Alger - Alger

En compagnie de Jaili Amadou Amal Maïssa Bey illumine le Sila



Publié le 17.11.2024 dans le Quotidien l’Expression
Très belle plume, la meilleure de sa génération sans doute, grande dame, Maïssa Bey a réussi à donner des couleurs au Salon.
Vendredi, le nombre de visiteurs au Salon international du livre d'Alger a explosé. Il s'agit sans doute d'une journée qui a enregistré le pic.
Les visiteurs ont eu du mal à circuler dans les allées ainsi qu'entre les rayons des livres dans les différents stands. Il était un peu prévisible que la journée de vendredi 15 novembre allait drainer une telle foule car il s'agit du dernier vendredi avant la clôture du Sila. Les autres journées, il n'était pas évident que les visiteurs potentiels qui sont travailleurs, étudiants ou lycéens puissent se libérer pour s'y rendre à moins d'habiter à Alger ou dans les environs. Côté auteurs, il y en a eu tellement!
L'une des plus belles plumes littéraires algériennes, à savoir Maïssa Bey a signé sa présence au Sila jeudi et vendredi. C'est le stand de la très exigeante maison d'édition Barzakh qui a accueilli Maïssa Bey laquelle a déclaré, en marge de sa séance de vente- dédicace que sa présence au Sila prouve qu'elle considère ce dernier comme un événement incontournable. Elle a ajouté: «Le Sila me permet de rencontrer mes lecteurs et mes lectrices et ceci est un bonheur». Maïssa Bey a, également, animé une conférence en compagnie de la romancière Jaili Amadou Amal dont le thème a été: «Les expériences romanesques».
L'écrivaine camerounaise qui a reçu plusieurs prix pour ses textes littéraires, salués par la critique, a profité de cette occasion pour revenir sur la naissance de sa passion pour l'écriture littéraire. Djaïli Amadou Amal a affirmé que c'est son amour pour la lecture qui a fini par engendrer son attachement à l'écriture. Mais ce n'est pas tout, a-t-elle ajouté. Car l'élément déclencheur en quelque sorte, s'identifie à ses conditions de vie très difficiles et la condition de la femme dans sa société et sa famille. Quand on la maria sans son consentement, elle traversa les plus durs moments de sa vie. Elle sombra carrément, raconte-t-elle. Elle n'avait que 17 ans quand les portes de cet enfer s'ouvrirent et que ce dernier l'engloutit. Elle frôla la mort plus d'une fois. Mais au moment où tout était noir devant elle, elle eut l'idée de prendre sa plume et d'écrire, Cet acte fut salvateur. Tout ce qui la tourmentait intérieurement sortit de ses tripes au fur et à mesure qu'elle écrivait. C'est à partir de là que son destin d'écrivaine commença à se dessiner. Elle se raconta et narra les malheurs des femmes de son entourage avec talent, profondeur et sincérité. Quant à Maïssa Bey, sa trajectoire diffère. Cette dernière a affirmé que l'écriture pour elle s'est manifestée un peu tardivement comme un besoin de s'extirper du silence imposé aux femmes, à elle. C'est du temps où elle était interne au lycée de Sidi Bel Abbès sa ville natale qu'elle a vu naître naitre en elle le désir d'écrire.
La lecture était évidemment sa seule occupation. Les livres étaient tout pour elle, en quelque sorte, sa vie. Elle lisait sans se rassasier. Mais à cette époque, elle n'est pas passée à l'acte d'écrire. Elle devint enseignante de français. Il a fallu beaucoup de temps pour que l'écriture vienne vers elle, c'est l'expression qu'elle utilisa. Quand la décennie noire survint, le déclic suivit. Maïssa Bey se mit alors à écrire des romans sans qu'à aucun moment elle ne pensa se faire un nom dans le domaine, encore moins se voir qualifier de grande écrivaine algérienne.
La rencontre a été riche en échanges. Le témoignage de l'écrivaine camerounaise a ému les présents dont certains se sont empressés à aller acheter son roman intitulé: Les impatientes, au stand des éditions El Kalima qui ont édité le livre en Algérie. Elle a reçu le prix Goncourt des Lycéens, le prix Orange du livre en Afrique et le prix de la meilleure auteure africaine en 2019.
Aomar MOHELLEBI



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