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L'avenue du maréchal Bugeaud à Paris débaptisée Quand l'Histoire prend sa revanche...



Publié le 12.10.2024 dans le Quotidien l’Expression
Face à la frange raciste de la sphère politique, la France authentique reprend du poil de la bête et lance sa propre offensive médiatique.
L’artisan de la terre brûlée «descend» de cheval.
L'avenue du maréchal Bugeaud, à Paris, changera de nom lundi prochain. Elle portera celui d'un résistant français de la Seconde Guerre mondiale décédé en 2021. Ainsi, cette avenue, rendue tristement célèbre pour avoir porté le nom d'un criminel de guerre et un des architectes de la terre brûlée en Algérie, sera rebaptisée Hubert Germain. La mairie de Paris qui, semble-t-il, est à l'initiative de ce changement de nom, motive sa décision par son souhait de «rendre un dernier hommage» au résistant, qui était «l'ultime survivant des Compagnons de la Libération». Un argument que les Français peuvent juger recevable, sauf que la véritable motivation date de novembre 2023. La maire PS, Anne Hidalgo, avait abordé la question de changer le nom de l'avenue, en rapport avec le «rôle éminemment néfaste» joué par Bugeaud en Algérie. Dans les années 1830-1840, il s'était «rendu coupable de ce qui serait aujourd'hui qualifié de crimes de guerre», expliquait la maire de Paris, forte du soutien de l'écrasante majorité des élus de la capitale française. Cette annonce, dont la conséquence est la remise de la plaque «Bugeaud» dans le musée de l'Histoire de Paris, intervient dans un contexte de grande polémique en France même, autour des relations entre l'Algérie et la France. L'extrême droite mène une véritable guerre médiatique contre l'accord de 1968, instrumentalise la question des «Obligations de quitter le territoire français (Oqtf)» et falsifie l'Histoire, dans le seul but de monter l'opinion publique française contre l'Algérie. Il faut dire que face à cette frange raciste de la sphère politique de l'Hexagone, la France authentique reprend du poil de la bête et lance sa propre offensive médiatique. La récente sortie de l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, illustre assez bien la passe d'armes entre des lobbies sionistes et anti-Algériens et une France droite dans ses bottes qui a visiblement décidé de dire son mot. Cette France ne se limite pas à De Villepin.
D'autres grands noms de la politique française, à l'image de l'ancien ministre de l'Intérieur, Jean-pierre Chevènement, ou celui des Affaires étrangères, Roland Dumas et bien d'autres personnalités françaises qui ont jeté des ponts entre Alger et Paris, à l'image d'Arnaud Montebourg et le défunt Roger Hanin.
Dans cette France authentique, on reconnaît le journaliste Jean-Michel Apathie, à l'origine de la dénonciation, en France, du criminel Bugeaud, mais aussi Lamoricière et d'autres criminels de guerre, dont les actes génocidaires en Algérie sont documentés. Cette même France qui entend dialoguer avec l'Algérie d'égal à égal compte aussi l'actuel président Emmanuel Macron qui, indépendamment de gestes politiciens malheureux, a multiplié les signaux positifs. L'institution de la Commission mixte d'historiens, dont il a récemment réuni les membres français témoigne d'une volonté de dépolitiser le débat mémoriel. L'Élysée a préconisé la poursuite du «travail de mémoire, de vérité et de réconciliation» avec l'Algérie. Même s'il faut bien se rendre à l'évidence que le communiqué de l'Élysée traitant de cette rencontre relève plus du voeu pieux, il reste que le président Macron a clairement énoncé son autre voeu, celui de «construire, dans le temps long, une réconciliation des mémoires, dans une démarche d'éducation et de transmission pour les jeunesses française et algérienne».
L'initiative de la maire de Paris qui consiste à débaptiser l'avenue du nom du criminel de guerre participe justement de cette oeuvre que la France authentique voudrait édifier avec l'Algérie indépendante.
Saïd BOUCETTA



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