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L'Algérie a-t-elle le feu sacré '


L'Algérie brûle. Et ce n'est pas une image. Elle se consume au gré des feux qu'on y a allumés, en grattant une allumette, en désertant la place publique, en faisant le mort ou en tournant l'interrupteur. L'Algérie brûle dans le noir, c'ur de ses habitants, et les flammes rallongent un Ramadhan ardu. Chauffant davantage, le thermomètre divin et ce sont les fourneaux de Dieu qui respirent. Les forêts sont mangées par le feu qui a pris son départ dans les marchés, incendiant les consciences et les poches. Pourtant, l'Algérie n'en finit plus de brûler, depuis 1830, selon les historiens officiels, carbonisant ses enfants avant ses ennemis. C'est elle qui a découvert le feu sacré, disent les peintures rupestres du Tassili mais qu'il a été monopolisé par les enfants de Novembre, explique une opposition anti-inflammable. Elle puise son charbon dans la peau de ses cartes d'identité vertes et regarde par les fenêtres de la République ce feu de joie qui court à travers les villages et les douars de l'Algérie inutile. Les incendies se sont succédé au tas de cendres pour mieux repartir dans leur rôle purificateur, destructeur des arrières-cours de l'indépendance. Et les pyromanes, en trois pièces, n'hésitent pas à souffler dedans pour que la flamme ne vacille pas, qu'elle ne fatigue pas et ne s'éteint jamais. Car tant qu'un feu brûle, la caravane passe. Les Algériens d'en bas sont occupés à essayer de le circonscrire pour qu'ils ne les mangent pas. Déjà qu'ils sont quotidiennement léchés par les flammes, à chaque fois qu'ils demandent après le prix d'une tomate ou d'une frite emballée. Et tant qu'ils sont occupés à chercher de l'eau dans les puits de Dieu, à la lumière de bougies, offertes en option par Sonelgaz, la caravane passe. L'Algérien des chiffres officiels de la misère nationale est aussi un combustible idéal pour les départs de feu. Il suffit de le tremper dans un peu d'essence diesel, le super est inabordable, pour qu'il s'enflamme. Une combustion spontanée que beaucoup de scientifiques voudraient comprendre mais s'interrogent sur son origine. Pourquoi s'enflamme-t-on, au sens propre s'entend, pour une motocyclette placée à la fourrière, pour un retrait de permis, une demande en mariage qui a mal tourné ou encore un travail refusé ou une mauvaise note à l'école. Autant de raisons absurdes et farfelues qui ont dévoyé un geste hautement symbolique pour le confiner finalement à la rubrique faits divers et porté sur le bilan des interventions de la Protection civile. Pour le mois de juillet, quinze interventions des sapeurs-pompiers dont six pour feux de forêts, trois pour accidents mortels de la circulation, deux pour noyade en eau trouble et quatre pour immolation. Bouazizi a allumé un feu et c'est toute la Tunisie qui s'est enflammée. Une centaine d'Algériens se sont transformés en torche vivante et puis plus rien. C'est ça la force du feu. Purificateur comme pour Ibrahim, Abraham selon BHL. Destructeur pour les sans grades. Et tant que l'Algérie des pauvres brûle, la caravane passe.
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