Alger

Il nous a quittés le 28 janvier 1983 Slimane Azem, toujours maître



Il nous a quittés le 28 janvier 1983 Slimane Azem, toujours maître
Publié le 28.01.2024 dans le Quotidien l’Expression

En dépit des décennies qui passent et du temps qui s'écoule inexorablement, Slimane Azem demeure toujours indéniablement le maitre incontestable de la chanson kabyle, toutes générations confondues.

Aujourd'hui (dimanche 28 janvier), c'est le 41ème anniversaire du décès de ce géant. Un géant de par son verbe poétique dont la prégnance est inénarrable et dont l'esthétique est ce qu'il y a de plus parfait. La preuve si besoin est, c'est cette immortalité de l'ensemble des chansons de Slimane, celles qu'il a interprétées en solo et celles qu'il a chantées avec l'autre maitre Cheikh Nordine. Ses chansons n'ont pris aucune ride en dépit du fait que 41 ans se sont égrenés depuis sa disparition physique en 1983. La chanson kabyle a beau être freinée par l'incursion de nouveaux rythmes et par les effets de l'irruption de la mondialisation, il n'en demeure pas moins que la place qu'a Slimane Azem demeure toujours importante dans la mesure où son oeuvre revient, de manière récurrente, au-devant de la scène comme le soleil réapparait constamment après les passages nuageux et le mauvais temps. Les oeuvres artistiques comme celles de Slimane Azem ne s'émoussent pas avec le temps ni sous l'effet d'une quelconque influence. On en veut pour preuve le nombre de chanteurs, toutes générations confondues, qui se sont inspirées et s'inspirent encore inlassablement des oeuvres artistiques de Slimane Azem. Certains sont directement marqués par ses créations musicales comme Kamel Messaoudi, Matoub Lounès, Rabah Asma, El Djida Tamechtouht, Rabah Lani... D'autres artistes sont plutôt séduits par sa poésie très dense et exquise. Slimane Azem a été prolifique. Il a abordé une infinité de sujets. Ceux auxquels on s'attendrait le moins ont été décortiqués poétiquement par le fils d'Agouni Gueghrane dont la source d'inspiration ne s'est jamais tarie. Il a constamment su innover en sujets n'ayant jamais été explorés avant lui. Cette capacité à déceler dans sa propre société ou chez les individus de cette dernière des aspects inexplorés poétiquement est unique chez Slimane Azem. Son génie créateur a su à chaque fois s'accompagner par une fécondité phénoménale concernant ses créations musicales frappées toutes ou presque par le sceau du génie. Les mélodies de Slimane Azem ont foncièrement un cachet unique et inimitable. Bien qu'il n'ait jamais suivi des cours de musique, Slimane Azem, en autodidacte parfait, a su enrichir la chanson algérienne de compositions musicales somptueuses. Les citer toutes serait impossible. On peut en revanche, en énumérer quelques-unes des plus splendides A Moh a Moh, Daghrib daverani, a thaguitart-iw, Nek bdigh s a Moh, Atas a y sebragh, Ur irouh, Afrux ifireles, Amentas mi ara yehsel... On ne peut pas parler de Slimane Azem sans évoquer, en la louant, sa voix d'un timbre suave. La grandeur de Slimane Azem en tant qu'artiste repose en effet sur trois piliers indissociables: ses poèmes, ses musiques et sa voix. Rares sont les artistes qui réunissent ces trois critères en même temps. Des interprètes possédant des voix magiques, ont très souvent recours à des auteurs compositeurs pour leur ficeler les titres à interpréter. Dans le cas de Slimane Azem, ce dernier était à la fois l'auteur compositeur et interprète. C'est là l'un des exploits majeurs de ce maître de la chanson kabyle. Maître, il l'a été de son vivant. Il l'est resté à sa mort. Qui pourrait dire le contraire? Même 41 ans après son décès.
Aomar MOHELLEBI



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