Kamel YAHIAOUI vit et travaille à Paris, il est né en Algérie en 1966 dans le quartier populaire de la Casbah d'Alger où il passe son enfance jusqu'à son départ en France au début des années 9o. Trouvant dans ses voyages en Afrique subsaharienne les traces de sa culture maternelle berbère, très tôt il s'affirme comme Africain.
La condition humaine et l'injustice sont pour lui des combats sincères auxquels il ne peut échapper sans se trahir ni trahir son histoire. Ainsi, son œuvre suscite toujours des réactions fortes.
Dans son enfance Kamel sera fortement marqué par l'extraordinaire inclination des femmes de sa famille à poétiser leurs grands moments de joie ou de peine. La poésie ne le quittera jamais, elle est indissociable de son travail de plasticien, même si elle relève plus chez lui de l'intime, elle tient une grande place tout comme la musique.
Jeune homme, ses prédispositions pour le dessin et la peinture prennent le dessus, il entre à l'École Nationale des Beaux-arts d'Alger.
En 1990, il s'installe en France et réalise trois séries de valises dont deux reprennent les titres de Kateb Yacine : Mohamed Reprends ta valise, La Valise un toit ambulant puis Les Ancêtres redoublent de férocité. Il enchaîne avec Spasmofolies, Les chercheurs du jour, Le square des innocents, L'homme manuscrit, L'homme et son état, Les enfants soldats, La mémoire séquestrée. La mort de son père le conduit à l'affrontement plastique avec la mort : il réalise « Mon père est un peuple » à partir des vêtements que ce dernier portait avant sa mort. Sa réflexion s'oriente sur les violences raciales, coloniales et ethniques qu’il dénonce sans répit à travers son hommage aux victimes de la différence et de la domination. En 2000, il retrouve à Alger et participe à une exposition symbolique au musée des Beaux-arts d’Alger.
En février 2006, dans son exposition Rideau d’Interrogation au Centre Culturel Algérien en France, Kamel Yahiaoui dénonce trois grandes déportations, celle des Africains par les négriers, celle des Algériens en Nouvelle-Calédonie et en Guyane après la révolte de 1871 et celle des juifs durant la seconde guerre mondiale. Très affecté par les souffrances sans fin du peuple palestinien, il réalise Les enfants des Intifada.
En 2008, il crée l’installation La Palestinienne ainsi que le poème Palestine dédiés aux victimes du massacre de Gaza qu’il qualifie de crime contre l’humanité.
(Fragments du texte de Nathalie Claud)
Posté Le : 14/12/2015
Posté par : frankfurter
Source : FIAC Alger 2015