L’Algérie détient-elle la clé de la médiation ?
Dans la crise qui oppose depuis quelques semaines la Suisse à la Libye, à la suite de l’arrestation musclé du fils du guide de la Révolution libyenne, Hannibal, la situation demeure en l’état puisque aucune avancée significative n’a été enregistrée jusqu’à présent.
La Libye de Kadhafi a exigé de la Suisse qu’elle retire la plainte déposée contre Hannibal et des excuses que Mme Calmy Rey devrait prononcer sur la chaîne de télévision Al Jazeera. Depuis quelques jours, on évoque l’Algérie comme possible médiateur. Pourquoi l’Algérie? Il se trouve que le substitut suisse, Yves Bertossa, qui était de garde ce jour-là et a autorisé l’exécution rapide de la plainte déposée contre le fils Kadhafi, est le fils du célèbre avocat du FLN, Bernard Bertossa. Celui-ci constituait avec Me Mourad Oussedik, aujourd’hui décédé, le collectif d’avocats qui défendait les prisonniers algériens en France. Mais cela constitue-t-il un atout entre les mains de l’Algérie à même de lui permettre de jouer ce grand rôle de médiateur que d’aucuns lui attribue? L’Algérie détient-elle ainsi la clé de la médiation entre la Libye et la Suisse?
Hannibal Kadhafi, le second fils du colonel Mouammar el Kadhafi a été interpellé, rappelons-le, il y a quelques jours lors d’une descente de police dans un grand hôtel de Genève. Le chef d’inculpation officiel reste inconnu. Mais, selon le bureau genevois de la RSR, le jeune Hannibal a été interpellé avec ses gardes du corps, lors d’une descente de police à l’hôtel du Président Wilson. Il a passé la nuit sous les verrous au Palais de justice. L’affaire serait liée à de mauvais traitements de domestiques, l’un Marocain et l’autre Tunisien. Hannibal Kadhafi, 32 ans, est connu –si l’on se rapporte à la presse- pour ses frasques en France. Il avait été condamné le 23 mai 2005 par un tribunal parisien à 4 mois de prison avec sursis pour avoir battu sa concubine, alors enceinte. En 2007, il a fait l’objet d’une enquête du parquet de Nice suite au démantèlement d’un réseau de call-girls.
Pour les Libyens, Genève est allée plus loin que la France. A Paris, jamais le fils Kadhafi n’avait passé une nuit en prison. Cette nuit sous les verrous à Genève constitue donc une humiliation supplémentaire qui suscite la colère des autorités libyennes. En signe de représailles contre les autorités suisses, la Libye a procédé à l’arrestation de deux Suisses qui sont devenus les otages malgré eux de ce conflit. Aujourd’hui, ils sont à leur 16ème jour de captivité en territoire libyen. De plus, la Libye a mis en place un boycott commercial sur des produits suisses, dont les carburants qui sont vendus par la société suisse Tamoil. Les avoirs libyens déposés ou gérés dans des banques ou des établissements financiers suisses, ou gérés par ces derniers, s’élevaient à 6,56 milliards de francs, selon les dernières statistiques de la Banque nationale (BNS), au 31 décembre 2007. Ce montant correspond à 0,24% du total des dépôts et des avoirs sous gestion fiduciaire. Les avoirs libyens se répartissent de la manière suivante: les dépôts s’élèvent à 5,748 milliards de francs, dont 5,149 milliards déposés auprès des banques. Les placements fiduciaires - autrement dit la gestion de fortune - concernent un montant de 812 millions de francs. La tendance est à la hausse. En 2005, les engagements des banques et institutions financières envers des Libyens se montaient à 2,31 milliards de francs.
Saïd Farhi
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Posté Le : 05/08/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com