakhdar A.
Posté Le : 08/12/2024
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rédaction LNR
Source : www.lnr-dz.com