Alger - Traditions orales

Histoire du proverbe populaire : "Bint el-qaâ ou el-baâ wal-khalkhal marbaâ" (La fille de la terre et de l'aisance, et les bracelets chevillés)



Histoire du proverbe populaire :
Il était une fois une famille de la Casbah qui arrangea le mariage de leur fils avec une jeune fille issue d’une famille aisée de la Mitidja, plus précisément de Fahs, une région réputée pour être habitée par des descendants andalous d’Oued El-Roman, en dehors des murs de la Casbah. Une fois le mariage célébré, la jeune mariée s'installa chez sa belle-famille.

Cependant, les membres de sa belle-famille, en la considérant comme une "fille des champs," commencèrent à la critiquer subtilement, la jugeant inférieure en raison de ses origines rurales. Elle les remarqua et leur répondit avec fierté et assurance :

"Je suis la fille de la terre et de l'aisance, et mes bracelets chevillent mes pieds par paires. Ma bague résonne lorsqu’elle tombe, et la couronne qui orne ma tête est artisanale. Mon port et mes paroles révèlent ma nature noble. Je suis une fille de lignage et de noblesse ; mes cheveux atteignent le ciel, et mes mains sont ornées d’argent et d’or. Je suis la fille de la prestance et de l’élégance ; ma tenue parle de mon statut, mes paroles chantent en harmonie, et ma beauté se dévoile à tous ceux qui me regardent."

Tous se turent, surpris par sa réponse fière et noble. Sa belle-mère comprit alors le sens caché de ses paroles :

"Fille de la terre" signifiait que son père possédait de vastes terres où il cultivait des jasmins pour en faire du parfum.
"Fille de l'aisance" indiquait qu’il possédait des troupeaux de bovins, de moutons et de chèvres.
"Bracelets chevillés" signifiait qu’elle portait deux bracelets à chaque cheville.
"La bague au doigt" exprimait qu’elle était mariée et dévouée à son époux.
En réponse, la belle-mère lui rétorqua :

"Nous, nous sommes les filles de l'étroitesse et de la débrouillardise, avec nos richesses souvent éparpillées sur le chemin. Nos cœurs sont grands et accueillants, jamais étroits. Celui qui nous a planté une épine, nous lui planterons un jasmin, et celui qui nous a empoisonnées, vivra dans la rancœur éternelle. Les filles des nobles resteront des dames, et les autres demeureront leurs suiveuses. Même si elles étaient parées de tout l’argent de la terre et de l’or du passé, elles n’égaleront jamais les filles de Sidi Abderrahmane."

Ainsi se termine l'histoire de la belle-fille de Fahs et de la belle-mère de la Casbah, un conte du patrimoine algérien.


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