C'est un « classique » des lendemains (ensanglantés) de fêtes. A peine effleurés, les récurrents questionnements sur la croissance démesurée de la contrebande d'articles pyrotechniques tombent aussitôt dans l'oubli. Face à un trafic résolument organisé et pratiqué à grande échelle, les pouvoirs publics adoptent l'inaction. En dépit des nombreuses victimes, des incendies provoqués, du manque à gagner pour le Trésor, aucune mesure énergique, aucune velléité de sévir contre la pègre du pyrotechnique ne sont à mettre à l'actif des services de l'Etat.
Interdit en vertu de l'ordonnance 05-06 du 23 août 2005 relative à la lutte contre la contrebande, mais visiblement toléré, le commerce juteux des pétards prospère sous l''il bienveillant de la République. Pourtant connus et identifiés par les services spécialisés, les importateurs attitrés de ces produits prohibés ' notamment pour leur extrême dangerosité ' ne sont presque jamais inquiétés. Importés par conteneurs des pays d'Asie et transitant par les plus grands ports du pays, les produits en question ne trouvent aucun mal à traverser des frontières passoires et inonder le marché.Les saisies opérées par les douanes et les services de lutte contre la fraude au niveau des ports ' une goutte d'eau dans l'océan ' sont symptomatiques de l'ampleur de ce trafic. Plus de 25 millions d'articles pyrotechniques ont été saisis pendant les mois de janvier et février derniers, d'après un bilan des Douanes, contre 46 millions pour toute l'année 2006 (l'équivalent de 2,3 milliards de dinars), 11 millions en 2007 et 3,5 millions en 2008. Les ports d'Alger, de Skikda, d'Oran et de Annaba détiennent en la matière la palme d'or. Aux avant-postes de la lutte contre la contrebande, les services des douanes sont régulièrement pointés du doigt pour leur non-performance à protéger l'économie nationale des périls de la contrebande multiforme. Dispositif de contrôle défaillant, traitement préférentiel et complicité avec les importateurs, les reproches faits à certains agents de ce corps sont nombreux.Véritable talon d'Achille, les Douanes reconnaissent l'impossibilité technique de systématiser les contrôles. « Il nous est quasiment impossible de tout contrôler. Comment le pourrions-nous, sachant que ce sont des milliers de conteneurs qui sont déchargés chaque jour dans nos ports ' », avoue un haut responsable à la direction générale des Douanes. Face à la multitude de conteneurs qui arrivent dans les ports, les agents douaniers procèdent, dit-il, « par ciblage ». « Seuls les conteneurs suspectés de contenir des produits de contrebande sont soumis au scanner. » Les produits pyrotechniques sont dissimulés dans des conteneurs de marchandises objets de fausses déclarations. A la question de savoir si les services des Douanes ont identifié les importateurs fraudeurs d'articles pyrotechniques, le responsable en question rétorque que ces derniers utilisent souvent des prête-noms ou louent des registres du commerce.
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Posté Le : 11/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohand Aziri
Source : www.elwatan.com