Alger - Casbah d'Alger

LE DEVENIR DES CENTRES HISTORIQUES EN ALGÉRIE. FACE À L’ÉCHEC DE LA PRISE EN CHARGE DE LA CASBAH D’ALGER. (I)



LE DEVENIR DES CENTRES HISTORIQUES EN ALGÉRIE. FACE À L’ÉCHEC DE LA PRISE EN CHARGE DE LA CASBAH D’ALGER. (I)
Introduction

Le but recherché par cette modeste réflexion est de traiter des causes méta-techniques de dégradation des centres historiques en Algérie et de suggérer des issues sur le plan, tout particulièrement, de la gestion de la crise caractérisant leur prise en charge, en vue de leur revalorisation.

Si nous évoquons souvent la Casbah dans le présent texte, c’est seulement pour des raisons pratiques ; car la Casbah d’Alger, de par son appartenance à une ville au statut de capitale, illustre de façon exaltée et mieux que tout autre centre historique les anomalies et les maladresses à l’origine de la paralysie de la majorité des acteurs impliqués, directement ou indirectement, dans le devenir des ensembles historiques habités depuis l’Indépendance à ce jour.

Le triste tableau de l’état de conservation du bâti et du tissu de la Casbah d’Alger, dont les effets de dégradation n’ont cessé de suivre une progression croissante depuis l’Indépendance à ce jour, laisse paradoxalement entrevoir l’énorme « talon d’Achille » d’un pays victorieux de la guerre et de la misère, déterminé à se placer sur l’orbite de la « modernité ».

S’il est permis d’illustrer au mieux ce contraste entre la frilosité d’engager la revalorisation d’un centre historique et l’extrême volonté en faveur du lancement de nouveaux projets de construction, la comparaison de la gestion actuelle de la Casbah d’Alger avec celle de la mosquée El Djazaïr en est l’exemple le plus significatif, si toutefois nous excluons le paramètre de l’assistance étrangère.

Il serait trop facile de se précipiter pour clore le dossier de la Casbah d’Alger, ou de tout autre centre historique situé sur le territoire national, en se contentant du constat immédiat de manque de volonté politique sans s’accorder le temps nécessaire à la réflexion pour poursuivre l’analyse dans les abîmes de l’histoire, de la société, de la politique et de la technique. En somme, il convient de ramener l’étude de la problématique du « délaissement involontaire » des centres historiques au contexte culturel, moment par moment depuis l’Indépendance à ce jour. Car ce serait peu crédible d’attribuer l’état de conservation pitoyable des centres historiques à une cause unique. Il va de soi que chacune des causes joue un rôle déterminé et occupe une place relativement précise dans le système hiérarchisé des conditions à réunir en vue de procéder à la revalorisation des centres historiques.

Autrefois, avant la promulgation de la nouvelle loi de 1998 relative à la protection du patrimoine culturel, une unanimité apparente expliquait la condamnation à l’abandon et la dégradation d’un grand nombre de centres historiques par l’inactivisme des pouvoirs publics et des techniciens ; et de manière plus profonde, au manque d’une législation appropriée. Dès 2005, avec l’apparition des derniers textes d’application et la création des secteurs sauvegardés en substitution au classement monumental, alors que la situation au niveau des responsabilités commence à peine à s’éclaircir (la commune n’a plus le droit de procéder à des démolitions dans le secteur sauvegardé sous prétexte du respect de la sécurité des citoyens), l’état actuel du patrimoine bâti n’a pas contribué à lever les inquiétudes.

Certes, on parle pour la Casbah de « Plan d’attaque », mais sans clarté des objectifs ni de la démarche méthodologique à mettre en place dans un cadre consensuel qui impliquerait tous les acteurs intervenant directement ou indirectement sur les centres historiques : la wilaya avec l’ensemble des représentations sectorielles et des élus, la commune, les propriétaires des biens bâtis au sein du secteur sauvegardé et la société civile ; ainsi que les architectes, les archéologues et surtout les urbanistes, habilités techniquement à intervenir sur le patrimoine culturel protégé ou non.

Ce « Plan d’attaque », qui ignore volontairement le principe selon lequel « le patrimoine est l’affaire de tous », apparait après approbation et publication du PPSMVSS de la Casbah d’Alger et à la suite de la grande désillusion de « restaurer toutes les bâtisses de la Casbah » sur la base d’un document règlementaire. Disons pour l’instant, que d’emblée il est dommage, franchement dommage de parler encore d’« attaque » à l’adresse du bâti de la Casbah. Après les bombardements des flottes européennes d’avant 1830, de l’aviation des Alliés en 1942, les raids des unités de Bijard et les sapes de l’OAS lors de la bataille d’Alger et, sans compter les compagnes de démolition menées à l’époque française sous le signe de « Guerre aux taudis » qui se soldera à la fin des années 1930 par la disparition du Quartier de la Marine, les démolitions systématiques effectuées après l’Indépendance sous prétexte de veiller à la sécurité des citoyens, la Casbah d’aujourd’hui continue à suggérer la libido belliqueuse et n’en finit pas avec les agressions…





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