Alger - A la une

Taoufik Makhloufi vous a remonté le moral «malgré eux», «malgré nous» ' Alors il faut s'y accrocher, les bonnes nouvelles sont rares mis à part la petite hausse des cours pétroliers. La médaille de Makhloufi a été, sans surprise, orpheline. Comme tout ce qui se fait en Algérie, les réussites sont parfois individuelles, arrachées à l'adversité, elles ne sont jamais collectives. C'est que partout l'effort collectif pour progresser et s'améliorer passe par une «accumulation» encouragée de manière multiforme par l'action publique et sociale. Or, nous sommes dans un système réfractaire à l'accumulation et donc au progrès.
Le développement collectif est rendu impossible. A telle enseigne qu'on n'en finit pas de s'étonner de découvrir que l'Algérie a subi un terrible «désapprentissage». Ses enfants sont, à chaque fois, ramenés à une situation que leurs parents avaient dépassée. Cela vaut pour la politique comme pour le savoir ou le rapport à la religion. Le collectif empêché, les individualités n'émergent, mal, que dans l'exil ou dans la solitude interne. Les Algériens, face à un ordre réfractaire au changement qui profite à un petit nombre, sont privés de l'inestimable possibilité de pouvoir transmettre un savoir et une expérience. Ceux-là mêmes qui évitent aux enfants de faire les erreurs des parents ou de se perdre dans des méandres sans fin.
Les Algériens connaissent bien ce qui se passe dans le monde mais ils sont mis hors du monde. La seule manière d'y accéder étant de quitter le pays où un système - à l'inefficacité admise même par ceux qui le dirigent - continue d'imposer sa hautaine immobilité. Ici, on a du pétrole et l'argent du pétrole et on se passe volontiers de l'image que renvoient de nous les classements établis par les institutions internationales. On n'a que faire du Doing Business, n'est-ce pas, quand on peut faire du business en se plaçant dans les «carrefours» stratégiques de la rente ' Quant à Transparency International, ils peuvent radoter et classer comme ils veulent, notre caravane ne bougera pas, statique et fière !
L'Economist Intelligence Unit (The Economist) vient de donner le classement des villes les plus vivables et les moins vivables. Des journaux britanniques se lamentent qu'aucune ville de leur pays ne figure dans le top 50. Londres, qui nous a donné de fabuleux JO, n'est qu'à la 55ème place des villes où il fait bon vivre. Les Australiens sont les premiers avec 4 villes dans le top ten… Alger est dans la liste des villes les moins habitables. Cela ne consolera personne de savoir que la capitale du pays partage cette «qualité» avec Abidjan (Côte d'Ivoire), Téhéran (Iran), Douala (Cameroun), Tripoli (Libye), Karachi (Pakistan), Harare (Zimbabwe), Lagos (Nigeria), Port Moresby (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et Dhaka (Bangladesh). «L'habitabilité» qui est le contraire d'inhospitalité est un effet de l'existence ou non d'une «accumulation».
Sans faire le passéiste, Alger était «vivable», «habitable», il y a trente ans. Si elle l'est beaucoup moins aujourd'hui, c'est que de l'argent et des énergies sont allés en pure perte. Ce classement - comme d'autres - n'est pas du Coran, mais il nous donne des indications utiles. Qui nous désolent individuellement mais qui laissent imperturbable un système qui empêche la société d'exister en s'organisant et incite les individus à se chercher des lieux plus habitables. C'est une situation intenable.
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