Alger - A la une

Enterrée vivante, momifié assis



Enterrée vivante, momifié assis
On ne sait pas pourquoi ni qui a fait cette horrible chose, mais une femme a été enterrée vivante il y a trois jours, du côté de Bordj Menaïel, et n'a dû son salut qu'à ses gémissements qui ont alerté un passant. Elle, c'est elle, femme victime et survivante d'un horrible cauchemar. L'autre, c'est l'autre, c'est lui, celui que beaucoup attendent sans vraiment l'attendre, un homme quelque part matérialisé entre Sidi Fredj et Alger, momifié assis sur une chaise qui ne roule qu'à la force motrice de ses proches. On dit que la femme ne parle plus, choquée.On dit aussi que l'homme ne parle plus depuis un an, mais écrit. De brèves ou longues lettres, comme cette dernière où il fait porter une partie de la responsabilité de la crise à la presse, alors qu'aux dernières nouvelles, Saadani, par qui tout a commencé, n'est pas journaliste mais chanteur, percussionniste et accessoirement secrétaire général du parti que le grand homme lui-même préside. Déterré vivant pour l'occasion, l'invisible a encore oublié que c'est son absence qui crée de la déstabilisation.Dans ces angoisses croisées d'un pays qui n'arrête pas de mourir ou de faire semblant de vivre, la question de la survie est essentielle. Le régime va-t-il survivre au choc de la présidentielle et se métastaser pour parasiter un autre corps et y faire son nid à l'intérieur ' Ou, au contraire, va-t-il mourir de mort naturelle pour laisser place à un autre, plus jeune, plus aéré et moins malade ' Car celui que l'on croit mort depuis longtemps, enterré vivant à coups de prophéties et d'analyses, n'a pas encore révélé toutes ses capacités à déjouer la nécrose. Comme un organisme vivant, il mute, respire, s'adapte, transforme l'énergie environnante en sucre, ciment, blé et commissions, fait des petits ganglions et, aux dernières nouvelles, il n'est pas encore mort. Ses organes vitaux sont intacts, c'est-à-dire sa pompe à pétrole, ses services de sécurité lymphocytes et son cerveau reptilien.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)