Discipline dure et contraignante, la boxe, dit-on, est réservée à quelques êtres exceptionnels aussi bien dans le domaine physique que psychique.C?est que la boxe consiste essentiellement à donner des coups. Et à en recevoir. En dépit de ce cliché défavorable, la boxe continue à fasciner les jeunes, alors que les anciens - pratiquants, entraîneurs, arbitres ou dirigeants - lui vouent une passion sans limite. Personnellement, nous avons toujours éprouvé du respect et la plus grande admiration pour ces «gladiateurs des temps modernes» qui se produisent sur les rings, afin d?assouvir leurs passions, mais également de satisfaire les amateurs du noble art. Aussi, c?est avec un grand plaisir que nous avons rencontré récemment Hocine Khalfi. Force est de reconnaître qu?à un âge (80 ans) où certaines personnes ne jouissent plus - ou si peu - de leurs facultés mentales, Khalfi jouit d?un remarquable équilibre, loin, très loin de l?image du vieux boxeur décrépi. L?explication la plus plausible est que Hocine Khalfi, très sagement, a raccroché les gants assez tôt (trop tôt pour ses admirateurs), ne cherchant pas à s?accrocher et à durer, au risque de mettre en danger son intégrité physique. C?est que l?enfant de Médioni, orphelin de père et de mère à 6 ans, a constamment fait les bons choix dans son parcours sportif et sa vie tout court. Elevé avec une chaude affection par son oncle Kouider, Hocine, comme beaucoup de jeunes à l?époque de la Deuxième Guerre mondiale où rien n?était facile, a longtemps hésité avant d?opter à 17 ans pour la boxe. Sa chance, c?est d?avoir eu comme initiateur et premier entraîneur l?inoubliable formateur Bariba à la salle du stade Magenta. Très vite, Khalfi se fait un nom en prenant le meilleur sur plusieurs adversaires pourtant plus expérimentés, ce qui lui permet d?affronter et de vaincre le champion en titre Benaglia. Cela s?est passé à la salle des magasins généraux, au Plateau St-Michel. Très humblement, et en dépit de la portée de cette victoire, Hocine dira, laconiquement, «J?ai boxé Benaglia». Les longues et harassantes séances d?entraînement effectuées à la salle Benamou (située place du 1er Novembre), avaient fini par payer. La suite s?enclenche tout naturellement : champion d?Algérie à Alger en 1945 dans les poids plumes, il échoue pour le titre nord-africain face à un Marocain à Casablanca. Il y a lieu de préciser que lors de son sacre national, Hocine reçut les «gants d?or», trophée du meilleur boxeur. A 18 ans, il est à Paris sous la houlette de Peyrissac et livre ses premiers combats au «Central», mais également en province. L?année suivante, en 1947, il passe chez le manager Peyrissac pour une période de sept ans, soit jusqu?en 1954. A 19 ans, son entraîneur lui déniche un emploi à la Maison Renault. Plus serein, il progresse très vite et les succès suivent tout naturellement. Vainqueur de la ceinture « Le Populaire », champion de l?Ile-de-France, il est demi-finaliste du Championnat de France, mais s?incline devant Auguste Caulet que Hocine considère, avec Herbillon, comme un rude adversaire, tant chez les amateurs que chez les pros. Devenu professionnel à 20 ans, il remporte 23 combats consécutifs avant de s?incliner devant le Danois Johanson, à Copenhague. Pendant cinq ans, il livrera des combats, en France, en Angleterre, en Italie, en Belgique, en Suisse, à Tunis, Alger, Casablanca et Oran où il prend sa revanche sur Caulet. Et là, relevons une anomalie assez fréquente en boxe, à savoir qu?il lui faudra attendre fin 1953 pour disputer et gagner une demi-finale de Championnat de France alors que des adversaires qu?il a battus, tels Bonnardel, Carrara, Dumesnil et Herbillon, ont eu leur chance avant Khalfi. C?est à cette époque que le fameux Bretonnel (Monsieur Jean pour tout le monde) s?arrange avec Pennanerch et l?engage dans son équipe. C?est le véritable départ de sa carrière professionnelle. Bretonnel emmène avec lui Khalfi, Royer Drecy et Pierre Langlois considéré comme la vedette de ce team français, à la conquête de l?Amérique. Effectivement, les meilleurs boxeurs américains leur sont proposés. Hocine, s?incline de justesse aux points devant le Californien Andrade, troisième poids léger de la hiérarchie US. Mais, le 17 mai 1954, à la Saint-Nicolas Arena, Khalfi bat le champion du monde Sandy Saddler, mais, malheureusement, le titre n?était pas en jeu. Ce combat est commenté par ailleurs dans cette page. Khalfi allait vivre d?autres grands moments, comme ce combat contre l?Italien Dullio Loi à Milan. Là encore, le titre n?était pas en jeu, mais on précisera que ce fut une confrontation de toute beauté, entre deux stylistes à la boxe raffinée et à laquelle assistèrent des Oranais qui avaient affrété un avion spécial pour rallier Milan à partir d?Oran. C?est que l?Italien, surnommé le «félin de Milan », était un authentique champion du monde.LA BROUILLE
Posté Le : 08/01/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Adjal Lahouari
Source : www.lequotidien-oran.com